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       Revue hebdomadaire sur Internet Fusionne, dirige, écrit et correspond : Menassa 2002 NOUS
NE SAVONS PAS PARLER NOUS LE FAISONS EN PLUSIEURS LANGUES: INDIO
GRIS, EST LE PRODUIT D´UNE FUSION INDIO GRIS Nº 95 ÉDITORIAL ENTRETIEN
      AVEC LE POÈTE MIGUEL OSCAR MENASSA
      Dimanche,
      17 mars 2002 Carmen
      Salamanca : Cette
      section commence déjà à avoir des collaborateurs. Une
      femme médecin m’a passé quelques petites questions parce que ça
      l’intéresserait de savoir comment vous y répondez. Vous avez fait des
      études de médecine, n’est-ce pas? Quand vous étiez matelot vous
      faisiez en même temps  vos études
      de médecine, n’est-ce pas? Miguel
      Oscar Menassa: 
      Aujourd’hui vous êtes arrivée avec l’intention à
      m’insulter . CS :
      Vous le dites parce que je vous ai appelé matelot ? MOM : 
      Non. Vous me dites « vous avez étudié médecine »
      alors que je dois être un des médecins les plus importants du XXe siècle.
      Et ensuite vous avez dit une autre énormité. CS :
      Pardon. Que pensez-vous des recherches 
      qu’on est en train de faire 
      sur la relation entre la dépression et le cancer ? MOM :
      C’est une question très difficile parce que, en regardant la télévision
      cette semaine je me suis rendu compte que nous étions gouvernés 
      par des débiles mentaux, et j’essaie de ne pas insulter les débiles
      mentaux. Vous comprenez ce que je dis ? CS :
      Oui. MOM :
      Ma position d’aujourd’hui est très compromettante. 
      De plus, si les gens du Gouvernement sont des débiles mentaux,
      ceux de l’opposition doivent être aussi 
      débiles mentaux par le fait même de laisser les autres leur faire
      ce qu’ils leur font… Je
      suis en train de parler de la dépression. N’allez pas croire que je
      suis en train de parler du Gouvernement. CS :
      Oui, vous êtes en train de parler de Zapatero qui a une dépression… MOM :
      Et de Aznar. Je suis en train de parler de ceux qui gouvernent. Mais je ne
      voulais pas parler de ça. Le docteur Rojas Marcos est capable , dans une
      conférence de presse, d’affirmer que l’alcoolisme n’est pas
      l’alcoolisme et la toxicomanie n’est pas la toxicomanie si on ne tient
      pas compte qu’il y a au préalable une dépression. Moi, ça m’a fait
      peur parce que, comme vous le savez, la dépression peut venir à cause de
      la mort d’un être aimé, la perte d’un objet aimé, ou elle peut
      venir directement à cause de la perte des idéaux. Je comprends pourquoi
      le cancer augmente ; pourquoi augmentent les accidents de voitures
      bien qu’on dépense tant d’argent pour la 
      prévention ; pourquoi les gens passent rapidement d’une
      herbe cultivée à la maison  à
      une drogue qui les tue. Toutes ces questions ont une réponse : parce
      que le peuple espagnol un jour sur deux perd un idéal. Moi, je suis arrivé
      au comble de la dépression quand je me suis rendu compte que je suis
      gouverné par des débiles mentaux et, comme je m’occupe de la santé
      mentale, je sais ce que peut faire un débile mentale avec la famille,
      alors imaginez ce que peut faire un débile mental avec l’État. Ça,
      c’est ma préoccupation d’aujourd’hui. Quelle était votre question ? CS :
      Les relations de la dépression et du cancer. MOM :
      Je viens de vous dire que c’est évident. Comme vous l’avez si bien
      dit moi je suis un médecin du siècle dernier. Je ne me lancerais pas à
      dire que la psychanalyse guérit le cancer parce qu’ensuite ils vont
      dire que je suis ésotérique, mais il est clair que les patients qui ont 
      eu la chance, au moment où ils souffraient d’un cancer, de
      commencer un traitement psychanalytique ou d’être en traitement
      psychanalytique, ont eu une évolution favorable de leur maladie. Je ne
      vais pas dire que la psychanalyse évite les maladies, ce que je veux dire
      c’est que la psychanalyse donne un regard différent sur le monde, donc
      sur les maladies. Vous comprenez ? CS :
      Oui. Public :
      Que pour la psychanalyse les maladies sont différentes que pour la médecine,
      par exemple. MOM :
      Différentes et plus que ça. Il y a des maladies pour la médecine qui,
      du point de vue de la psychanalyse, sont de petits problèmes fonctionnels
      qui s’arrangent après 4 entretiens psychanalytiques. La psychanalyse
      n’est pas stupide, elle croit que les maladies sont moins graves 
      mais elle sait aussi que certaines maladies sont graves, et que
      l’homme meurt d’une maladie. Quelle est la maladie de l’homme ?
