Revue hebdomadaire sur Internet Indio Gris
Nº 99 An 2001 , JEUDI 18 AVRIL

Fusionne, dirige, écrit et correspond : Menassa 2002

NOUS NE SAVONS PAS PARLER NOUS LE FAISONS EN PLUSIEURS LANGUES:
ESPAGNOL, FRANÇAIS, ANGLAIS, ALLEMAND 
ARABE, PORTUGAIS, ITALIEN, CATALAN

En las cumbres aladas

INDIO GRIS, EST LE PRODUIT D´UNE FUSION
L´ÉCLAT DU GRIS 
ET 
EL INDIO DEL JARAMA
LA FUSION AYANT LE PLUS DE FUTUR DU 
XXIe SIÈCLE

Indio Gris


INDIO GRIS Nº 99

AÑO II

ÉDITORIAL

ENTRETIEN AVEC LE POÈTE MIGUEL OSCAR MENASSA

Dimanche,14 avril 2002

Carmen Salamanca :  Voyons, Menassa.

Miguel Oscar Menassa:  Oui, mademoiselle. Comment allez-vous ?

CS : Bien. Bonjour.

MOM : Bonjour, princesse de la nuit. Comment allez-vous ?

CS : « Ma pomme perdue habite dans tes ténèbres ».

J’ai lu votre livre que nous présentons mardi prochain, Monologue entre la vache et le moribond. Bon, en réalité mardi passé, parce que cet entretien sort le jeudi.

MOM : Bon, mais nous, nous la faisons maintenant. On ne va pas non plus tromper les gens.

CS : Mardi prochain, alors.

MOM : On ne va pas dire aux gens qu’on l’a fait le jeudi, directement par Internet.

CS : Non…

MOM : Nous la faisons les dimanches. Nous ne dormons pas pour que le peuple espagnol ait des nouvelles toutes fraîches.

CS : Il y a une phrase qui se répète dans ces deux livres que nous allons présenter : « Le silence des peuples est le début de la destruction ». Cette phrase est dans les deux livres, dans « Lettres à ma femme » et dans « Monologue entre la vache et le moribond ».

MOM : Peut-être que ce dont je parle avec vous sert au monde (ça explicitez- le bien dans l’entretien), mais moi, quand je dis le monde, je parle du Grupo Cero. Quand je dis que mes vers sont les meilleurs du monde, je dis : « Dans le Grupo Cero il n’y a pas de poète qui atteigne la dimension que moi j’atteins avec mes vers ». Dans le monde…Personne ne connaît le monde et en plus, les nouvelles que nous connaissons du monde sont toutes des mensonges, elles sont toutes arrangées. Vous ne voyez pas que les journalistes espagnols ne comprennent rien. Un imbécile leur refile une nouvelle information et eux, ils la passent. Ça a déjà été le cas dans l’affaire de Felipe González  et maintenant, avec l’affaire de Chávez. On ne sait pas encore si Chavez a renoncé ou pas et eux ils sont déjà en train de le  critiquer  comme dictateur depuis 48 heures. On ne peut pas faire ces choses-là.

CS : Il a repris le pays en main.

MOM : Chavez n’a pas demandé asile à Cuba parce que Fidel Castro a dit qu’il n’avait pas demandé asile à Cuba et il semble qu’ils veulent le restituer parce qu’ils veulent restituer la légalité. Alors moi je dis : personne n’a rien perçu ?

La parenthèse est seulement pour vous dire que quand je parle  du monde, je parle du monde Grupo Cero. En tout cas, si vous voulez, vous pouvez l’étendre, par exemple, au monde de la poésie, mais circonscrivez aussi, à la poésie en espagnol et aux mauvaises traductions auxquelles j’ai pu accéder. Quand je dis la psychanalyse c’est plus général, parce que la psychanalyse il n’y en a qu’une seule, tout le monde sait ce qu’est la psychanalyse, bien sûr, mais aussi, suivant les textes de Freud.

Pour qu’il ne se passe pas ce qui se passe en ce moment,  je suis en train de vous expliquer que quand je vous dis : « Le silence des peuples est le commencement de leur destruction », je ne suis pas en train de parler de la Chine Communiste ni des États- Unis. Je  parle du monde que je suis en train d’étudier. Je dis « Le silences des peuples et le commencement de leur destruction » en pensant à toutes les communautés psychanalytiques qui, pour taire  des affaires génitales -je le dis comme ça pour que l’on comprenne- affaires de l’animal chez l’homme, pour taire cela et pour taire les questions de l’argent, ils se sont dégradés jusqu’à abandonner le champ psychanalytique, voilà ce que je dis.

