Revue hebdomadaire sur Internet Indio Gris
Nº 97 An 2001 , JEUDI 4 AVRIL

Fusionne, dirige, écrit et correspond : Menassa 2002

NOUS NE SAVONS PAS PARLER NOUS LE FAISONS EN PLUSIEURS LANGUES:
ESPAGNOL, FRANÇAIS, ANGLAIS, ALLEMAND 
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La danza Interminable

INDIO GRIS, EST LE PRODUIT D´UNE FUSION
L´ÉCLAT DU GRIS 
ET 
EL INDIO DEL JARAMA
LA FUSION AYANT LE PLUS DE FUTUR DU 
XXIe SIÈCLE

Indio Gris


INDIO GRIS Nº 97

AÑO II

ÉDITORIAL

ENTRETIEN AVEC LE POÈTE MIGUEL OSCAR MENASSA
Dimanche, 31 mars 2002

Carmen Salamanca : Je n’ai reçu aucune note de El País présentant ses excuses. Ils n’ont fait aucun cas de l’entretien, ils n’ont rien dit. J’ai l’impression qu’ils sont en train de faire la sourde oreille.

Miguel Oscar Menassa:  Moi, j’ai l’impression que les gens de El País ont beaucoup de travail parce qu’ils ne savent pas pour qui ils doivent voter aux prochaines élections. Aznar, qu’ils ont mis au pouvoir ne leur plaît plus et ils n’ont pas de quoi le remplacer. Il semble qu’il y ait un problème parce que Polanco veut se présenter. Il a dit : « Est-ce que par hasard je ne conduis  pas bien la destinée de Prisa ? Quelle différence y-a-t-il entre Prisa et l’Espagne ? ». Je crois que Cebrián était là et lui a dit : « Aucune (vous avez vu que Cebrián va toujours de l’avant), finalement Felipe Gonzalez n’est pas si mauvais » et Polanco lui a dit « Démontre-le ! ». Et ils ont écrit un livre ensemble pour démontrer à Polanco que Felipe Gonzalez servait à quelque chose, mais si vous lisez les conneries qu’ils ont écrites  et qu’ils ont publiées, vous vous rendrez compte que le pauvre Polanco ne va pas vouloir laisser le pays entre les mains de ces deux-là. Il semble qu’il va se présenter aux élections.

 CS : Le livre s’intitule Le futur n’est plus ce qu’il était.

 MOM : Vous aussi vous avez beaucoup d’imagination et vous m’attribuez des choses que je n’ai pas même pensées. Quelle confusion vous avez causée l’autre jour ! Vous avez une de ces salades dans la tête…

 CS : Pourquoi dites-vous que j’ai une salade dans la tête ?

 MOM : C’est comme si vous vouliez que le monde soit différent.

 CS : Eh oui! Il nous reste encore un peu d’idéalisme.

 MOM : Et où avez vous appris ce mot ?

 CS : Je ne sais pas, mais je me souviens que Menassa dit, parfois, que les derniers idéalistes sont tombés avec le Mur de Berlin, que depuis il n’y a plus d’idéaux.

 MOM : Menassa dit ça ? Je ne crois pas que Menassa dise ça. Menassa doit dire que les idéaux qui servaient pour que les jeunes d’autrefois puissent choisir entre un idéal et la drogue, ces idéaux n’existent plus et que c’est nécessaire de créer d’autres idéaux. Mais les gens fuient de tout ce qui coûte un peu de travail.

 CS : C’est la Semaine Sainte, l’autre jour vous parliez du déluge chrétien. Qu’est-ce que vous pensez de la passion chrétienne ?

 MOM :Votre question est mal posée, parce que la passion chrétienne a transporté des montagnes. Que vais-je penser de la passion chrétienne ? Il n’y a jamais eu de gens aussi passionnés que les chrétiens. Ils se laissaient tuer pour leurs idées. Ils ont conquis, volé, exécuté. Quelle est votre question ? Les festivités qu’ils font ?

 CS : Oui, par exemple.

 MOM : Moi, j’ai toujours des pensées très économiques. Les taureaux, je les supprimerais. Vous savez pourquoi je les interdirais ?

 CS : Pourquoi?

