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         Revue hebdomadaire sur Internet Fusionne, dirige, écrit et correspond : Menassa 2002 NOUS
NE SAVONS PAS PARLER NOUS LE FAISONS EN PLUSIEURS LANGUES: INDIO
GRIS, EST LE PRODUIT D´UNE FUSION INDIO GRIS Nº 98 AÑO II ÉDITORIAL ENTRETIEN
        AVEC LE POÈTE MIGUEL OSCAR MENASSA
        Carmen Salamanca: Parlez-nous de vos débuts en peinture. Comment vous avez commencé à peindre? Pourquoi? Miguel
        Oscar Menassa: 
        J’ai commencé à peindre comme tout le monde, quand j’étais
        très petit, quand j’ai été en contact avec mon propre caca, comme
        ça arrive à tous le monde, mais ensuite j’ai eu comme une…Ne
        voyez-vous pas que maintenant je peins avec des gants parce que je
        n’ai pas pu surpasser…Et ensuite, la vérité, j’ai peint mon
        premier tableau à l’huile ici en Espagne. Je suis un peintre de
        l’exil, non pas parce que je représente un exilé mais parce que je
        me suis exilé et qu’ensuite j’ai commencé à peindre. Donc, si
        quelqu’un veut peindre, je lui conseille de s’exiler, c’est très
        simple, moi je veux le bien de l’humanité et comme l’exil m’a
        fait du bien. Ensuite,
        en parlant un peu de tout, Rodolfo Alonso, un poète très important
        pour moi, très respecté et très aimé, en est arrivé à se demander
        sérieusement si j’aurais écrit comme j’écris si j’étais resté
        dans mon pays, si j’aurais peint. Peut-être que cet homme a raison. Je
        veux dire que je suis reconnaissant à la dictature argentine 
        de m’avoir jeté de mon pays, parce que de cette manière,
        suivant des sources très, très cultivées et très intelligentes, ça
        m’a fait du bien, ça m’a fait souffrir mais…Ça a fait du bien à
        mon écriture, ça a fait du bien à ma peinture. Vive l’exil. CS :
        Vous vous êtes exilé, mais ici vous avez dû rencontrer quelqu’un
        qui vous a enseigné à faire vos premiers pas, ou vous avez commencé
        à peindre spontanément ? MOM :
        Je me suis levé un matin et j’ai dit : peintre, et je me suis
        mis à peindre. CS :
        Quels sont, à votre avis vos maîtres en peinture. MOM :
        Je ne veux pas vous mentir mais parcourez deux cents musées d’Europe,
        d’Afrique s’il y en a  un,
        d’Asie et d’Amérique et voilà mes maîtres. Vous comprenez ce que
        je vous dis ? C’est comme si je vous disais : j’ai un poète
        favori et je vous dis son nom. Je suis capable de vous dire un nom, mais
        si vous recherchez plus, en réalité il y a comme 2.000 poètes qui me
        plaisent. On est ingrat, c’est comme quand on se souvient de ses
        amours, on se souvient de deux ou trois, alors qu’on devrait se rendre
        compte que toutes les personne qui ont eu une relation avec nous ont
        collaboré à notre bonheur. Je
        prends le vert de vessie (en fait la vessie est blanche) ; c’est
        un vert qui, lorsqu’il est au naturel est presque noir. Je trace un
        plan incliné, je dessine une courbe comme si c’était une fesse qui
        ensuite va être un arbre et je trace une raie verticale comme ça, et
        voilà, je suis content parce que j’ai sali la toile. Vous comprenez
        pourquoi j’ai commencé à peindre ? J’ai commencé à peindre
        parce que si j’avais voulu me marier avec une vierge tous les jours,
        ma vie aurait été un scandale, j’aurais terminé dans un hospice,
        fou. Par contre, je m’assieds face à la toile blanche et cette
        virginité je la tache avec un désir, parce qu’en réalité un jour
        je choisis le vert, un autre jour je choisis le bleu…Vous comprenez ce
        que je vous dis ? Si vous ne me comprenez pas vous me dites que
        vous ne me comprenez pas. CS :
        Le hasard des combinaisons, je crois que cette phrase vous l’utiliser
        parfois pour parler de l’écriture. On pourrait l’appliquer aussi à
        la peinture ? MOM :
        Bon…Moi maintenant je pense que l’écriture je ne peux pas
        l’abandonner, parce que j’ai déjà un compromis social, mais dernièrement
        j’ai pensé l’abandonner, pour la peinture, bien sûr. Une personne
        qui a déjà écrit 3.000 poèmes ne peut pas abandonner la poésie.