Mais il est vrai aussi, malgré la récente intervention, il est vrai aussi qu’un peuple, comme le peuple argentin par exemple qui est resté en silence pendant tant d’années, veut maintenant parler et ne peut pas, il est partiellement détruit, partiellement détérioré, le silence détériore un peu.

Quand je suis arrivé en Espagne en 1975-76, le peuple espagnol souffrait de ça. Je sais que le cerveau que le cerveau a différentes fonctions et que les mots s’unissent les uns aux autres indistinctement, mais, quand je suis arrivé en Espagne, le peuple espagnol parlait avec 200 mots, c’est-à-dire qu’il était en état de faiblesse mentale. Le silence des peuples -et sans dire que cela signifie inconscient collectif- est le commencement de sa propre destruction, détérioration mentale, détérioration nerveuse, détérioration sexuelle, détérioration de l’imagination et fondamentalement annulation du processus symbolique ; la question est toute imaginaire, alors l’unique chose que je veux c’est éliminer l’autre, mais comme l’autre est plus fort, c’est un dictateur, je reste tranquille, je me lave les mains.

Alors, le monde est le monde que je contrôle. Nous avons eu aussi 3 ou 4 séances de politique où nous parlions de choses et d’autres. Moi, évidemment  je n’explore pas ces domaines, mais c’est faux aussi parce qu’une école de psychanalyse qui n’a pas, non pas une juste conception politique, mais une claire conception politique référée non seulement à la politique psychanalytique mais à la politique économique, je ne sais pas si c’est une école de psychanalyse.

De toutes les critiques qui ont été faites sur les reportages, la seule que j’accepte clairement est pourquoi nous nous occupons seulement de la politique espagnole, pourquoi nous ne nous occupons pas de la politique argentine…évidemment, mais alors, je me consacrerais à la politique, et je devrais  abandonner les choses que je fais.

Ce que je veux dire  c’est que, quand quelqu’un se sentira aussi brillant que moi, aussi perspicace que moi pour faire un commentaire que je n’ai pas fait, il peut le faire et nous, nous le publions. Voilà.

CS : Ce livre, Monologue entre la vache et le moribond, semble une conversation entre le poète, le psychanalyste, l’homme, les diverses fonctions qu’il remplit, ou les divers lieux par lesquels passe l’écrivain. Comment est cette cohabitation ? Comment est cet être-non être [n.t :  «  être » est utilisé ici plus  dans le sens de la « localisation » que  de l’ « essence » la langue espagnole disposant de  deux verbes : « estar » et « ser »].  Je veux dire qu’il y a un moment où le psychanalyste dit au poète : «  Moi aussi je suis écrivain, pas seulement vous ».

MOM : Bien sûr, mais quand il lui précise qu’il est écrivain, il lui dit déjà qu’il est acheté, qu’il est payé pour quelque chose, ou pour une idée, ou par un état ou par une institution, par contre le poète est un chanteur sans maître.

Quand j’écris  ces textes de psychanalyse je suis déjà acheté. Pour quoi ? Pour mes connaissances psychanalytiques, parce que je suis le Directeur d’une École de Psychanalyse, parce que tout le monde attend que je dise comment j’ai compris les textes, ou comment j’ai écouté ou comment j’ai produit, ou quelle a été ma lecture productive. Par contre le poète, pardonnez-moi, le poète est comme une femme, qui apparemment est liée mais allait savoir à quoi est liée une femme. Moi je suis sûr que la poésie et la police sont liées à quelque chose, mais allez savoir à quoi elles sont liées, parce que si la police était liée à la loi nous vivrions beaucoup mieux. Et ça nous plairait aussi beaucoup que la poésie soit vraiment liée à la liberté.

CS : « La vie était pour le poète ses paroles écrites ».

MOM : Oui, bien sûr parce que celui qui croit que sa vie est la vie vécue… dire que c’est un imbécile ou un fou c’est insulter plus de la moitié de l’humanité. Si la dernière fois nous nous plaignions que seule la moitié de l’humanité a de quoi manger, maintenant nous pourrions dire que 98% de l’humanité se rend difficilement compte avant de mourir qu’elle est mortelle.

 CS : « En principe tout le monde aura sa vérité, ensuite ils apprendront à mentir : vivre en sachant qu’ils vont mourir mais comme si cela n’allait jamais arriver, voilà l’unique charme de la vie ».

 MOM : Le type dit que c’est l’unique charme de la vie parce que nous sommes  une espèce mortelle, nous provenons de sexes, masculin et féminin, de mâle et femelle. Toutes les espèces.