 MOM : Parce que je pense qu’un bordel rapporte plus que les taureaux. Je ne sais pas pourquoi le gouvernement dit non au bordel et oui aux taureaux. Parce que le peuple aime les taureaux, mais le peuple aime aussi la merde en boîte, il aime aussi l’héroïne, il aime les armes à feu…On ne va pas donner tout ça au peuple parce que le peuple aime ça. Alors avec les taureaux parce que le peuple aime on laisse les taureaux…C’est une honte ! Ensuite je dois supporter les écologistes espagnols. Cet entretien va être très mauvais. Vous savez pourquoi ?

CS : Pourquoi ?

MOM : Parce que vous avez commencé l’entretien en vous disputant et on ne peut pas commencer la journée en se disputant.

CS : En me disputant ? Pourquoi en me disputant ?

MOM : Oui, vous avez commencé par vous moquer des gens de « El País » comme si les gens de « El País » n’avaient pas d’autre chose à faire que de supporter que vous vous leviez le dimanche matin et que vous commenciez à vous payer leur tête. Comme s’ils n’avaient pas suffisamment de problèmes. Ils ne savent pas que faire.

Aznar est une invention du journal El País. Au début nous avions confiance dans le journal El País mais quand il a commencé à tirer contre Felipe González, qui allait oser voter pour Felipe González. En plus, tout le monde considérait que le journal El País était comme le journal de la démocratie. Maintenant ils ne savent pas quoi faire avec Aznar, ils ne peuvent plus s’en débarrasser et allez savoir quand ils pourront le faire. Les enquêtes disent qu’il va gagner trois élections de plus, bien que maintenant il vienne  de  commettre une erreur que nous avons critiquée la dernière fois.

Fichez la paix aux gens de El País, ils ont suffisamment de problèmes comme ça : des problèmes de conscience, des problèmes éthiques. Où ont-ils amené le peuple espagnol ? Que l’ont-ils amené à croire ? Le journal, le paladin de la démocratie qu’est le journal El País en Espagne ! Qu’en sont-ils arrivés à faire croire au peuple ? Ils en sont arrivés à faire croire au peuple qu’Aznar était meilleur que Felipe González parce que Felipe González avait une petite amie en Amérique Latine. Pouvez –vous croire qu’on organise une campagne contre un chef de gouvernement et en faveur d’un futur chef de gouvernement parce que le chef de gouvernement en question a une petite amie ? Si elle avait été d’Alicante personne n’aurait rien dit, mais comme elle était argentine, alors il s’est organisé un grabuge pas possible. Personnellement ces choses m’importent peu mais comme j’écoute, j’écoute, j’écoute…

Ne dites rien à la femme de Felipe González parce que je ne veux pas avoir de problèmes. Nous sommes en train de parler de politique.

CS : Oui, bien sûr.

MOM : Et Aznar, comme le montre bien Canal Plus, qui appartient aussi, je crois à El País…

 CS : Oui.

 MOM :..maintenant ils veulent le vider. Maintenant, ils le montrent un peu homosexuel dans sa relation avec Bush.  Ce n’est pas qu’Aznar ne trompe pas sa femme, comme le faisait Felipe Gonzalez, mais qu’il trompe directement sa femme avec des hommes, et quand sa femme lui demande « Tu m’as trompé, mon chéri ? », lui, il lui répond « Je ne t’ai jamais trompé avec aucune autre femme ». Génial ce qu’il a inventé ! Je suis en train d’étudier la sexualité d’Aznar, parce que je veux modifier un peu ma sexualité, je me sens très surveillé. Lui il s’est assez bien débrouillé de ce côté-là. Tous regardent sa partie frontale et lui il fait tout avec la partie arrière, alors, c’est très difficile qu’on le découvre.

Moi je trouve fantastique que nous ayons un chef du gouvernement qui sache si bien se cacher de sa femme, ça me semble sensationnel. Ça doit être parce qu’il veut qu’elle soit présidentiable sa femme, alors il ne veut pas lui causer de tracas.

CS : Il y a beaucoup de rumeurs sur tout ça, beaucoup de blagues.