        Vous comprenez ce que je vous dit ? Mais il est en train de surgir
        un intérêt poétique pour la peinture, ce que vous avez senti ce matin
        quand vous étiez en train de peindre ce tableau et que vous avez dit :
        « Ah ! j’associe enfin librement en peinture! » .Ça
        c’est possible parce que le mécanisme de production de la peinture
        est exactement le même que le mécanisme de production des poèmes. CS :
        Comment pourrait se résumer ce mécanisme de production de la peinture ?
        C’est comme dans les poèmes ? MOM :
        Dans les sens que c’est une production inconsciente qui n’a rien à
        voir avec la connaissance, qui a à voir avec le savoir. Peindre a à
        voir avec le savoir inconscient, c’est pour ça que quand vous me
        demandez. quels maîtres vous considérez en peinture ? Réellement
        il vous vient à la tête dix, quinze noms. Pour moi maîtres sont tous
        ceux qui ont fait quelque chose de meilleur que moi, avant moi, de tous
        ceux dont j’ai quelque chose à apprendre. Parce qu’il y a des poètes
        qui me plaisent plus que d’autres, mais le fait même de les qualifier
        de poète fait qu’on ait quelque chose à apprendre d’eux. CS :
        Alors, mélanger des couleurs c’est comme mélanger des mots. MOM :
        Les couleurs sont des signifiants, comme les mots, donc la combinaison
        est infinie. Par exemple, j’insiste sur le fait que la langue
        espagnole a un million de mots, que c’est une langue très riche et
        nous pourrions arriver à avoir la sexualité d’un million de mots.
        Dans l’ordinateur, j’ai regardé l’autre jour, il y a 1.300.000
        tons de couleurs. Toutes les langues n’ont pas un million de mots
        comme la langue espagnole. CS :
        Vous avez voulu dire que la peinture est un langage ou je vous ai mal
        compris. AD :
        Il y a seulement un langage. MOM :
        Comme écrire de la poésie. À vous, il vous est arrivé la même chose
        avec le tableau de ce matin, vous l’avez réalisé en sentant que vous
        associez librement en plus, c’est Miguel qui vous a choisi les
        couleurs, c’est-à-dire que vous n’avez même pas choisi les
        couleurs. CS :
        Moi qui suis élève de votre atelier, il y a deux ou trois tableaux, je
        sentais qu’avoir des idées était une prison, vouloir faire quelque
        chose, vouloir contrôler l’expérience était une prison. Nous
        avons parlé, disons, de la similitude entre la tâche d’écrire et la
        tâche de peindre, mais, quelle est la différence principale entre les
        deux tâches ? MOM :
        Ça c’est une question très générale à laquelle je ne peux pas répondre
        parce que je me tromperais sans doute. Moi je peux vous dire ce qui
        s’est passé avec moi, ce qui se passe avec moi. Je ne sais pas si
        c’est bien dit ainsi, mais je sens que j’ai plus de liberté avec la
        peinture. Moi, quand je peins, personne ne me poursuis, par contre quand
        j’écris plusieurs poètes me poursuivent, pour le dire d’une
        certaine manière. CS :
        Au début de votre peinture les mélanges de couleurs que vous faites
        semblent presque scandaleux, à cause de la liberté de choisir les
        couleurs. MOM :
        Je pense que la combinaison n’est pas toujours heureuse, bien que 
        cela ne veuille pas dire, qu’elles ne peuvent pas se combiner,
        avec un peu plus de travail, parfois tu obtiens ce que tu n’obtiens
        pas avec le simple mélange. Il y a une couleur qui est le « brun
        terre de Sienne brûlée» qui est une des couleurs qui me plaît le
        plus et qui me coûte le plus d’efforts à travailler. Je vois que
        quand les gens l’utilisent, le tableau se barbouille un peu. 