      pourriez-vous me demander. CS :
      Quelle est la maladie de l’homme ? MOM :
      Être mortel, se devoir à la langue et ne pas croire que la langue se
      doit à lui et cela a un double sens érotique, comme vous pouvez vous en
      rendre compte. CS :
      Bien sûr. MOM :
      Dépendre de la langue, c’est une chose et faire dépendre la langue de
      moi, c’est autre chose. La langue est capable de s’introduire dans les
      recoins les plus abjects de l’intimité de l’autre. Cependant, notre
      morale, nos préjugés, la télévision, les conseils que donne le journal
      El País, font que nous, nous ayons réprimé la langue, c’est-à-dire
      que nous faisons dépendre les mouvements de notre langue de notre
      personnalité, au lieu de faire dépendre notre personnalité des
      mouvements de la langue. CS :
      Cela veut dire que nous sommes ce que nous disons et ce que nous taisons. MOM :
      Nous sommes ce que nous disons si nous avons la chance que quelqu’un
      nous écoute. Ensuite nous sommes ce que dit le gouverneur, le chef de
      police, le chef du gouvernement, ce que dit le président du président du
      gouvernement qui sont, comme vous le savez, les grandes compagnies
      internationales. Aucun président ne gouverne aucun pays. Vous le savez,
      n’est-ce pas ? CS :
      Oui. MOM :
      Il y a des présidents qui plaisent aux grands capitaux. C’est ce qui se
      passe dans mon cas, moi, je suis le directeur de cette institution.
      Pourquoi ? Parce que je plais aux grands capitaux, le jour où je ne
      plairais pas aux grands capitaux qui soutiennent cette institution, ils
      prendront sûrement un autre directeur. CS :
      Ça c’est la politique, non ? MOM :
      Ça c’est presque de la politique, parce que la politique , en général,
      est l’art du possible. La psychanalyse est aussi l’art de
      l’impossible, si vous me permettez. Comme on dit normalement 
      tant de bêtises , nous pouvons dire que la psychanalyse a sa
      propre politique. Il serait correct de dire que la psychanalyse a déjà
      produit, d’une certaine manière, une philosophie psychanalytique même
      si ce n’est encore écrit dans aucun texte. Vous qui aimez lire Psychanalyse
      du leader, un livre que j’ai publié plus ou moins à l’époque où
      Felipe González a pris le pouvoir, ne pensez-vous pas que ça pourrait être
      un manuel de philosophie psychanalytique pour les degrés inférieurs. CS :
      Les degrés inférieurs ? MOM :
      Oui, la première année de lycée…En réalité j’avais 
      d’abord pensé à partir de 6 ans, mais comme vous m’avez posé
      cette question  je n’ai pas voulu vous faire une mauvaise impression et
      j’ai dit, « bon… à partir de 13, 14, 15 ans ». Parce que
      en réalité, Sartre s’est trompé sur un tas de choses mais une
      personne qui s’est trompé dans un tas de choses et qui a travaillé
      50-60 ans en écrivant et en pensant, doit avoir vu juste quelquefois. CS :
      Oui. MOM :
      Oui quoi , colombe messagère ? CS :
      Il aura vu juste certaines choses puisque nous continuons à le nommer
      aujourd’hui. MOM :
      Mais vous savez à quoi je me réfère ? CS :
      Oui, au fait que les enfants aient cette capacité d’apprendre. MOM :
      Il y a un âge de raison ou il n’y a pas d’ âge de raison ? Nous
      sommes tous d’accord, Sartre aussi, qu’il y a un âge de raison. CS :
      À 7 ans. MOM :
      Et que cet âge est plus ou moins à 7-8-6 ans. après tout ce que nous
      sommes en train de voir avec la psychanalyse ça serait à l’âge de 2
      ans où l’enfant passe par la phase du miroir. Le symbole est déjà là,