MOM : Il veut faire d’elle la présidente de son cœur et elle, elle écrit, elle a d’autres choses en tête, elle ne va pas passer son temps à penser à Aznar. J’ai même entendu dire que Zapatero a appris un tango , un tango qui s’appelle Moustachette : «  Moustachette si ton vieux levait la tête et te voyait en train d’arborer ce paillasson à la Chaplin, je te jure qu’il t’arracherait ce caprice poil à poil». Et il a même une petite amie avec cette mine tronche …

CS : Il y a une phrase du 22 janvier 1978 dans Psychanalyse du leader…

MOM : Et vous voulez me rendre responsable  de quelque chose qui a eu lieu il y a 25 ans? Dites-moi.

CS : « L’homme, en général, croyant que la folie n’est pas un fait social, l’attribue à un autre. Croyant que la gloire est une douce rencontre avec la mère, il ne peut pas la partager. » « El País » attribue on ne sait quelle folie à un autre, en niant que c’est un fait social. Le fait , par exemple, qu’il voulait la peau de Felipe González.

MOM : Felipe González n’est pas un saint non plus, beaucoup de gens se sentent maltraité par lui ; c’est très intéressant ça. Le directeur de « El Mundo », la même chose, il était furieux contre Felipe González.

CS : On plaisante sur la paranoïa d’Aznar : « Partez ! monsieur González ! ».

MOM : La vérité c’est que les medias ont beaucoup facilité les choses à Aznar, maintenant qu’ils sont contre on va voir ce qui se passe avec Aznar. Et s’il gagne les élections alors qu’il a la presse contre lui, nous avons un tyran pour un bout de temps ! Je ne sais pas s’ils vont tant oser, laisser Aznar alors qu’ils ne veulent pas. C’est que je ne comprends pas grand chose à tout ça. Vous me posez des questions sur des choses que je ne comprends pas. Pourquoi vous ne posez pas des questions sur quelque chose que je comprenne ?

CS : Je suis en train de vous poser des questions sur votre écriture.

MOM : Allez-y s’il vous plaît.

CS : Très intéressant ce livre. Vous me l’avez présenté comme un manuel de philosophie psychanalytique et c’est possible que vous ayez raison. Il dit : «  Si modifier les styles de production c’est changer de vie, notre vie a changé ».

« Modifier les styles de production », cela m’a frappé… Qu’est-ce qui s’est modifié ? Ça c’est de 1978. Comment se sont-ils modifiés ?

MOM : C’est très simple. Parce que cet homme-là parle toujours de l’art, pas de pommes de terre. Alors là il parle de plusieurs choses. Il dit : considérons sérieusement que quiconque accepte les règles de la vie en commun peut être un grand écrivain, un grand peintre… Et ça c’est altérer les règles de la production artistique. Sans aller plus loin, ici, en Espagne il y a beaucoup d’artistes, quelques-uns d’entre eux patrons de grandes entreprises d’art, qui pensent, les pauvres, que l’on naît poète, que l’on naît peintre. Il faut dire aux gens qu’en réalité il s’agit d’un travail que certains peuvent réaliser d’une manière convenable et d’autres plus ou moins, et qu’il existe des matières premières. C’est une théorie où devient nécessaire l’université, l’étude, la culture, la transmission de la culture.

Si je pense que vous pouvez être un grand écrivain, en travaillant, je suis en train de vous obliger à étudier, à lire, à ne pas croire que les choses sont dans vos tripes, à accepter que vous avez eu un héritage culturel. Que bien que vos parents (disons n’importe quoi), fussent pauvres, vous avez reçu le même héritage culturel que les riches. Quand les peuples ne s’occupent pas de l’héritage culturel c’est qu’ils veulent dominer, les états veulent nous faire croire qu’on naît poète, que seuls les riches peuvent aller à l’université mais il y a des riches qui terminent dans la merde et des pauvres qui terminent à l’université, et il y a des pauvres qui terminent en prison, mais tous les pauvres ne terminent pas en prison, et tous les riches ne vont pas à l’université, mais il y a une manie de l’État à nous faire croire….Vous ne voyez pas que maintenant ils vont créer des débiles mentaux ?

CS : Qu’est-ce que vous avez dit ?

MOM : Maintenant l’état espagnol veut créer des débiles mentaux. Comme ils ont beaucoup d’ONG qui s’occupent des débiles mentaux et qu’ils n’ont pas beaucoup de débiles mentaux, avec la nouvelle loi concernant les études ils vont créer beaucoup de débiles mentaux, par catégorie : catégorie débile mental numéro 1, catégorie débile mental numéro 2, catégorie débile mental numéro 3, etc…Vous comprenez ce que je dis ?