        Je n’ai pas ce problème  mais
        ça me coûte beaucoup de le travailler, par contre il y a des couleurs
        qui, si vous essayez, par exemple le rouge, le vert, avec un noir, vous
        faites comme ça et le tableau est fait. Avec ce vert ce n’est pas si
        facile, ça c’est un vert émeraude. CS :
        Qui dirige la main ? MOM :
        J’ai été sur le point de vous répondre, Dieu. En réalité je vous
        l’ai déjà dit, le système inconscient. Disons, que l’artiste que
        je suis sans savoir que je le suis, l’artiste que je suis inconnu de
        moi, celui-là. Moi je crois que l’art est réprimé dans les états,
        qu’avec toutes ces bêtises qu’ils disent sur l’art, que le poète
        ci, que l’écrivain ça, moi, il me semble que ce qu’ils font
        c’est réprimer l’accès à la création. Parce qu’il doit y avoir
        un savoir inconscient chez les créateurs de telle sorte que s’ils
        ouvrent la porte à la création, entrent cinq mille millions de
        personnes, personne ne perdrait la merveille de créer si nous ouvrons
        les portes de la création. Ce qu’il se passe c’est qu’elles sont
        un peu fermées, entre les états et les créateurs eux-mêmes qui se
        croient bénis par Dieu… CS :
        C’est-à-dire que la création est une possibilité de tout sujet. MOM :
        Oui, c’est une espèce de travail spécialisé avec un apprentissage
        et en utilisant les matières premières  appropriées, en étudiant un peu, en connaissant, en
        regardant, en ayant vu, comme dans la poésie. Si je connais la poésie
        qui s’est écrite jusqu’au moment où 
        j’arrive, c’est beaucoup plus facile de pouvoir écrire un
        bon poème que si je pense qu’il y a de la poésie dans mes tripes. 
         Avec
        la peinture il m’est arrivé la même chose qu’avec tout le reste,
        je sens qu’il y a beaucoup de crapules dans le monde, que tout le
        monde veut vivre de rien, de l’air, que tout le monde est
        super-exploité, que c’est très difficile qu’un artiste fasse de
        l’argent, que les poètes meurent dans les salles obscures des hôpitaux
        de l’état où ils sont mal soignés, je ne comprends pas pourquoi.
        Que de deux cents peintres de Madrid, il y en a plus ou moins deux pour
        qui les choses vont bien et le reste fait que les choses aillent bien
        pour les propriétaires des galeries. Je suis fatigué de lire le
        journal El País pour me chercher et chercher quelques-uns de mes
        compagnons, les grands poètes, mais en réalité.aucun
        n’apparaît. C’est comme ça que j’ai crée petit à petit mes
        propres moyens de diffusion, Las 2001 Noches, Extensión,
        Universitaria, El Indio Gris. Je pense qu’on doit peindre, vernir,
        encadrer, distribuer et vendre soi-même. Que sous aucun concept aucune
        autre personne que celles qui travaillent dans la conception d’un
        tableau ne doit gagner de l’argent : le peintre, la personne qui
        s’occupe de vernir, la personne qui s’occupe d’encadrer, la
        personne qui s’occupe de transporter, etc. Je m’imagine que nous
        allons y arriver, bien qu’évidemment je sois entouré de gens très
        modernes  qui me disent que
        si je sors de mon coin  les
        choses iront mieux pour moi que si je suis enfermé dans mon coin. Ce
        qu’il se passe c’est qu’enfermé dans mon coin je suis arrivé
        jusque là. Et ensuite ils exposent mes tableaux dans une galerie de
        Madrid et qui achète mes tableaux ? Les gens qui les achètent
        dans ma galerie ou la galerie de Madrid va m’amener des clients ?