      c’est pour ça qu’il y a des films où un enfant de 4 ans dit à sa mère
      comment elle doit le traiter. Les cabinets de psychanalyse sont pleins de
      cas d’enfants de 4-5 ans qui disent à leur mère comment elles doivent
      se comporter avec eux  pour qu’ils puissent arriver à l’école au lieu
      d’aller à l’hôpital. CS :
      Dans Le métier de mourir vous avez des contes plus ou moins sur ce
      même sujet. MOM :
      Oui. Le métier de mourir est un roman, 
      un recueil de poèmes, un journal, par contre il me semble que Psychanalyse
      du leader est un texte de philosophie psychanalytique. En réalité
      c’est le texte avec lequel Menassa se sépare, dans le sens de
      comprendre, dans le sens qu’il comprend quelque chose de ce qu’avait
      été le Grupo Cero Buenos Aires. Il prend du recul face à certaines
      choses qui ne lui plaisaient pas, évidemment et commence une nouvelle étape :
      c’est le livre qui ouvre l’étape actuelle du Grupo Cero. Oui, parce
      que Menassa lui-même se donne quelques conseils, et dit : « Plus
      jamais personne ne doit se distinguer parce que celui qui se distingue on
      lui coupe la tête ». Ensuite il fait la distinction entre un homme
      célèbre et un homme travailleur et il choisit l’ homme travailleur
      parce qu’il dit que l’homme célèbre passe ses journées dans la rue
      sur un petit cheval en carton à courir à droite et à gauche. Et qu’un
      écrivain est une personne qui est plutôt tranquille et qui regarde
      comment tourne le monde pour montrer à la postérité comment tournait le
      monde où il vivait. Je sais que le monde tourne toujours, mais parfois il
      tourne dans un sens et parfois dans l’autre. Qu’il
      est beau ce tableau ! Je l’ai fait en trois minutes. Nous sommes
      des génies. Il est vraiment superbe. Qu’il est beau ! Comme il la
      baise ! Vous ne le voyez pas ? Elle, elle rit parce qu’elle ne
      le voit pas. CS :
      Elle est très collée aux couleurs. MOM :
      Posez-moi des questions, s’il vous plaît. Où en étions nous ? CS :
      Nous étions en train de parler d’une philosophie de la psychanalyse et
      du livre Psychanalyse du leader. MOM :
      Je crois que c’est le livre qui a ouvert l’étape actuelle du Grupo
      Cero. Il m’arrive avec le mot « institution » ce qu’il est
      arrivé à Freud avec le mot « temps » : dans ce livre
      j’ai dû en arriver à dire, comme je n’avais pas un autre concept
      d’institution, « assez d’institutions ». Ce livre est très
      intéressant. Et ensuite, peu d’années plus tard, j’ai fini par
      produire ou par participer à la création d’une institution qui, comme
      vous le savez, est assez puissante, l’École de Psychanalyse Grupo Cero,
      qui englobe un tas d’activités : École de Psychanalyse, École de
      Poésie, Éditions Grupo Cero, Ateliers d’Art, Expositions,
      Interventions cinématographiques, Ateliers d’écriture, publications de
      deux revues de 15.000 exemplaires chacune… Alors
      nous pourrions dire que Psychanalyse du leader est le livre qui
      permet au Grupo Cero d’arriver là où il est actuellement. Et, à cause
      de certaines  choses qui sont
      en train de m’arriver dans ma vie privée, je crois que je suis en
      pleine élaboration d’un livre que j’ai écrit en 1999 qui s’appelle
      Poète condamné, Manifeste de 99 ou du psychanalyste condamné,
      qui ouvrirait une nouvelle étape, parce que c’est à peine maintenant
      que je suis en train d’assumer ce que dit ce livre que j’ai déjà
      assumé. Donc, si vous prenez la peine de livre ce livre ce soir vous vous