CS : Oui.

MOM : Heureusement que vous me comprenez parce que c’est très difficile ; moi, les gens ne veulent pas me comprendre.

CS : C’est très simple ce que vous dites, tout à l’envers et puis voilà.

MOM : Qu’est-ce que vous dites ?

CS : Que votre pensée est révolutionnaire.

MOM : Révolutionnaire de mes fesses. Vous avez dit « tout à l’envers », ensuite, quand on va chercher, ils disent : « Vous avez tout fait à l’envers ».

CS : Tout à l’envers de ce qu’eux ils croient.

MOM : Eux, qui sont-ils?

CS : L’idéologie régnante, la masse sociale, l’état.

MOM : La masse ! Maintenant vous êtes en train d’insulter les gens.

CS : Modifier les styles de production c’est faire les choses à l’envers, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ! Celui qui naît pauvre est destiné à la prison. Bon…Si cela se modifie c’est faire le contraire de ce qu’ils ordonnent.

MOM : S’il vous plaît, soyez un peu plus sérieuse parce qu’il me semble qu’aujourd’hui ça ne va pas être possible.

CS : C’est que nous sommes en pleine Semaine Sainte. «  La mort n’existe pas, elle est aussi une construction de nos désirs. » Dans le sens qu’on doit pouvoir avoir le mot, on doit pouvoir avoir dans son psychisme ce mot, sinon…

MOM : Oui…c’est ça… Et je suis aussi très freudien. Bon, j’ai lu Freud. Ça c’est un article de Freud de 1906, Psychothérapie pour l’esprit, qui est un beau texte. Là il parle de la mort, en réalité on meurt pour le même motif qu’on tombe malade, c’est-à-dire, un problème avec le désir. C’est pour ça que je vous ai dit qu’à partir d’un certain âge, on pourrait décider de mourir. Par exemple Borges, le génie, est mort avant ; il est mort à 98 ans. Mais il est mort avant parce qu’il ne voulait pas décider de mourir, parce qu’il avait dit qu’avant 100 ans on meurt par accident, qu’après 100 ans on choisit de mourir. Au cas où, il est mort à 98 ans pour qu’on ne dise pas qu’il avait choisi de mourir.

CS : Veuillez m’excusez, mais peut-être influencée par la conversation, je suis en train de voir dans cette figure le visage d’Aznar, des sourcils très fournis, une espèce de bonnet. Peut-être que je me trompe.

MOM : C’est comme le problème de Dieu. Si vous le cherchez dans mon cœur, vous le trouvez , Dieu, mais si vous le cherchez dans les livres, Dieu est mort. Avec l’homme il se passe la même chose, la publicité aussi a  des effets sur moi. Si « L’Espagne va bien » et « Il est beau » bien qu’il soit très laid, toutes les filles diront « Oh ! comme il est beau Aznar! ». On finit par le porter dans son cœur même si consciemment il n’en est pas ainsi. Je vous dis ce que vous êtes en train de dire. Moi je ne vois pas ce que vous êtes en train de voir, moi je vois ici un homme sur le point de se lancer définitivement sur l’amour et je ne crois pas que ce soit ce qui arrive à ce garçon-là.

CS : J’étais en train de me souvenir de Rajoy, de sa manière de ne pas répondre aux questions de l’opposition dans une séance supposée sérieuse du Congrès consacrée en principe à répondre à ces questions. Personnellement le pouvoir m’intrigue beaucoup. Comment est-ce possible qu’ils continuent à gouverner alors qu’ ils se moquent du peuple?

MOM : Dans les questions que vous faites c’est comme si vous ne vous étiez pas rendu compte que la démocratie (on est en train de le démontrer), n’est pas une bonne manière de gouverner les peuples. Parce qu’on l’appelle démocratie mais ensuite, quand vous avez la majorité absolue c’est parce que le peuple est devenu fou, et le peuple est devenu fou très souvent, il est devenu fou avec Hitler, avec Mussolini, il est devenu fou avec Perón, avec Franco. Le peuple est fou en général, disons la vérité, nous ne pouvons pas nous compliquer les choses parce que le peuple demande ou dit, le peuple demande n’importe quoi.