        Donc mes clients achètent dans une galerie de Madrid pour que la
        galerie de Madrid touche le pourcentage… Non.
        Je préfère ne pas vendre, au lieu d’être préoccupé par l’héritage
        que je vous laisse. Quel héritage je vous laisse ? Je peins deux
        ou trois tableaux par semaine et je les laisse-là. Cette
        réflexion mélancolique que je viens de faire n’a rien à voir avec
        la réalité, en réalité je vends des tableaux. Je ne sais pas si un
        autre peintre de Madrid a vendu autant de tableaux que moi, et nous
        pouvons parler des 15 dernières années. Moi,
        ce qui doit m’intéresser c’est de continuer à peindre. CS :
        L’expérience t’intéresse en elle-même ? MOM :
        Non, l’expérience en elle-même ne m’intéresse pas. Je le
        comprends : une fois que le tableau est réalisé je me rends
        compte que c’est une marchandise, quand je le peins je me divertis,
        une fois que je l’ai terminé je me divertis parce que j’ai obtenu,
        en me divertissant, une marchandise. Vous comprenez ? Et ça ce
        n’est pas aussi facile que les gens le croient. Vous comprenez ? Quand
        je vous dis : vous comprenez ? Et que je vous le répète
        quatre fois, je vous dis: c’est très important ce que je viens de
        dire. Parce que tous nous sommes créateurs, ce qui se passe c’est que
        c’est très difficile de créer et que cela serve pour vendre, ce
        n’est pas aussi facile que les gens le croient, parce qu’il ne
        s’agit pas exactement de la qualité, il s’agit d’une qualité qui
        soit équivalente avec les autres qualités, ça doit être une qualité
        équivalente, mais en plus, il y a une quantité de problèmes dans le
        marché, le marché est contrôlé, il y a beaucoup de gens qui vivent
        de ce contrôle. Alors il se fait difficile, parfois, de pénétrer
        cette couche de pouvoir. Le
        Grupo Cero me plaît et si je lui donne un 40% c’est parce qu’il est
        en train de subventionner la Maison d’Édition Grupo Cero. Parce que
        le Grupo Cero ne gagne pas d’argent avec la Maison d’ Édition,
        alors je donne au Grupo Cero parce que subventionner une maison d’édition
        comme la Maison d’Édition Grupo Cero qui a fait connaître au cours
        de  ces dix dernières années
        trois-cent, quatre-cent poètes consacrés et au moins 100 jeunes poètes,
        me semble une bonne manière d’investir l’argent. CS :
        Oui, le 16 nous présentons deux livres à vous Lettres à ma femme et
        Monologue entre la vache et le moribond. MOM : le mardi 16 avril. Ce sont des livres en prose. CS :
        C’est de la narrative, oui. J’étais en train de penser au fait que
        ce soit de la prose, c’est de la prose poétique. C’est comme vos
        tableaux, c’est difficilement définissable. MOM :
        Pourquoi vous dites ça ? CS :
        Difficilement définissable. MOM :
        Ah ! Vous avez vu comme c’est difficile de me copier. CS :
        Oui, ils auront la tâche très difficile les falsificateurs du siècle
        prochain, bon, ou de ce siècle. MOM :
        En poésie il se passe la même chose. Moi parfois je pense que mes
        disciples n’écrivent pas comme moi, pas tant à cause de ma qualité
        comme maître sinon parce que ma poésie est inimitable, parce que même
        moi je ne peux la répéter, pour moi aussi ce que m’a fait la poésie
        a été brutale. CS :
        Et qu’est-ce que la poésie vous a fait de brutal ? MOM :
        Vous ne pouvez pas dire que vous n’aimez pas la poésie si vous ne
        l’écoutez pas, c’est-à-dire, si quand 
        on met de la poésie vous, vous faites l’idiote, ça c’est très
        facile pour l’être humain. Mais vous écoutez 
        un poème , jamais plus vous ne pourrez cesser d’écouter de la
        poésie. C’est pour ça que quand les gens se moquent de moi, moi en réalité
        je me moque des gens. Les gens écoute réciter et ils se moquent parce
        qu’ils disent « regarde celui-là les bêtises qu’il écrit ». Cependant,
        moi je me divertis parce que je sais que s’il arrive à quelqu’un
        d’écouter, il dit « je vais écouter les bêtises que dit cet
        homme », celui-là il est perdu, infecté pour toujours. De quoi ?