      rendrez peut-être compte aussi que celui qui écrit vous fait assumer
      quelque chose que vous n’avez pas encore assumé. CS :
      Une telle diversité d’activités, une telle création me rappelle ce
      que dit Menassa : que la génitalité ne peut pas se sublimer, que
      c’est une énergie différente. MOM :
      J’ai compris la plaisanterie, la blague que vous êtes en train de faire
      pour les lecteurs : si l’énergie génitale, c’est-à-dire
      baiser,  pouvait se
      sublimer…Auparavant vous avez dit que je peins, que j’écris, que je
      fais ci, que je fais ça. Je comprends la blague. Vous me demandez quand
      je…Regardez comme vous commencez à tousser. CS :
      Je vous vois venir…Je suis en train de vous demander quand vous baiser ? MOM :
      Bien sûr, alors vous faites une plaisanterie. CS :
      Je n’attends pas que vous me répondiez. C’est simplement une
      plaisanterie. Mais d’un point de vue théorique expliquez-moi cette
      question de la sublimation, de la création et de la baise. MOM :
      Ici, l’unique chose que je puisse sublimer… pour vous le dire et que
      vous le compreniez, pour que les psychanalystes le comprennent… Amelia
      Diez : Je vous écoute MOM :
      vous ne pouvez sublimer que si  réellement
      vous aimez quelqu’un. Je vais vous le dire pour que ça se comprenne, on
      peut seulement sublimer l’énergie du sujet avec un petit autre. AD :
      L’énergie de l’amour que l’on se porte à soi même. MOM :
      En interprétant la question…Oui…Bien sûr…Parce que si l’autre
      est seulement mon image dans le miroir ou que moi je ne peux aimer que mon
      papa, ma maman, ou ce que je suis, ou ce que j’ai été ou ce que je
      serai… AD :
      Avec l’énergie de ma passion pour moi-même. MOM :
      Bien sûr , mais mise dans un autre, mise instantanément dans un autre.
      Parce que sinon, nous en arrivons à penser à un narcissisme primaire et
      ce qui se sublime  est une énergie narcissiste, comme le dit Amelia, tout cet
      amour que j’ai pour moi ; mais elle a déjà été mise dans un
      autre, elle a déjà été libido d’objet. AD :
      Moi je peux être un autre de moi-même. MOM :
      Vous pouvez être un autre de vous. Vous devrez écrire un petit peu plus.
      Vous transformer, Amelia Díez et Amelia Kostaflichi. AD :
      Non. MOM :
      Vous ne voulez pas. Vous m’avez déjà dit que non. S’il te plaît, je
      voudrais t’écouter. AD :
      C’est que mon « moi-même » est toujours un autre pour moi.
      Mais qu’est- MOM :
      Par exemple. Vous le dites de telle manière que quand vous le dites, moi
      je dis: non, c’est qu’il y a déjà eu castration parce que sinon,
      comment y-a-t-il sublimation ? AD :
      On sublime avec la pulsion, avec le langage. Je dois avoir un autre
      semblable, je dois avoir un autre symbolique, je dois avoir tout
      l’appareil, je dois être un être social. MOM :
      Si je ne fais pas autre chose, la sublimation c’est ça : je
      suspends la vie que j’ai déjà appris à vivre et qu’en plus je vis
      bien. Parce que parfois nous nous laissons guider par les apparences, ce
      poète qui souffrait à Paris, par exemple, Vallejo… Mais Vallejo
      pensait intimement qu’il était en train de transformer la langue
      espagnole. En réalité il a vécu une vie paradisiaque, il ne mangeait
      jamais, on l’a frappé à Paris, on l’a frappé au Portugal, on l’a
      baisé en Espagne, mais lui, il était cette énergie, cette force. Parfois
      vous me voyez peindre et moi je ne peins pas très bien, je peins, mais je
      peux peindre parce que je pense fermer tous les musées d’Espagne, sinon