 CS : Vous voulez dire que le peuple est maniable?

 MOM : Maniable et n’importe quelle autre chose qui vous passe par la tête. Parce que les peuples réagissent mais vous savez quand ils réagissent ? Ils réagissent à la limite de la limite.

 CS : Quand il n’y a plus rien à faire.

 MOM : Je ne veux pas le dire de cette manière.

 CS : Maintenant je comprends pourquoi Freud disait qu’il y a trois tâches impossibles qui sont : éduquer, gouverner et quelle est la dernière?

 MOM : Psychanalyser.

 CS : Psychanalyser. Dans le cas de « gouverner » on le voit clairement, parce qu’il n’y  a aucun état qui prévoie le bonheur de ses citoyens. Je veux dire que leur enseigner à être heureux c’est une manière d’éducation.

 MOM : Ça, ce n’est pas possible parce que ça revient très cher.

 CS : Mais un peuple heureux ne produirait-il pas plus qu’un peuple insatisfait, dans le sens de la production capitaliste?

 MOM : Je vais vous dire une chose que vous ne savez sans doute pas. Je suis en train de répondre à votre question « si un peuple heureux ne travaille pas plus ». Vous voyez comment sont les intellectuels…En Union Soviétique les intellectuels, pendant la révolution, demandaient deux choses. Qu’est-ce qu’ils demandaient ? Ils demandaient le changement de la langue russe et la sexualité libre. Staline , qui est passé à l’histoire comme le dictateur russe, n’était pas un imbécile. Il leur a dit qu’il n’était pas question de changer la langue parce que la langue était infrastructurelle, donc, si on changeait la langue tout le peuple russe deviendrait fou, alors les Russes ont obtenu la liberté sexuelle. Vous, vous dites : enfin un peuple heureux. Ils l’ont obtenue pour de vrai, mais peu de temps après ils ont dû freiner la chose et retourner à la sexualité du temps des tsars ou mieux encore, à la sexualité pré-tsariste, parce que la production a commencé à diminuer.

 Je suis en train de répondre simplement avec un exemple bête à la question : les gens heureux travaillent plus ? Ça n’a pas été démontré. Suivant ces gens qui ont fini par faire un pas en arrière dans ce qu’ils avaient obtenu, sous prétexte de la production, on produisait moins disaient-ils.

 CS : Nous sommes en train de parler de bonheur mais, sans arriver à cet extrême, un certain degré de confort ou de commodité ou de bien être ne serait-il pas possible ?

 MOM : Vous m’attribuez des choses que je n’ai pas dites.

 CS : Je vous pose la question parce que, telle quelle cette affaire n’a pas de solution. S’il faut vivre malheureux pour que le système capitaliste continue à fonctionner et qu’on produise et qu’on puisse continuer à vivre…

 MOM : Je vais vous dire une chose, le bonheur est accompagné de nombreuses questions difficiles à résoudre pour les systèmes actuels.

 CS : Au-delà du fait que par définition on ne puisse pas obtenir le bonheur, quels sont les problèmes difficiles à résoudre que pose le bonheur ?

MOM : Le bonheur ? Le problème c’est qu’un homme heureux veut plus, un homme heureux ne se contente pas de ce qu’il a, il veut plus. Par exemple, Quand il était malheureux, l’homme demandait un peu de pain, quand il a un peu de pain et il est heureux il veut du pain pour ceux qu’il aime et quand il a du pain pour ceux qu’il aime il veut de l’éducation pour ses enfants, et quand il a de l’éducation pour ses enfants il veut l’université pour les jeunes, et quand il a l’université pour les jeunes il veut du travail pour les gens qui sortent de l’université. Alors, une personne qui était là, tranquille, stupide, tarée, que je manipulais à ma guise, quand je la rends heureuse elle se transforme en un concurrent, en un emmerdeur qui va vouloir le bien pour l’humanité. La personne heureuse ne va pas se contenter du bonheur pour elle, elle va vouloir le bonheur pour le reste de l’humanité. Vous comprenez ?

CS : Oui.

MOM : Je ne vous ai pas répondu?