        de ça. Parce que, qui après avoir connu un autre degré d’humanité,
        ne veut pas être avec cet autre degré d’humanité ? Uniquement
        un idiot, uniquement un imbécile. Une personne à moitié normale, à
        moitié saine, veut répéter de nouveau cette humanité. CS :
        Freud dit que le sujet n’abandonne aucune jouissance qu’il a déjà
        goûtée. MOM :
        Il a raison cet homme-là. L’unique manière de ne pas accepter la poésie
        est de ne pas l’écouter. Bon…Il y a des gens qui baisent huit mille
        fois dans leur vie sans jouir une seule fois au cas où ça devienne une
        nécessité.   CS :
        Un lecteur m’a demandé que vous développiez un peu plus le sujet du
        dernier entretien, où vous avez dit que vous fermeriez tous les musées
        et que vous installeriez des chaînes de bordels parce qu’il y a des
        gens qui l’ont cru. MOM :
        Ils font bien de le croire parce que si j’en viens à gouverner, je le
        fais. Pourquoi ? Parce que à quoi ça sert d’avoir le Musée du
        Prado, si de huit millions de personnes qui vivons à Madrid il n’y a
        que vingt-cinq personnes qui aient la capacité d’entrer au Musée du
        Prado ? À quoi ça sert ? Moi je dis : installons un
        bordel dans le Musée du Prado, gagnons de l’argent, touchons une
        commission, éduquons le peuple espagnol et quand il y aura à Madrid
        huit millions de personnes qui aient la capacité de s’émouvoir
        devant les tableaux du Prado, nous remettons 
        les tableaux au Prado. En attendant, c’est stupide d’avoir le
        Prado pour quinze personnes, avec ce que coûte l’entretien du Musée
        du Prado. C’est pour ça que le Grupo Cero me plaît, parce que
        lorsqu’il s’est rendu compte que ce qu’il était en train de faire
        faisait du bien, il l’a mis au service de la population. Ce
        que je vous ai répondu ne vous a pas plu. Comment voulez-vous que ça
        vous plaise si vous êtes une des quinze personnes qui va au Prado.
        Comment voulez-vous que ça vous plaise ? CS :
        Que pensez-vous de ces idées post-modernes qui disent que la peinture
        ne va plus, que maintenant tout est audio visuel. On le disait déjà de
        la radio. On disait que la radio allait disparaître quand est apparue
        la télévision. Maintenant on dit la même chose de la peinture. Public :
        Du théâtre aussi. MOM :
        Évidemment, avec l’apparition du cinéma… CS :
        C’est une mentalité d’amours uniques. MOM :
        Il y a beaucoup d’argent en jeu, vous, vous ne comprenez pas tout
        l’argent qui est en jeu. Si juste maintenant que tout le monde pense
        au business qu’est l’audiovisuel, on apprend à peindre aux gens, on
        leur fout en l’air le business. C’est comme les films
        pornographiques ou faire le film pornographique à la maison, avec son
        épouse. Si les gens suivent les conseils psychanalytiques, tu ne dois
        tromper personne…Avec la personne qui est avec toi. Je ne dis même
        pas qu’il faille inventer le fil à couper le beurre. Le business de
        la pornographie est terminé. Alors pour que ne termine pas le business
        de la pornographie, la sexualité importante continue d’être
        interdite dans le quotidien. Si on permettait la sexualité et si on
        permettait, par exemple, ce qu’on fait avec la drogue : « Si
        tu prends telle chose prends-la en faisant attention, prends-la comme ça,
        prépare-le comme ça, fais-le comme ça » payé par l’État.