      je ne pourrais pas peindre. Et pourquoi je vais les fermer. Parce que ce
      ne sont pas des peintres, parce que pour moi ce sont des dessinateurs, ce
      sont des demoiselles, ce sont de petits commerçants et il y a quelques
      peintres, mais nous n’avons pas besoin de musées. Le reste ils peuvent
      le montrer aux jeunes en photographie et voilà. Alors
      on ferme tous les musées, et dans les musées on installe des bordels, on
      ramasse de l’argent, au lieu d’avoir des putes qui cassent les pieds
      à tout le monde dans tous les quartiers, je ferme ces locaux, j’ouvre
      un bordel contrôlé par l’État, l’État touche une commission et
      avec ça paie les études secondaire où les jeunes ont besoin de plus de
      professeurs, de plus de salles de classe. J’apporte une solution aux
      problèmes de plusieurs collectifs. AD :
      Ce n’est jamais de l’ordre du besoin, du besoin naturel ou primaire
      sinon du besoin du désir. MOM : 
      Oui, parce que, quand on ne donne pas à manger aux enfants qui
      meurent de faim dans n’importe quel pays du monde, ce n’est pas
      qu’il manque de la nourriture c’est que si je leur donne à manger
      aujourd’hui, demain je dois leur donner de l’éducation. AD :
      Je dois leur permettre de sublimer. MOM :
      Je dois leur permettre de sublimer. Peut-être qu’il en sortira un
      artiste. CS :
      Revenons au thème de la semaine dernière : je leur donne des
      drogues et ça me revient moins cher. MOM :
      C’est meilleur marché. Éduquer un enfant c’est très cher. CS :Avec
      un peu de chance il meurt, il devient inutile. MOM :
      Et cela résout le problème de la Sécurité Sociale.  CS :
      Maintenant je comprends les premières phrases de la première partie de
      l’entretien. Récapitulons. Vous avez dit qu’on ne peut que
      sublimer… MOM :
      L’amour, pour le dire bêtement. CS :L’amour
      face à l’autre ou face à l’Autre. Mais qu’est-ce qu’on ne peut
      pas sublimer alors ? MOM :
      Celui qui ne baise pas parce qu’il croit qu’il chante mieux quand il
      ne baise pas doit aller voir un psychanalyste. AD :
      Baiser c’est sublimer. CS :
      Baiser c’est sublimer pour un humain ? MOM :
      Bien sûr, c’est une des formes de la sublimation. Tous n’y arrivent
      pas  Public.
      Mais chez ce type de sujet, le narcissisme aurait trop d’influence, non ? MOM :
      C’est que je crois qu’un sujet comme ça n’est un sujet ni comme ci
      ni comme ça. Vous, vous croyez que le narcissisme est une maladie et le
      narcissisme est un passage vital du sujet. Je suis en train de dire, en
      plus, qu’il n’y a pas de narcissisme primaire, (bien qu’il semble
      que j’ai quelques chercheurs dans le Grupo Cero qui sont en train de
      faire des recherches sur l’existence du narcissisme primaire). Il y a
      seulement un narcissisme secondaire, même s’il semble antérieur à la
      castration parce que c’est une chose qui arrive quand on est petit et
      qu’on aime. Ensuite s’installe l’opération de castration. AD :
      S’il y avait un narcissisme primaire l’être humain n’aurait besoin
      de rien de plus. Il se contenterait de ça, il se satisferait. C’est
      comme s’il y avait un instinct grégaire. MOM :
      Exactement. Public :
      S’il y avait un narcissisme primaire il n’y aurait pas de conflit, il
      n’y aurait pas de désir. MOM :
      Ça, c’est le problème. Moi je peux, comme sujet ce qui fait le sujet 
      (je ne sais pas si je le dis un peu à la manière de 
      Tarzan, mais c’est exprès). Je peux avoir différentes conduites
      face au mot « mort », je ne peux pas éviter le mot « mort ».