 Je vous dis comment ce pauvre imbécile d’homme réfléchit parfois sans réfléchir. Les espèces qui se reproduisent par mâle et femelle sont mortelles, c’est pour ça qu’elles se reproduisent, pour maintenir l’espèce, mais, bien sûr, on préfère être né d’une citrouille. Il est dégradé, il est né d’une citrouille, il n’est pas né d’un homme et d’une femme, mais mieux vaut être dégradé et immortel, dit le type, que gradé mortel.

 CS : Mieux vaut un dégradé mortel qu’un gradé immortel.

 MOM : J’ai l’impression que vous me l’avez placé juste à l’envers, ensuite nous allons voir une fois enregistré . Il me semble que c’est  juste à l’envers.

 CS : Il me semble que ça a à voir avec le métier de poète, là où il est dit : « sachant qu’il va mourir, vivre comme si cela n’allait jamais arriver, ça c’est l’unique charme de la vie ».

 MOM : J’ai fait un dernier poème, dans un livre de poésie que va publier maintenant l’estimée, agréable, luxurieuse, intelligente maison d’éditions Grupo Cero .Dans un poème qui s’appelle « La poésie est venue et elle m’a dit » la poésie dit à l’homme, l’homme sait qu’il va mourir et peu lui importe, il sait que chaque amour le tue, et cependant il tombe amoureux, il sait que quand il écrit il meurt et cependant il écrit. Je ne sais pas si l’homme qui vit près du poète  le sait, mais le poète sait qu’il va mourir. Mais sa fonction est de raconter les choses pour quand ne sera pas là ; alors voyez comme il sait, c’est-à-dire que nous ne savons pas si l’homme qui accompagne le poète sait, mais le poète sait.

 AD : Savoir n’est pas savoir inconscient. Ce n’est pas celui qui sait consciemment, intellectuellement  qu’il va mourir qui est mortel. Craindre la mort c’est être immortel parce que tu es déjà passé par la mort. Comment tu vas la craindre si tu n’es pas passé par là.

 MOM : Voyons ce que tu as encore lu. Tu as déjà lu ce que tu vas mettre ?

 CS : J’ai quelques idées. Bon, oui. J’ai écris quelque chose mais ça ne me plaît pas.

 MOM : Ce que vous avez écrit ? Pourquoi ? Posez des questions  parce que sinon, à la fin, c’est moi qui vais finir par faire l’entretien.

 CS : « Je suis absolument convaincu que la vie peut seulement se vivre, personne ne peut penser sa vie ».

 MOM : Non…Parce que… demandez au psychanalyste…Celui qui pense sa vie c’est le névrosé obsessionnel. Et le pauvre ! Vous n’imaginez pas comment il souffre. La vie ne peux pas se penser. Comment va-t-on penser la vie ! C’est comme si quelqu’un disait : « Oui., moi je pense beaucoup quand je joue ».  On ne peut pas penser, il faut jouer.

 CS : Le moment de la pensée serait quand on écrit, quand le poète écrit.

 MOM : Je vous remercie de vouloir me normaliser mais c’est comme je vous le dis, on ne peut pas penser la vie, ni avant ni après ; ce que l’on pense c’est autre chose, ce sont des concepts, des notions.

 CS : Je suis d’accord, on ne peut pas penser la vie, la vie se vit, mais  quand ensuite l’écrivain écrit peut-être qu’il comprend ce qui s’est passé.

 MOM : Vous écrivez, vous l’avez dit. Quand l’écrivain écrit , il écrit. Et qu’est-ce qu’il a fait avec la vie ? Il l’a déréalisée, alors vous voyez qu’on ne peut pas penser la vie, on peut penser à l’écriture du poète qui croit qu’il vous raconte la vie mais ça c’est l’écriture du poète, ça c’est déjà le poème, c’est déjà l’essai…

 AD : De plus, si on peut seulement faire la vie, bien sûr qu’ensuite tu sais la vie que tu as faite, après l’avoir faite.

 MOM : Tu ne sauras qu’après, bien sûr. Ça c’est très important, quand un élève dit : « Quand je comprendrai ce que vous me donner je paierai ». Vous n’allez jamais comprendre ce que nous vous donnons si vous ne le payez pas avant. Voyons si vous pouvez connaître le goût de la laitue si vous ne payez pas au marchand de légumes ce que coûte la laitue, ou sans attendre quatre mois que la laitue grandisse. Il y a des choses que l’homme ne comprend qu’en les faisant et nous ne savons pas si c’est compréhension ou lecture de données.

 CS : Je me suis souvenue que Freud dit qu’il y a des concepts qu’on ne peut qu’apprendre, comprendre, en se psychanalysant.