        Pourquoi ne pas enseigner à baiser ? Pourquoi ne disent-ils pas : « Oui…allez-y
        doucement, tranquillement, avec un peu de salive, vous lui mettez un
        petit doigt dans le trou du cul, vous la détendez et puis…je ne sais
        quoi » et alors pourquoi cet homme a-t-il besoin de voir un film
        pornographique? Vous
        n’avez pas aimé cette réponse non plus? Aujourd’hui ce que
        j’ai dit ne vous plaît pas du tout. Qu’est-ce que vous aviez pensé ?
        De quoi voulez-vous parler ? CS :
        Il semble que l’ignorance du peuple est une bonne source de revenus. MON :
        L’ignorance des peuples est une des 
        sources de revenus de quelques escrocs, ignobles commerçants,
        ignobles commerçants qui profitent de l’ignorance du peuple. De plus
        je pense que ce n’est pas la faute des escrocs, que les gens doivent
        progresser, les gens doivent se rendre compte où est la vie, où est la
        mort et que l’État est responsable de 
        cette ignorance des gens. Pourquoi
        je dis que mes théories sont bonnes ? Parce que je peins, les gens
        viennent à l’atelier et ils peignent, personne ne critique ce que tu
        fais sauf après qu’il soit fait. Et si vous êtes très jeune, on ne
        critique même pas ce que vous faites parce que peut-être que vous êtes
        en train d’inventer un nouveau style et ce qui me semble laid est le
        commencement d’une nouvelle manière…Évidemment, si les années
        passent et que vous continuez à faire des bêtises, on vous le dit :
        le nouveau style n’apparaît pas. Pourquoi tu ne peins pas comme tout
        le monde ? CS :
        Quelle versatilité, une couleur ou un mot, selon comment tu le places
        et suivant de quel côté tu le places, c’est une chose ou une autre. MOM :
        Très bien, vous êtes en train d’apprendre un tas de choses, il vous
        convient de faire ces entretiens. CS :
        Dans le fond je fais ces entretiens pour me cultiver. MOM :
        Vous avez choisi la meilleure manière. CS :
        Et au passage je me divertis. MOM :
        Ça ce n’est pas l’entretien pour l’Indio. CS :
        J’ai pensé que ça pouvait l’être. Pourquoi pas si ça parle de poésie. MOM :
        Oui, s’il vous plaît, faites-moi une question de politique parce que
        sinon, nos lecteurs vont nous critiquer. Que se passe-t-il cette semaine ?
        Qu’est-ce qui vous a semblé intéressant dans les journaux cette
        semaine, Salamanca. CS :
        La situation embarrassante dans laquelle s’est retrouvé Bush, parce
        qu’il a déjà dit deux fois à Sharon qu’il arrête les attaques,
        qu’il quitte les territoires occupés et Sharon lui a répondu qu’il
        ne le ferait que quand il aura terminé son travail. MOM :
        Et vous, qu’est-ce que vous en pensez ? CS :
        Bon…D’abord ça m’a beaucoup amusé que quelqu’un dise non au
        grand Yankee. MOM :
        Exactement, parce qu’il ne lui a pas dit que non. Il y avait un accord
        préalable : Bush devait dire à Sharon qu’il arrête parce
        qu’il était en train de négocier 
        l’appui des Pays Arabes mais Sharon n’allait pas arrêter.