      Je peux baiser d’une manière, baiser d’une autre manière, mais je ne
      peux pas m’attribuer à moi exactement le fait de baiser parce que
      baiser, le fait que l’homme baise, est un problème de l’espèce et
      l’espèce est plus grande que moi, donc même si je me crois très
      intelligent…Mais vous me dites qu’il y a des gens qui ont des enfants
      et qui continuent à baiser. Bon…Je viens de penser deux ou trois énormités
      que ne vais pas vous dire. CS :
      Dans toutes les maladies il existe un facteur incontrôlable pour la médecine,
      je veux dire un facteur psychique. Dans quelle mesure le psychisme influe
      quand on tombe malade ? MOM :
      Vous voulez résoudre les problèmes de la médecine ou vous voulez
      converser ? Parce que si vous voulez converser je vous dirai que ce
      problème qu’a la médecine avec la psychanalyse toutes les disciplines
      l’ont, toutes. Il y a des disciplines qui ne vont pas faire un pas de
      plus, un seul pas de plus si elles ne prennent pas au sérieux le fait
      qu’il y a un concept, le concept de l’inconscient, qui s’est produit 
      il y a cent ans et qui explique précisément ce que ces gens
      cherchent à s’expliquer. Dans le cas de la médecine avec les maladies,
      dans le cas des  CS :
      Evidemment, une des autres questions qu’on m’avait préparées était
      sur les unités de douleur des hôpitaux, le problème de la douleur. Que
      peut apporter la psychanalyse? La douleur est psychique par excellence. Je
      veux dire qu’elle est très fortement touchée par le psychique. Nous
      savons qu’il existe les placebos, nous savons que tout est relatif.  MOM :
      Premièrement je voudrais vous répondre par une plaisanterie. Quand vous
      m’avez demandé que peut faire la psychanalyse pour la douleur…C’est
      bien ce que vous m’avez demandé, n’est-ce pas ? Ce que la
      psychanalyse peut faire c’est une collecte et payer quatre ou cinq
      agriculteurs pour qu’ils cultivent de la marihuana de première qualité
      et la distribuer dans les hôpitaux, dans les unités de douleur. Et avant
        Une
      pneumonie est douloureuse, on a mal à la plèvre. Je ne suis pas stupide.
      J’ai ouvert des ventres avec mes propres yeux et je n’ai rien trouvé.
      Je dis que la douleur fait souffrir, mais évidemment, la médecine
      actuelle , les gouvernements ne veulent pas de solutions pour mitiger la
      douleur. C’est une époque où il est interdit de rendre heureux le
      citoyen et mitiger la douleur de la population c’est rendre heureux les
      citoyens. L’homme souffre uniquement parce qu’il a mal ou parce
      qu’il va avoir mal, l’homme ne souffre de rien de plus. Parce que si
      la femme aimée s’en va et que cela ne 
      me produit pas le dépit que ça me produit, comment ne vais-je pas
      l’oublier… Je l’oublie immédiatement, mais ça me produit cette
      blessure narcissique : « elle m’a abandonné, moi qui était
      le meilleur amant. ».  CS :Et
      pourquoi les laboratoires ne s’approprient pas de la marihuana alors
      qu’ils se sont appropriés de la morphine, de l’opium, de tous ces
      calmants ?  MOM :
      Allez fabriquer de l’opium chez vous, essayer de faire quelque chose 
      de synthétique. C’est impossible. Par compte l’herbe a une
      tradition. Moi, je lis les journaux, je n’ai aucune information bizarre.
      La dame de 83 ans, qui tout d’abord est arrivée jusqu’à 83 ans –ce
      qui est assez difficile- fume de la marihuana pour l’arthrite et elle en
      souffre moins. Elle n’a pas d’arthrite, elle ne doit pas avoir
      beaucoup d’arthrite parce qu’elle plante les petites plantes, elle les
      arrose, elle prend les graines.  CS :
      Elle a inventé l’arthrite pour qu’on la laisse fumer.  MOM :
      C’est possible. Mais le problème c’est qu’il y a des gens qui
      s’inventent la maladie  pour
      faire quelque chose et ce quelque chose ne leur sert à rien pour guérir
      la maladie. Et puis, il y avait cette équipe d’Espagnols qui avaient décidé
      que la marihuana était bonne pour le cerveau et qu’elle prévenait les
      tumeurs cérébrales, l’une d’entre elles, le gliome que les
      neurologues (j’espère des neurologues qui ont lu quelques livres voient
      ça), le considèrent biologique et l’opèrent, mais ils font toujours