 CS : C’était dans un travail où il dialogue avec un jeune imaginaire. Il arrive un moment où il lui dit : « Ce qui suit je ne peux pas vous l’expliquer parce que comme vous avez beaucoup de problèmes sexuels, si vous ne vous psychanalysez pas… ».

 AD : Ou si vous ne vous transformez pas pour le comprendre.

 MOM : Si vous n’opérez pas une transformation pour le comprendre vous ne pouvez pas le comprendre, parce que comprendre ce que je suis en train de vous expliquer est contre comment vous êtes, donc, ou vous changez ou les mécanismes du moi empêchent que vous écoutiez ce que je suis en train de vous dire.

 CS : « Avec la plume insensée des racontars je raconterai l’histoire, ce sera en vers, truquée, gauche  la position délicate de devoir assurer quelque chose ». Cette dernière phrase m’a beaucoup frappée, « dans la délicate situation de devoir assurer quelque chose ». L’histoire assure toujours.

 MOM : L’histoire assure pour celui qui va lire l’histoire, mais assurer est toujours quelque chose commercial, là le poète se réfère à ce que pour combattre contre les magouilles culturelles de Madrid, on devrait assure les choses, on devrait faire un peu comme eux. Le poète se résiste à être un d’entre eux. Il conclus plutôt que l’unique manière de changer une situation est de ne pas être comme eux, donc il est un peu handicapé. Mais, évidemment, un poète qui croit qu’il est handicapé parce qu’il croit qu’il n’est pas accepté culturellement est un peu bête. Je suis en train de parler de moi, parce que parfois ça m’arrive de dire : «  Personne ne m’aime » et cependant j’écris un poème par jour. Comment puis-je dire que personne ne m’aime ? La langue espagnole a un désir  de moi. Vous qui êtes si madrilène, parfois ça doit vous faire enrager que la langue espagnole ait plus de désir de moi que de vous.

 CS : C’est une question?

 MOM : C’est une boutade que je viens de lancer.

AD : Une interprétation.

MOM : Vous voulez gagner, ne vous découragez pas. « S’ils t’abattent cent fois, tu te relèves/dix, cent, cinq cents fois:/ tes chutes ne doivent plus êtres si violentes/ni non plus, par loi, ne doivent être si nombreuses. »

« Procède comme Dieu qui ne pleure jamais ;/ ou comme Lucifer, qui jamais ne récite ;/ ou comme le chêne, dont la grandeur/ est d’avoir besoin d’eau, et de ne pas l’implorer… »

Par exemple ce poète est un poète génial, mais je ne suis pas comme ça, je crois que la seule chose qu’il ne faut pas livrer c’est la poésie, ensuite il faut tout livrer. Parce que pour procéder comme Dieu qui ne pleure jamais nous devrions vivre dans un autre monde parce que le monde dans lequel nous vivons, au-delà du fait que nous pleurions ou ne pleurions pas, il y a des motifs pour pleurer, jusqu’à mille ou deux mille par jour au niveau du monde entier. Et ensuite, soit comme Lucifer qui ne prie jamais…Les peuples affamés, les peuples en guerre, les peuples torturés par les puissants, si tu ne les laisses pas prier tu ne les laisses pas demander pitié, parce que prier c’est demander pitié. Tu vois que c’est très difficile d’être comme Almafuerte ? Moi je suis plus conciliateur comme poète. Je crois aux transformation des sociétés.

CS : Et la transformation des sociétés passe par la transformation du sujet ?

MOM : Dit de cette manière ça semble mensonge.

CS : C’est une question.

MOM : Quand je dis que je crois, je ne dis pas comment. Je dis que je crois en la transformation des sociétés et des cultures parce que comme je le vois bien, nous n’avons pas toujours été dans le mode de production actuelle, que tout ça a changé petit à petit. L’unique chose que je veux dire c’est que c’est possible qu’ils ne nous donnent pas de liberté pour vivre, c’est possible qu’ils ne nous donnent pas de liberté pour manger, mais le poète a le charme de ne pas avoir besoin qu’on lui donne cette liberté pour écrire. Alors, je dis, comme les temps changent, comme le monde change…Vous vous m’avez tout de suite demandé comment. Je ne vous ai pas dit que j’allais le changer moi, je dis : ma pensée est que le monde est en train de se transformer, donc, je serais plus qu’un imbécile si je pense que la société actuelle va être la société définitive, humaine et la santé actuelle va être la santé définitive. Non, moi je pense correctement. ce qui se passe c’est que comme je ne sais pas, je n’ai aucune idée de comment on change cet état de choses. Tout d’abord j’essaie de changer moi, ensuite j’essaie de changer mes amis, ensuite j’essaie de changer mes ennemis, ensuite j’essaie d’écrire tout ce que je vois, je sens, je palpe parce qu’un génie que je ne suis sûrement pas comprendra ce qu’il nous arrivait. Je ne sais pas si je me suis bien expliqué.