        Pourquoi je dis ça? Parce que quand les Etats-Unis pensent que quelque
        chose doit s’arrêter ils tirent une bombe atomique et tout s’arrête,
        donc, s’ils ne tirent pas une bombe atomique sur Israël ça veut dire 
        que Sharon et Bush sont d’accord. Comme le bon policier et le
        mauvais policier, l’un te frappe et l’autre te donne une cigarette ;
        ça c’est la même chose.  CS :
        Ça me semblait totalement surréaliste que quelqu’un dise non aux
        Etats-Unis. MOM :
        En plus, non seulement aux Etats-Unis, aux Etats-Unis et à toute la
        communauté internationale. Vous me posez juste des questions sur les
        choses desquelles je ne veux pas me mêler. Parce que je ne veux pas
        m’en mêler comme Polanco qui a commencé à dire la vérité et
        maintenant ils veulent le faire président de l’Espagne. Cet homme-là
        a déjà de quoi faire. Je ne sais pas s’il va vouloir. Moi, il
        m’arriverait la même chose, si je commence à parler, je commence à
        parler, je me mets à critiquer, à la fin, un fou, car il y a toujours
        un fou, va dire « celui-là sert pour être président » et
        je n’ai pas l’âge pour ça. Moi j’ai l’âge de diriger un asile
        de vieillards, ça oui, ça, ça me plairait. CS :
        Bon,…Dans quelques années l ‘Espagne sera comme ça. En 2004
        ça sera le pays le plus vieux du monde. MOM :
        C’est bien, moi j’aurai 100 ans. Qu’on me nomme directeur
        d’Espagne, quand nous serons un asile de vieillards et que j’aurai
        100 ans, c’est bien. CS :
        Oui, c’est bien. MOM :
        Plusieurs nouvelles. Vous avez dit que nous présentions un livre. Vous
        avez dit que nous faisons payer l’entrée pour que les gens ne pensent
        pas  que nous sommes une
        secte? CS :
        Le dimanche à 18 heures, oui, nous faisons payer l’entrée, mais ça
        c’est autre chose.  MOM :
        Comment c’est autre chose ?  CS :
        Pour la présentation de vos livres le mardi nous ne faisons pas payer
        l’entrer.  Dans
        les récitals du dimanche, « nous achetons » l’entrée,
        nous faisons payer l’entrée, nous achetons ce moment de poésie.  Les
        politiciens sont comme des enfants. Sharon ne laisse pas Piqué et
        Solana voir Arafat, alors ils reviennent et Piqué dit à la télévision :
        «  Et  bien nous on le
        savait déjà. Ne pensez pas qu’ils nous ont pris au dépourvu, nous
        savions déjà qu’ils n’allaient pas nous laisser entrer. ».  MOM :
        Et vous pensez que ce n’est pas vrai.   CS :
        Bien sûr que ce n’est pas vrai. Piqué croit qu’à coups de 
        culot…  MOM :
        Ce que Piqué ne peut pas croire et que ne peut pas croire Solana,
        c’est que les Etats-Unis sont d’accord avec Israël. Ça c’est ce 
        qu’ils ne peuvent pas croire.  Et
        Madrid n’a aucun problème ? Madrid n’a aucun problème ?
        À Madrid tout va bien ?  CS :
        Madrid est un problème en soi, avec ce maire que nous avons, je veux
        dire que, même la police municipale est en train de faire la grève et
        l’autre jour les membres de la police municipale et les membres de la
        police nationale  en sont
        venus aux mains au cours d’une manifestation.  MOM :
        C’est ce que je dis dans un poème. Quand éclate la guerre personne
        ne sait plus où vit la bien-aimée et personne ne sait où se cache le
        traître.  CS :
        Mais l’expression est super bonne, aujourd’hui elle était dans le
        journal.  MOM :
        Le soldat tué par un « tir ami ».  CS :
        Avec des amis comme ça, qui veut des ennemis ? Nous sommes embourbés
        dans la politique. Il vaut mieux s’arrêter là. Bêtes
        immaculées, hurlements du temps perdu de l’amour, Passage
        voluptueux et noirci, ton corps aveuglé. Je
        détache mes jambes pour voler sur ton cœur, encore, MA CHÉRIE: Je regrette de devoir te le communiquer, comme le disent mes vers : les années ont passé. Et un homme de 61 ne peut pas se promener en caleçon sur la Grande Vía madrilène sans avoir aucune théorie qui fonde sa promenade. Et moi, ma chérie, je me rends compte que je n’ai aucune théorie qui me permette de me promener à poil à 61 ans. C’est-à-dire que j’en suis au point où on comprend et où on prend plus ou moins bien le fait de devoir changer de vie radicalement. Un changement radical de ma personnalité. Quelque chose avec l’argent. Quelque chose avec le sexe. J’apprendrai à soigner mon travail et mon sexe, je commencerai par sortir de la vitrine des offres, des soldes. Pour un temps, assez d’essaims de rêves et un peu plus d’essaims de négoces et de travail. Contrats, temps, argent, vie pleine, qui bien menés termineront par réaliser quelques-uns de nos rêves. 
