Revue hebdomadaire sur Internet Fusionne, dirige, écrit et correspond : Menassa 2003 NOUS
NE SAVONS PAS PARLER NOUS LE FAISONS EN PLUSIEURS LANGUES: INDIO
GRIS, EST LE PRODUIT D´UNE FUSION INDIO GRIS Nº 147 AÑO III ÉDITORIAL Donner
à un affect le soutien idéologique qui le soutient, c’est
transformer un sentiment. Aucun sentiment actuel ne pourrait être
soutenu comme sentiment en nous, si nous transformons nos modèles idéologiques. Aucun des sentiments que nous soutenons ni aucune de nos visions du monde ne pourraient être soutenues par nous si se rompent les relations humaines qui soutiennent ses sentiments ou ces opinions. Claire
Deloupy récite Menassa en français ELLE C’était
septembre dans ma ville Ancrer
n’avait pas été facile. Ton
corps conservait inaltérable sa
peau obscurcie à cause des vents et
des poissons mangés sous le soleil. Étendue ta
peau avait la
longitude de mon regard. Comme
un présage ou
comme quelque chose plus terrible encore qu’un présage tu
repliais ta peau comme
on replie quelques filets marins avec
les mouvements précis les
cris nécessaires. L’unique
chose démesurée tes
yeux exorbités par le plaisir. Ton
regard de folle. CHÉRIE : Je
suis réellement préoccupé par
les réalités qui m’angoissent comme si c’était des rêves. Embaumé
dans mes vieilles-jeunes conclusions, je ne suis pas arrivé très loin.
C’est pour ça que je t’écris dans la tentative intéressante de me
consacrer à autre chose. C’est attendrissant comme je me vois mourir
d’angoisse pour la douleur des autres, tout semble incroyable. Il
n’y a que moi qui croie en moi, c’est comme galoper en arrière, tôt
ou tard on arrive à l’enfance. Le
vent et la tendresse se ressemblent, me disait mon père et je ne l’ai
jamais compris; les jasmins sont violents et blancs à la fois, et bien
sûr, je comprenais encore moins. Clairs les yeux qui ne trouvent pas d’autres yeux où se regarder, c’est-à-dire, que certains yeux chantent ne doit pas être l’attribut de tous les yeux et de toutes les voix. Un
souvenir sain est celui qui me brise le cœur. Moi naissant de nouveau
et tout le monde fêtant le début de la pire guerre dont ait souffert
l’humanité.
Je
comprends de moins en moins ce qui concerne la femme. Elle, elle me dit : -Je suis une
esclave. Et moi je lui réponds : -C’est terrible! à l’époque des voyages spatiaux. -Et ça ce n’est rien, docteur, dit-elle pour terminer, quand ça m’arrive de tomber amoureuse d’un homme je ne peux jamais plus être moi-même.
Je m’allongeais
ouverte sur le crépuscule,
Laissons
nos vies sortir à la rue libérées d’elles-mêmes.
L’homme n’insiste pas, il ne frappe pas
à la porte, c’est la vie en général qui insiste dans ce qu’elle
dit dire, dans ce que me font les mots quand ils se conjuguent avec les
mots d’un autre. Je pardonne, je pardonne tout. Je revis. Je moissonne et, tandis que je moissonne
les semailles antérieures, je pense ce qui devra être mes dernières
semailles. Annuler la pensée magique pour additionner des décisions
les allègent toutes beaucoup. Si je sème durant dix ans et
qu’ensuite j’attends dix ans pour que tout grandisse c’est déjà
vingt ans, j’ai déjà quatre-vingt deux ans, je ne sais pas si là
j’aurai envie de planter quelque chose ou si je préfèrerai vivre de
ce qui a été planté jusque là, en vérité, je ne le sais pas. Indio Gris |