Bon, si vous me faites plus de question je peux continuer à parler sur ce sujet qui est un sujet qui m’intéresse énormément. Parce que , comme je ne peux pas, alors je ne fais rien…C’est comme si nous voulions construire un groupe, comme nous le faisons avec le Grupo Cero et évidemment, chaque fois qu’entre  un membre pour la motif qu’il soit, il tire des bénéfices plus rapidement et plus que moi, bien sûr, alors moi je ressens de l’envie ou je ne ressens pas d’envie, je ressens de l’envie ou je veux le progrès de l’humanité, je ressens de l’envie ou je veux engendrer une manière de vivre plus commode que la manière actuelle. Bon, alors je dois supporter que chaque fois que quelqu’un s’approche, plein de critiques, plein de doutes et pleine de stupidités, malgré tout ça il va tirer plus de bénéfices que moi. Si je peux supporter ça, nous sommes dans le monde, nous sommes humains et un jour dans 2000 ou 3000 ans, ils diront : « Regardez ces gens ce qu’ils ont fait, alors qu’ils auraient pu garder  tout le poisson pour eux…»

AD : Alors la machine transformatrice doit être l’écriture.

MOM : Moi, je ne veux pas le dire comme ça, mais je crois que oui. Pourquoi je dis que l’écriture est la machine transformatrice ? Parce que je ne suis pas stupide, je ne vis pas comme j’écris, je vis comme ils ont écrit avant moi.

CS : « Je crois que ma vie est la vie d’un personnage littéraire, je ne peux pas beaucoup m’écarter de ça quand j’écris».

MOM : Le type est en train de penser à ces choses, vous ne voyez pas ce qu’il me fait. Le type savait déjà, quand il écrivait ça il savait déjà. Un personnage littéraire, regardez, voyons si un jour ça m’arrive : « Laissez-moi vous dire la vérité ». Vous ne me laissez pas, vous me dites : « Quelle vérité ! Vous êtes là, vous avez fait ça, vous avez publié tant de livres. » «  Non, moi je suis un  être complexé ». « Non, Menassa. Comment allez-vous être complexé ! Nous vous connaissons fort, vaillant ». Vous commencez à comprendre?

Il faut bien comprendre que nous sommes nous-mêmes l’écriture, il faut bien le comprendre parce que nous sommes véritablement l’écriture. Allez étudier le passé des poètes qui disent que leur père est tchécoslovaque et leur mère indienne. Si vous le faites vous allez vous rendre compte que très souvent ça n’a rien à voir avec la réalité matérielle, mais peut-être que souvent  ça a à voir avec une réalité. Quelle réalité ? La réalité de l’écriture, parce que cela fait que les choses s’engendrent de cette manière, telles qu’elles sont  en train de se dire, telles qu’elles sont  en train de s’écrire.

Qu’est-ce qu’il vous arrive Salamanca ? Vous êtes triste ? Vous voudriez me poser des questions sur le Moyen-Orient?

 CS : Je voudrais vous poser des questions, simplement.

MOM : Vous aimeriez travailler pour le monde ? Finalement, « El País » vous a engagée?

CS : C’était vous qu’ils devaient engager comme « avançologue » de nouvelles.

MOM : Moi j’ai réussi à être un homme totalement libre : ne m’aime ni celui à qui je donne à manger, ni celui à qui j’offre mes connaissances, ni celui qui vit de ma pensée, ni celui qui a appris à aimer près de moi. La vie du créateur est très intéressante. Parce qui va t’aimer s’il ne peut te posséder ? Je sais…On ne peut pas posséder les gens. Je sais…mais ils ont l’illusion de te posséder.

CS : Dimanche dernier je vous ai demandé qui étaient vos maîtres et vous l’avez encore répété : maître est celui qui a fait quelque chose avant moi.

MOM : Qui a fait quelque chose avant moi…

CS : Et mieux que moi.

MOM : Bon, le fait de l’avoir fait avant veut dire qu’il l’a mieux fait, à tel point que moi pour le surpasser je dois le prendre, je dois l’utiliser comme ferraille, comme matière première, si vous voulez.

CS : Il y a une chose très intéressante. Vous disiez aussi que l’écrivain ne sait rien de  ce qu’il écrit mais il est obligé de savoir quelque chose de ce qu’il lit.