      allusion au fait que dans le processus qui déclenche cette tumeur il y a
      eu une catastrophe animique. La vérité, c’est qu’ils étaient en
      train de faire des recherches qui pouvaient porter des fruits  Nous
      sommes Européens et dans toute l’Europe la marihuana est utilisée
      comme additif non pour t’enivrer mais pour colorer, pour donner de
      l’odeur. C’est permis au moins dans 4 ou 6 pays européens. Le fait
      qu’en Espagne ce ne soit pas permis ne parle  pas en notre faveur. Cela indique que nous nous trompons :
      nous interdisons ce que nous ne devons pas interdire et nous laissons en
      liberté ce que nous devrions interdire.  CS :
      Vous avez entendu parler de la consommatrice d’ecstasy la plus jeune de
      l’histoire ? Une petite fille de 2 ans à qui sa mère, par erreur,
      croyant que c’était de l’eau, a donné une gorgée d’ecstasy 
      liquide qui était dans une bouteille d’eau minérale. Cette
      femme travaillait dans une discothèque et il semble que le propriétaire
      de la discothèque avait chez lui, dans le frigidaire, une dose d’un
      composé qui n’est pas de l’ecstasy mais que l’on appelle de
      l’ecstasy liquide parce que c’est un nom qui se vend bien, mais
      c’est pire que l’ecstasy.  MOM :
      C’est du vrai poison. Que voulez-vous me dire avec ça ?  CS :
      Qu’on interdit des choses qui ne font pas de mal et qu’on en permet
      d’autres qui sont nocives.  MOM :
      Bien sûr, nous ne pouvons pas fermer toutes les discothèques du monde,
      mais nous pouvons conseiller les mères et leur dire qu’elles ne
      devraient pas donner à boire à leurs enfants des choses qu’elles
      trouvent dans les discothèques. Parce que nous n’allons pas commencer
      à fermer toutes les discothèques du monde. Les gens doivent bien vivre
      de quelque chose.  CS :
      Ils doivent bien boire quelque chose.  MOM :
      Bien sûr, parce qu’ils disent : « terminons-en avec la dépendance
      à la bière » et là n’est pas la question. La question serait :
      où va toute cette jeunesse sans correctif ? C’est bien…On leur
      interdit la bière et maintenant qu’est-ce qu’ils vont faire ? Il
      faudrait se calmer. Pour l’instant ce n’est que de la bière. Et au
      passage chercher à voir qu’est-ce que je fais pour corriger cette
      jeunesse pour qu’elle n’aille pas chaque fois à plus, chaque fois à
      plus. Je leur apprends mal les choses, je leur dis qu’il n’y a pas de
      travail au lieu de leur dire que le travail va leur sauver la vie.  CS :
      Je suis en train de penser que nous avons un entretien très
      psychosomatique.  MOM :
      C’est vous qui avez commencé.  CS :
      Et après la phrase, « je leur apprends mal », j’ai pensé
      « la poésie ». Ça ne serait pas une mauvaise idée de leur
      apprendre à lire de la poésie aux jeunes ; je dis aux jeunes, mais
      ça ferait du bien à tout le monde  MOM :
      C’est ce que nous nous faisons , mais les résultats sont relatifs.  CS :
      Relatifs…  MOM :
      Si vous comparez nos microchiffres avec les macrochiffres d’intoxiqués,
      évidemment nous sommes en train de perdre, mais si nous pensons qu’en
      lisant de la poésie on finit par écrire, qu’un tas de gens qui n’en
      sont pas au moment où nous en sommes lisent de la poésie, alors oui…  CS :
      Peut-être que nous sommes en train de perdre ou en train de gagner, mais
      en tout cas, aucun d’entre nous n’est encore mort à cause d’une
      overdose de poésie.  MOM :
      Il ne s’agit pas de convaincre les gens que nous avons la panacée parce
      que nous ne l’avons pas, sinon, moi je les convaincrai, mais nous
      n’avons pas la panacée. Si nous donnons notre vie au signifiant, si
      nous livrons notre vie à la parole, alors nous pouvons faire usage de la
      parole. Je veux seulement dire ça : si je ne donne pas ma vie à la
      parole, je peux faire usage de ce à quoi je donne ma vie inconsciemment,
      ma maman, la famille, l’état, le travail. Avec le travail, je suis déjà
      sauvé ; si je donne ma vie au travail au lieu de la donner à la
      parole…J’ai déjà une sorte de salut parce que là il y a une législation.  CS :
      Ce qui est clair c’est qu’il faut donner sa vie à quelque chose parce
      que sinon MOM :
      Et comment faire pour avoir la vie sans la livrer à quelque chose ?