 
 Elle dit qu’elle se rend compte de la relation que j’ai avec l’argent. -Je ne vais pas manier autant d’argent que tu en manies, mais plus ou moins. Je ne dis pas autant et en plus ce n’est pas la seule chose que je veuille. Elle fait un silence et elle rit. Il y a un moment je me sentais amusante, je ne sais pas, je me trouvais amusante. Je trouvais ma position amusante. Changer de vieilles chaînes pour de nouvelles chaînes ? -Nous continuons la prochaine fois. 
 
 Je me suis imaginé que tu le ferais avec n’importe qui, mais en jouissant je n’ai pas ressenti de jalousie, on pourrait dire que quand je te voyais entre les bras de toutes les deux je ressentais de la joie… En fin de compte, me disais-je, ces deux femmes me désirent aussi et ce qui est très clair, avec tout ce qui m’arrive, c’est que moi je les désire comme une bête. D’abord, j’ai voulu être une femme, ensuite une grande femme, et je n’ai rien obtenu. Je continue à être comme une petite fille effrayée par la taille de ton sexe. Il y a quelque chose qu’il faudra que j’apprenne de toi. Une certaine tristesse de ne pas pouvoir jouir de tout ce tu m’offres, mais j’ai eu des jours de pleine lumière, de ce soleil qui te fait tant vivre. J’ai eu des jours où la seule chose qui m’arrivait c’était l’amour. J’ai dansé, j’ai dansé comme une folle d’amour pour la musique. Mon corps se secouait frappé par la musique. Les autres femmes n’existaient pas, ta bite n’existait pas. Il n’existait que mon corps remuant, légèrement, au rythme. Je me sentais belle et j’attirais tous les regards sur mon corps de femme, chaud, amoureux. Lui, il se promène comme un danseur expérimenté, en faisant comme s’il était intéressé par moi et très près de moi il bouge son corps avec élégance pour d’autres femmes. Je me précipite sur lui, nous chancelons un peu et nous tombons l’un sur l’autre et là j’en ai profité , tandis qu’on nous aidait à nous relever, pour lui dire : -Je t’aime, fils de pute, je t’aime. 
 
 
 
 - Préparez-vous à vivre –dit le prophète. Et tout le monde a fui. - Préparez-vous à mourir –dit l’assassin. Et les victimes apparurent de tous côtés. - Quelque chose qui sorte du cœur, poète, s’il vous plaît, quelque chose du cœur. Et
        le poète a pleuré, a pleuré et n’a jamais plus rien écrit. 
 Je dois me considérer,
        vu le traitement qu’ils me donnent (indifférence totale) un des écrivains
        les plus importants de ce siècle et, d’autre part, l’amant le plus
        fidèle qu’elle ait eu à travers tous les temps. Les unions postérieures
        au règne de l’amour, non seulement protègent des intérêts économiques
        (comme elle aime poser la question) mais elles imposent aussi une prévention
        de nombreuses maladies corporelles et toute la folie. Le croisement
        absurde de caractères rend impossible n’importe quelle systématisation.
        Je dois cesser d’être un homme résigné qui a tout perdu dans le
        passé. De radieux miroirs fuient de moi, chassés par cette nouvelle réalité qui me soumet : la joie, la diversion, la jouissance, m’enchaînent parfaitement à vivre et aucun dieu de va venir pour me dire comment doivent être mes choses. Indio Gris ÇA C ‘EST DE LA PUBLICITÉ 
 
 PLEURS
      DE L’EXIL Auteur:  |