MOM : C’est bien…Nous allons vous laisser créer tout ce que vous voulez mais quand vous lisez, vous devez savoir ce que vous lisez, parce que là vous allez nous montrer quelle position vous avez dans le monde. C’est bien…Nous, nous vous donnons la liberté, écrivez ce que vous écrivez, l’écriture ne peut se réprimer parce qu’il y a un aspect de l’homme qui est cette merde que vous avez écrite, mais ensuite vous devez démontrer que vous savez ce que vous lisez, parce que peut-être qu’en lisant vous aimez seulement ce qu’il y a de pauvre dans cette écriture. Il y a beaucoup d’écrivains comme ça. Regardez, si vous vous levez un matin et vous ouvrez les yeux, l’Espagne est pleine d’écrivains comme ça. Par exemple, Paco Umbral…Nous allons lui pardonnez les stupidités qu’il écrit, mais il lit très mal, il comprend tout à l’envers. Ou ceux de l’École de Lettres qui croient que les gens naissent poètes, ils lisent très mal, ça c’est une lecture. Ils écrivent, ils écrivent un tas de bêtises, ils sont en train de dire qu’être écrivain est noble, être écrivain c’est être comme un roi, si tu ne naît pas dans la maison d’un roi tu n’es pas prince.

CS : Bien sûr…Là, ça peut être aussi idéologie, mais il y a des questions idéologiques au milieu.

MOM : Comment dites-vous?

CS : Je veux dire que cette manière de pensée a des implications économiques aussi, de marché; plus il y a d’écrivains moins gagnent ceux qui sont là…

MOM : Les écrivains ne gagnent rien.

CS : Bon, les maisons d’édition.

MOM : Oui, ça peut être pour ça. Nous n’avons pas du tout grandi, nous n’avons même pas dépassé l’ancienne Égypte. Dans l’ancienne Égypte il y avait une langue parlée qui était celle que parlait le peuple et il y  avait une langue écrite que seuls comprenaient les puissants. Pourquoi je dis les puissants ? Parce que toutes les transactions commerciales se faisaient dans la langue écrite, donc le peuple ne pouvait pas faire de transactions commerciales. Nous continuons à vivre comme ça.

Nos écrivains sont encore Romains –que faire !- ou Grecs –c’est plus ou moins la même chose. Les uns se saoulaient directement et les autres se saoulaient un petit peu plus tard parce qu’on mettait de l’eau dans leur vin.

  CS : Alors la vie n’a pas de sens.

 MON : Bon…Si vous voulez le dire d’une manière  plus douce, la vie a cinq mille millions de sens. La vie est comme le désir inconscient, elle n’a pas d’objet. Pourquoi ? Parce que tout animal qui marche est objet du désir. Qu’il n’a pas d’objet veut dire  que comme ci ou comme ça, c’est tout pareil. Et ça c’est la vie du sujet.

Bon…Les films se chargent de nous montrer que la vie est la vie de celui qui est décent, travailleur, ou la vie est la vie du riche ou la vie est la vie du pauvre, c’est aussi la vie du délinquant. Si vous pensez un petit peu, vous aurez sans doute pleuré en regardant un film bien fait quand on tuait l’assassin ou qu’on arrêtait le délinquant ou la méchante prostituée qui trompait tout le monde. Elle mourait à la fin et vous voilà toute en larmes. Bon, si quelqu’un a pleuré quand est mort l’assassin ça veut dire qu’ils veulent nous faire croire que tout le monde a des sentiments, que toutes les vies sont des vies, que l’assassin aime sa mère.

 CS : Nous avons tous un assassin en nous.

 MOM : Ça, moi je ne le dirais pas, mais bien sûr, après 35 ans d’analyse.

 Une victime non plus parce que je suis en train de me rendre compte que si on accepte les compétitions où l’on gagne, on accepte de perdre. On ne devrait pas participer des compétitions où on gagne et on perd. C‘est-à-dire que si j’accepte que tout homme a un assassin, j’accepte aussi que tout homme ait une victime, et moi, je suis en désaccord avec ça, en sortant de cette dialectique. Parce que, voyons Menassa, vous êtes prolétaire ou bourgeois ? pourrait me demander un marxiste que je connais depuis l’enfance, et moi je dirais ni l’un ni l’autre, moi je suis extraterrestre. Et à mon avis, ma réponse est une réponse marxiste. quand quelqu’un me demande, prolétaire ou bourgeois ? si  je lui répondais « moi, je ne suis ni une chose ni l’autre,  je suis extraterrestre » cette réponse serait une réponse marxiste.

 AD : Avec la folie et la raison non plus… on ne peut pas s’approprier  la santé…

 CS : Et sur la politique…Aucun commentaire ?