      À un amour, même si c’est à un amour, même si je sais que l’amour
      est du domaine des chevaux , des bêtes, des vaches, au moins à
      l’amour. Peut-être que par amour on est capable de faire un saut en
      avant. Vous avez vu comme nous sommes ? N’importe quel homme,
      n’importe quelle femme , si son amour lui dit je veux que tu obtiennes
      pour moi telle chose…vous par amour, même si c’est alors masculin de
      le faire, vous allez et vous faites la conquête de quelque chose pour le
      donner à votre amour. CS :
      « Je vais, madame, derrière le faisceau de lumière de vos désirs ». MOM :
      C’est comme ça. CS :
      Ça ne serait pas mal de se lever la matin et de dire ça. MOM :
      Moi, jamais je ne dirais pas« que la lumière soit » dans un
      endroit où la lumière électrique n’existe pas et où je ne peux pas
      l’allumer pour qu’il y est de la lumière. Les gens disent parfois, 
      Menassa est fanfaron, parce que je dis : « que la 
      lumière soit », mais je me lève de ma chaise, j’appuie
      sur le bouton et la lumière surgit. Je ne suis pas du tout fanfaron. « Maintenant,
      je m’élève vers les hauteurs » et je suis dans un ascenseur. Ou
      bien, est-ce que s’élever vers les hauteurs signifie toujours 
      monter au ciel comme la Vierge Marie. Non. Moi, par exemple, dans
      mes tableaux je peins en permanence des ascensions. Les gens disent :
      « La Vierge Marie ». Et je leur dit : « Non…C’est
      la poésie qui s’élève. N’importe quoi peut s’élever, n’importe
      quelle chose fragile comme la Vierge Marie, parce que tu te rends compte
      que la Vierge était fragile et c’est pour ça qu’elle a pu s’élever.
      Jésus qui était plus lourd ,personne ne l’a vu ni tomber de la croix
      ni monter au ciel, par contre une chose aussi légère qu’Une Vierge,
      une telle inexistence, à cette époque… … CS :
      Où il n’y avait pas de pollution. MOM :
      Aucune. Mais il n’y avait pas non plus de vierges parce que personne
      n’avait le concept de jeune vierge, d’enfant. Cela existe depuis 200
      ans. CS :
      Quelque chose de plus pour l’entretien ? MOM :
      Réellement j’aimerais par exemple que vous qui avez cette position polémique CS :
      Moi j’aime le parti que vous avez créé quand vous étiez à Buenos
      Aires, le Partido al medio. [N.T : Peut se traduire de deux
      manières: Parti à la moitié et coupé
      au milieu]. MOM :
      Coupé au milieu, la scission fondamentale de la main de la
      psychanalyse. SARAMA Sarama est
      le lieu de la femme que j’aime, Puis fatigués
      de rêver, MA CHÉRIE : Dans les jours de l’amour j’avais coutume, sans me retourner en arrière, d’aimer avec tout le désespoir possible, ensuite quelque chose s’est calmé en moi, quelque chose est devenu presque douceâtre, presque maladroit. Je suis empoisonné, je suis absolument empoisonné. Sang et semence sont du pus troublé dans ton souvenir. Sont du pus glorieux bousculant l’univers. Nous étions transportés et luxurieux de nos corps pourrissant dans le brouillard. Tout était délicat, de temps en temps un antibiotique nous rappelait à la réalité, qui n’était jamais belle, dans la réalité il y avait toujours quelque dette non payée, un plat brûlé, un amour déteint… 
 
 Elle était contente comme dans les grands jours. - Le sexe –me dit-elle- ce sont les imbéciles et quelques chiens des rues qui le pratiquent, le reste de l’humanité, nous deux inclus, essaie, sans pouvoir, de le parler. - Oui, je vous comprends –lui ai-je alors répondu- , vous êtes amoureuse de moi parce que je vous soutiens dans l’air sans vous toucher. Elle, elle a préféré que nous continuions la prochaine fois. Moi, avant qu’elle s’en aille je lui ai encore dit : - Rendez le monde plus beau, collaborez avec la poésie. Elle fit alors une grimace et ce fut sa manière de prendre congé. 
 
 Elle m’a dit qu’elle était peut-être enceinte. Moi je lui ai dit que si c’était une ent. 
 
 
 
 1 ce carrefour que nous devrons tuer le monstre. 
 Comme ils sont subtils les liens de la mort ! Presque tissée dans l’amour, ainsi, histoire. El Indio Gris ÇA C ‘EST DE LA PUBLICITÉ   PLEURS
      DE L’EXIL Auteur :  |