CS : Qu’est-ce que la psychanalyse offre à l’homme pour obtenir une toute petite parcelle de bonheur?

MOM : À l’homme, je ne sais pas  mais à vous trois ou quatre séances de psychanalyse hebdomadaires. Je vous ai bien répondu ?

 CS : Vous m’avez laissée bouche bée. Mais j’insiste, ce manuel de philosophie psychanalytique doit dire quelque chose sur …

 MOM : Sur quoi ?

CS : « J’ai la possibilité de la métamorphose, je suis humain ». Il doit être possible de changer quelque chose.

MOM : Bien sûr, nous étions en train de voir (et vous, mademoiselle, vous ne voulez pas le comprendre) que nous sommes dans une crise totale : vouloir sauver l’humanité dans sa globalité, c’est ce qui nous arrive. C’est ce qui arrive à l’homme actuel, à l’homme, aux états. Actuellement tout se négocie : je veux sauver les Palestiniens, alors je dois donner l’autorisation de passer les Iraquiens à la casserole. Je veux sauver les Iraquiens, alors je ne peux pas intervenir dans le problème palestinien. Tout se négocie, ma chérie.

Il n’y a plus d’issues collectives, parce qu’aucun état n’est en condition d’oublier les affaires qu’il est en train de faire et de commencer à s’occuper des gens , il n’y a aucun état dans le monde qui puisse s’occuper des gens, alors, comment les gens vont-ils changer ? Les gens vont changer d’une manière individuelle, groupale, c’est là l’importance des groupes, qui est notre proposition didactique.

Parce que sinon,  nous finissons par croire que ce que nous voyons est la vérité, et ce que nous voyons n’est pas vrai, c’est une apparence.

CS : Mais…

MOM : Mais si vous me parlez d’une autre apparence moi je ferais une autre interprétation ; je ne reste pas dans les interprétations, je dis qu’il y a des apparences qu’on ne peut interpréter d’aucune autre manière que comme l’interprétation que je suis en train de faire, où je dis qu’une espèce de salut collectif est très difficile. Vous ne voyez pas que quand Menassa critique le gouvernement actuel il ne cesse de dire que les pires tâches  de ce gouvernement c’est Felipe Gonzalez qui les a faites ? Toutes les restructurations au niveau du travail. C’est bien…Maintenant c’est possible que les choses fonctionnent au niveau de la Sécurité Sociale mais c’est avec un gouvernement franchement de droite. C’est pour ça que je dis que je ne comprends pas ces gens qui continuent encore à penser les choses en terme de gauche et de droite. À mon avis, le gouvernement de Felipe González a été un gouvernement de droite, nécessaire, parce que c’était nécessaire, parce que nous venions d’un tas de problèmes. L’Espagne était très en retard dans un tas d’aspects, il fallait l’arranger, il fallait la rendre européenne.

CS : Oui.

MOM :Et vous pouvez me dire  «  mais la faire européenne c’était la faire contre le peuple?» .

CS : Là vous dites « Mes ambitions ? Un profond changement de l’éthique moderne qui, comme nous le savons est propice à l’impuissance et à la mort précoce ». En 1978 c’était vos ambitions , ou tout au moins les ambitions de l’écrivain.

  MOM : Ça continue à être mes ambitions, vous avez raison, parce que l’unique chose que fait la normalité c’est amener le sujet à une mort prématurée. Pourquoi ? Parce que nous avons besoin de sa place, parce que nous n’avons pas tant de palces que ça dans la société capitaliste . Alors, je suis normal, je vais à une mort prématurée parce que quelqu’un est déjà en train d’attendre pour occuper ma place.

 CS : Pour avoir mon numéro de DNI  [n.t : carte d’identité], par exemple.

 MOM : Moi, j’ai le DNI d’un mort. Souvent je pense que si cet homme n’était pas mort, qui sait si j’aurais obtenu le DNI..

 CS : «  La carte d’identité d’un mort pour couvrir les apparences… ».

 MOM : Pour qu’ils ne pensent pas qu’ils m’avaient donner le DNI. Eux, de cette manière, me donnaient le DNI, c’est-à-dire , ils le donnaient à un Latino-Américain, mais ils ne le lui donnaient pas, moi j’étais mort et en plus, dans le DNI, ils se chargeaient de dire que j’étais né à Buenos Aires, pour les effets légaux, disons.