 MOM : C’est que vous savez ce qu’il se passe. Parfois les nouvelles me font tant de mal que je m’en désintéresse un peu, alors aidez-moi un peu. Rien de rien… vous n’avez même pas lu les journaux.

Vous voulez que je vous dise à quel point les journalistes sont ridicules. Aujourd’hui ils disent dans « El País » : « L’Argentine ne cesse de tomber dans l’abîme ». Mais ce que je veux dire  c’est que pour savoir comment est l’Argentine pourquoi ne demandent-ils pas à l’opposition. Et pourquoi on ne demande pas à Zapatero comment va l’Espagne ? Non, ça on le demande à Aznar, mais en Argentine on demande aux gens d’Alfonsin, qui sont ceux qui sont tombés…Il faut vraiment être mal intentionnés. Et en plus ils le mettent à la une des journaux. En réalité, à l’intérieur, ce que dit le président actuel c’est qu’en juillet ils vont sortir de cette situation. Je ne sais pas pourquoi il le dit. Ça ne m’intéresse pas que l’Argentine ait raison, je dis comment est le journalisme. Ils critiquent le journalisme jaune, mais les journalistes jaunes, en fait, c’est eux…

Moi je suis sûr que ce reportage peut avoir dix titres meilleurs que ceux qu’ils ont mis. Pourquoi ils ont mis celui-là ? Ou c’est justement là qu’ils deviennent incultes ? non…C’est qu’ils ont envie de nous les gonfler.

Amelia Díez ne semblait pas surprise aujourd’hui que dans la pièce de théâtre Les bonnes ont finissent par crier « Argentine ». « Les bonnes » de Genet.

 Public : C’est un châtiment d’exiler les gens en Argentine et on parle d’aller en Afghanistan, l’Argentine c’est pire que l’Afghanistan.

 MOM : Tu ne t’es pas rendu compte que depuis que s’est amplifiée la crise économique argentine la publicité avec des Argentins a augmenté en Espagne ?

 CS : Un tas d’annonces.

 MOM : C’est-à-dire que ce que nous sommes en train de comprendre c’est que tous nous voulons gagner un peu plus, mais que nous voulions tous aider notre prochain…ça c’est une autre histoire ; mais on sait que tout le monde veut gagner un peu plus et qu’on profite de n’importe quelle situation pour gagner plus d’argent. Moi je crois que si la vente de journaux baisse c’est parce que les gens ne s’intéressent pas à la politique nationale et que le football a cessé de les intéresser. Je crois que 100 % des journalistes se réjouiraient si une guerre commençait, uniquement parce que la vente des journaux augmenterait. Nous sommes dans cette situation.

CS : Je me rends compte que dans ses dernières statistiques El País disait : Le journal El País est le seul dont les ventes augmentent , mais il faut dire qu’ils viennent de sortir une promotion des billets de la pésète (et je sais qu’une grande partie de la population est en train d’en faire la collection)et là, ils en ont profité pour dire que la vente augmentait, ils ont attendu un certain temps et ils l’ont sortie de nouveau. Ils utilisent des trucs.

MOM : Des trucs…vous êtes gentille !

El País devrait faire plus attention parce que c’est le journal qui est né avec la démocratie, alors il devrait toujours avoir cette mentalité, dans n’importe quelle circonstance, et il est en train de le perdre, il l’a déjà perdu.

Maintenant ils veulent résoudre le problème qu’ils ont avec Aznar, avec les Populaires. Ils ont voulu punir Felipe González parce qu’il s’est mal comporté... La vérité c’est qu’ils ont été baisé par Felipe González  avant, avec l’histoire de l’Ordre des Médecins. Au tout début, il y a eu un litige entre l’Ordre des Médecins et le journal « El País ». C’est l’Ordre des Médecins qui a gagné.  Moi, je crois que certains plans nationaux de médecine qui semblaient incompréhensibles ont été voté parce qu’ils étaient fâchés contre l’Ordre des Médecins. Considérant que la presse était le quatrième pouvoir, ils s’étaient transformés, pour un instant, en cinquième pouvoir.

Un scandale généralisé pour montrer ce qu’a été le XX siècle,  la pauvreté est arrivée jusqu’à la richesse.

Il y eut une époque, un temps de ma vie
où tout était possible pour mes ambitions.
Il y eut un âge. Il y eut un âge d’or massif,
où l’amour et l’argent  provenant de Dieu
                             /étaient une même chose ,

Moi, j’avais coutume de m’étendre sur les orques diaphanes
et je rencontrais des vagabonds, des gens de mauvaise vie,
j’avais la beauté que donne l’oisiveté et la joie
et quelques curieux embrassaient mes lèvres et buvaient de l’alcool.

Une époque, un âge, aujourd’hui encore je me souviens de tout.
Une femme accrochée à mes épaules et une autre femme
se laissant glisser sur mes rêves les plus luxurieux.

Une femme et une autre femme et, encore, la nuit désespérée.
Et une autre femme brandissant, comme un écu, mon sexe,
sourire illuminé, ardente tempête assoiffée.

MON CHÉRI:

Je me sens grandir à des vitesses supersoniques et cela, précisément, je dois le dire, me saisit.

Oui, moi aussi j’ai été la pire, l’inamovible roche déguisée en animal assoiffé, celle qui ne changerait jamais, ton plus grand échec.

La pointe des pieds sur de futures intentions, je vois tomber des pensées desséchées, des coques vides qui ont modelé, à coups de silence, mon regard.

Jusqu’à présent, j’ai traîné des volonté autres, des augures fermes pour mes pas, des chaînes ataviques aux bras.

J’imagine pour le futur une femme mûre, sereine, bien plus sage. Le corps modelé rondement par l’expérience, trace du vécu fait écriture.

Une femme intensément attirante, femelle en tous points, qui a acheté sa liberté parce qu’elle en a compris le prix :

Renoncer au trône, s’enchaîner au travail.

J’imagine ton regard plein d’orgueil, quand on me décernera la prix à la Femme Chef d’Entreprise de l’année.

Ce à quoi je ne vais pas renoncer c’est à continuer à t’aimer. Et peu m’importe si tout ce que je ferai sera pour être digne de ton amour.

Et ne me dis pas que j’ai déjà ton amour…

AULA CERO de FRANÇAIS

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Elle dit qu’elle se repentit de s’être améliorée. Ensuite il y a eu une demi-heure de silence, où j’ai pensé qu’elle doutait de tout quand elle ne voulait pas douter d’elle.

Elle, pour conclure, a ajouté:

-Comme la vie sur le divan est difficile! C’est terrible!

-Nous continuons la prochaine fois.    

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Elle dort au pied du matelas  qui est par terre et qui sert de lit. Ça m’excite de la voir là, endormie et je crois qu’elle ne dort pas.

Je ferme les yeux à demi et je la vois nue. Je fais désespérément des comptes et je me promets que la semaine prochaine j’étudierai toute la semaine. Je touche son corps endormi et je me décide à attendre qu’elle soit deux. Cependant, j’adapte lentement la lumière à la semi-pénombre et mon coeur commence à battre. Oh! luciole éblouie par elle-même!

J’en suis arrivé à penser que c’était une impertinance de la réveiller et cette pensée, bien qu’elle m’ait plus excité encore, m’a permis de continuer à écrire.

Qu’en pensez-vous ?

Pornographie ou  Érotisme

Jusqu’à aujourd’hui les votes ont été les suivants :  

Pornographie : 170.000   Érotisme : 300.0000

 

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TRAITEMENT DE COUPLES

ATELIER DE LITTÉRATURE ÉROTIQUE

Miguel Martínez Fondón
Psicoanalista

Coordinateur:
Miguel Oscar Menassa

SUR RENDEZ-VOUS :
 
91 682 18 95
GETAFE (MADRID)

91 758 19 40  (MADRID)

 

 UN PEU DE POLITIQUE AU RAMASSAGE D´ORDURES 

1

Gagner de l’argent. Dépenser de l’argent. Ce sont des aspects du même drame. Quelqu’un qui finit par donner sa vie pour de l’argent. En définitive, un travailleur.

2

Les relations sexuelles n’existent pas. Cependant, dans les sociétés capitalistes, les relations sexuelles ont la consistance de l’argent, cette existence.

LETTRES DU DIRECTEUR 

JE DOIS LE DIRE : je suis un écrivain, le reste à été pure recherche.

M’être marié deux fois, avoir eu six enfants, avoir étudié la médecine, continuer à exercer encore cette discipline après plus de 30 ans, fait partie de la culture générale que devraient avoir tous les écrivains.

Quant à la peinture, à certaines pratiques sexuelles extravagantes, le jeu et certaines inclinaisons révolutionnaires, voir était tout, laisser en moi des marques  d’écriture était tout.

Moi, je devrais être fait tout entier de nouveau et ça, c’est ce qui c’était passé, ce qui était en train de se passer.

Indio Gris


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PLEURS DE L’EXIL

Auteur:
Miguel Oscar Menassa
75 pages
18 €, $ 20.00 
Cette publication contient treize planches avec
quelques-uns des meilleurs tableaux de l’œuvre
de Miguel Oscar Menassa.  

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