 CS : C’est pour ça qu’il s’appelle DNI, «  Donde Nació el Individuo » [là où est né l’individu].

 MOM : Bon, c’est très similaire à ce que vous dites. Quelle est la définition ?

 CS : Document National d’Identité. Il est embrouillé ce monde où nous devons vivre…

 MOM : Vous voulez que je vous dise la vérité ? Moi, je suis heureux de vivre dans le monde où je vis. Le fait que je ne puisse pas le modifier ne signifie pas qu’on ne puisse pas le modifier, ça veut dire que moi, avec les instruments actuels et la compréhension actuelle, je ne peut pas modifier le monde, ce n’est pas que le monde ne va pas se modifier. Comment le monde ne va-t-il pas se modifier si le monde s’est toujours modifié ? Ce qui se passe c’est qu’il faut accepter qu’en ce moment nous sommes entre les mains d’un peuple fou, d’un peuple omnipotent, d’un peuple qui pense qu’il va trouver tout seul une solution à ses problèmes de perversité, à son homosexualité infantile, à ses crimes parfaits…De temps en temps un enfant prend une mitraillette et fait justice de ses propres mains. Et qui il tue ? Le petit camarade qui s’était moqué de lui parce qu’il s’est trompé dans une soustraction, à la pauvre maîtresse d’école qui gagne un salaire de misère, même aux Etats-Unis, et qui passe sa journée à l’éduquer et à lui, ça ne lui plaît pas.

 Eux, ils croient qu’ils vont arranger les choses. Ils sont en train d’imposer une morale. Vous ne voyez pas qu’ils disent aux touristes que l’Espagne est dangereuse ? Aujourd’hui j’ai vu dans le journal que l’état américain alerte les  touristes américains pour qu’ils fassent attention à Madrid parce qu’il y a beaucoup de violence dans la rue. C’est ce que veut dire la globalisation : ou tu te comportes comme le veut papa ou tu quittes la maison. Ce qui se passe c’est que quand on est jeune et qu’on quitte la maison, qu’est-ce que ça veut dire ? Qu’on va dans une autre maison. Ici tu dois quitter le monde parce que la maison de ces gens-là c’est le monde.

 CS : Pour terminer : « Si nous ne pouvons pas être  des hommes, soyons au moins des dieux ».

 MOM : Quelle est la question? Qu’est-ce que vous voulez dire?

 CS : Oui.

 MOM : Le type a toute une conception grecque de la chose, parce qu’il revient toujours à la même question. Quand il dit que quelqu’un  ne peut pas être homme, il parle des gens qui ne peuvent pas faire l’amour, qui ne peuvent pas étudier, qui ne peuvent pas travailler, alors il dit : Faites au moins comme Dieu, lisez, étudier. Il attribue à Dieu des choses que je ne sais pas s’il faut les attribuer à Dieu. Moi, par exemple, je crois que Dieu doit être un grand lecteur parce que sinon, comment se rendrait –il compte qui il doit punir? Il ne va pas faire comme l’état américain, qui punit tout ce qui ne lui plaît pas. Je suppose que Dieu  doit être un peu plus sérieux, même si ça ne lui plaît pas à lui, si c’est bien fait il ne va pas punir. Vous, qu’est-ce que vous en pensez ? Ou vous pensez du mal de Dieu?

CS : Non.

 MOM : Moi, dernièrement, Dieu me plaît assez, si vous voulez que je vous le dise, parce que les gens critiquent, critiquent mais la vérité…

 CS : C’est que son prestige a un peu diminué.

 MOM : Bon…Il y a eu beaucoup d’intellectuels qui disaient qu’ils allaient mieux faire les choses que Dieu quand ils prendraient le pouvoir et quand ils ont pris le pouvoir ils ont fait une connerie après l’autre. Ou le contraire, le gouvernement actuel qui en s’appuyant sur Dieu veut te faire faire des choses que Dieu n’aurait jamais idée de te faire faire. Comment Dieu va-t-il s’imaginer que tu penses que quelqu’un qui n’est pas bon est bon ? Comment Dieu va-t-il imaginer que tu penses qu’une personne qui n’est pas cultivée est cultivée?

 Je dis dans ce sens, en plus, par exemple il m’arrive la même chose avec la famille. Moi, j’étais une personne qui luttait contre la famille, dans le sens  que je sentais qu’ils ne te laissaient pas de liberté, mais en y pensant à deux fois et dans l’actualité, finalement la famille actuelle est pour l’adolescent un mal mineur.

Le monde s’écroule, bien-aimée,
il s’enfonce irrémédiablement dans l’horreur.
Argent et plus value aiment le cœur du serpent.
rencontres taciturnes dans les bras du néant, voilà ce que fut le siècle :
Tandis que nous pensions à prendre soin de l’âme, ils nous quittaient le pain.

Poésie, Poésie, m’ordonnaient-ils et, ensuite,
quand j’écrivais des vers ou je produisais de l’amour,
ils tiraient sans pitié avec des armes féroces
contre la blanche colombe de la paix.

Je suis la plume qui reste de cette histoire,
un chant mal enfanté parmi les morts,
le morceau de vérité qui vient de la chair,
la pollution asphyxiante du ciment.

Je suis la colombe inerte et déchiquetée,
de paix, amour et liberté
et, pourquoi ne pas le dire,
le pain, l’eau, ont fait le désastre.

MA CHÉRIE :

Bête amoureuse! Bête amoureuse! je te ferai si grande, je t’écrirai si profond, que plus personne ne pourra te toucher jusqu’au prochain siècle.

Parfois, je le reconnais, mes ambitions t’inquiètent. Toi, toujours si galante avec tout le monde, si aimable avec Dieu, tu t’inquiètes de percevoir  que tu seras toute mienne et non parce que j’enlèverai à ta liberté quelques-uns de tes vols, sinon, bête amoureuse de ma cadence, ton amour voudra que tu sois toute à moi. Condamnée à être immortelle entre mes vers, tu ne pourras pas fuir.

Et quand quelqu’un te demandera: que fais-tu là, juste en plein centre de ma vie? Tu répondras: La vie n’appartient à personne, ou mieux encore, il n’y a pas de vie sans moi. C’est pour ça que je suis le centre de tout ce qui aime. C’est pour ça que je suis le centre de toute liberté.

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Aujourd’hui je les ai vus
c’était un couple
ils marchaientt courbés dans la vie
chacun
s’enfonçant à pic
pour différentes raisons.

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Tandis que de petites fourmis mettent en question l’existence d’un ancien rosier, je dessine entre les feuilles de la magnolia, les profils possibles d’une vie en plein soleil. Le cèdre du Liban, l’arbuste japonais et les roses chinoises m’apportent des souvenirs orientaux, cette jeune fille juive dans les bois de Palerme, avec ses seins dressés. Je me souviens d’avoir baisé ses seins avec la dévotion d’un enfant affamé.

Ensuite est venu le soir et moi je lui récitais mes vers et elle, elle sentait comme une sorte de délire d’amour, que mes vers étaient la terre promise et elle entrouvrait les lèvres et elle entrouvrait les jambes et elle se laissait porter par l’odeur de la terre cultivée et mon père nous rappelait avoir planté le premier olivier dans le Sud de l’Espagne et il nous laissait la bouche ouverte pleine d’olives noires baignées par l’amour.

Qu’en pensez-vous ?

Pornographie ou  Érotisme

Jusqu’à aujourd’hui les votes ont été les suivants :  

Pornographie : 160.000   Érotisme : 280.0000

 

CONSULTATION 
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TRAITEMENT DE COUPLES

ATELIER DE LITTÉRATURE ÉROTIQUE

Miguel Martínez Fondón
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 UN PEU DE POLITIQUE AU RAMASSAGE D´ORDURES 

Nous ne devons
jamais
calmer
la faim.

LETTRES DU DIRECTEUR 

Un pas en avant
est aussi
un ordre du système.

Se distinguer
est aussi
une opinion généralisée.

 Indio Gris


ÇA C ‘EST DE LA PUBLICITÉ  


PLEURS DE L’EXIL

Auteur:
Miguel Oscar Menassa
75 pages
18 €, $ 20.00 
Cette publication contient treize planches avec
quelques-uns des meilleurs tableaux de l’œuvre
de Miguel Oscar Menassa.  

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Indio Gris