Revue hebdomadaire sur Internet Fusionne, dirige, écrit et correspond : Menassa 2002 NOUS
NE SAVONS PAS PARLER NOUS LE FAISONS EN PLUSIEURS LANGUES: INDIO
GRIS, EST LE PRODUIT D´UNE FUSION INDIO GRIS Nº 94 ÉDITORIAL ENTRETIEN
AVEC LE POÈTE MIGUEL OSCAR MENASSA
Dimanche,
10 mars 2002 Carmen
Salamanca : L’autre
jour vous avez posé des questions sur le thème de la femme travailleuse.
Que pensez-vous, quelle est votre opinion sur la relation femme-travail ? Miguel
Oscar Menassa:
Je n’ai pas bien compris la question. CS :
Pourquoi croyez-vous que l’Association donne ce prix ? MOM :
Pourquoi je crois que l’association donne le Prix à la Femme
Travailleuse ? Mais c’est une question différente à la question
antérieure, non ? CS :
Oui. MOM :
Moi j’étais en train de penser à la question antérieure. CS :
Je n’ai pas pu la répéter de la même manière. Que pensez-vous de la
relation de la femme avec le travail ? MOM :
Ah ! C’est une chose très complexe et très difficile à expliquer
parce que les gens disent tout de suite : « Eh ! vous exagérez ».
Je me souviens d’un texte de Mao où il disait que la principale
contradiction, par exemple, prolétariat-bourgeoisie, était remplacée
ensuite par des contradictions secondaires qui devenaient primaires. Si
tout d’abord il était nécessaire
d’en terminer avec la dialectique prolétariat-bourgeoisie, qui était la
contradiction primaire, il fallait ensuite, selon lui, apporter des
solutions à d’autres contradictions secondaires. Une contradiction
secondaire à celle de bourgeoisie-prolétariat est prolétariat
rural-prolétariat urbain ; nous l’avons déjà dit au cours
d’autres entretiens, allez savoir si ça n’a pas été une cause non
étudiée à Cuba qui a produit un des problèmes. Mao disait que nous
devions prendre au sérieux la
tâche de voir comment nous arrangions le problème, l’exploitation du
prolétariat rural par le prolétariat urbain. Ensuite Mao disait qu’il
y avait une contradiction qu’on tarderait mille ans à résoudre et qui
était la contradiction homme-femme. C’est-à-dire que nous ne savons
pas encore quelle est la relation que la femme a avec le travail. À mon
avis (et excusez-moi parce que ce sont des sujets difficiles) pour
l’instant nous savons la relation que l’homme permet à la femme
d’avoir avec le travail. Par exemple , pour savoir quelle relation
elle a avec le travail, il est nécessaire que le chef soit une
femme, que les employées importantes soient des
femmes ? Pourquoi ? Pour que ce soit elles qui montrent
quelle relation elles ont avec le travail. C’est-à-dire que,
n’importe quel endroit où la femme excède en nombre les hommes, se
transforme en autre chose. Ça
c’est important de le savoir. CS :
En autre chose… MOM :
En autre chose….Quelque chose de différent de ce qu’il est, non en
quelque chose de plus laid. Vous comprenez ce que je veux dire? CS :
Non. MOM :
Par exemple, les écoles de psychanalyse, à mesure que les femmes
envahissent le champ, pensent des choses qu’auparavant elles ne
pouvaient pas penser… Ne vois-tu pas qu’en politique le socialisme et
le PP sont tous d’accord, la Gauche Unie aussi, quand il s’agit de
n’accorder aux femmes que 25% [de participation à la vie politique] alors qu’il y a plus de femmes
militantes que d’hommes dans un tas d’organisations. Ce qui se passe
c’est que s’ils donnent le parti aux femmes…Vous me suivez
maintenant ? CS : Oui, mais alors, vous voulez dire qu’il y a une pensée féminine et une pensée masculine sur les choses, la réalité ?
MOM :
Non, je veux dire que le prolétaire n’est pas un être humain
différent du bourgeois. Ce n’est pas que le prolétaire et le bourgeois
pensent différemment, sinon que l’un a des moyens de production et
l’autre a une force de travail et celui qui a les moyens de production
exploite celui qui a la force de travail. Avec la femme il se passerait la
même chose. Ne suis-je pas en train de dire qu’on les paie moins ?
Ce n’est pas que la femme pense d’une manière différente, c’est
que c’est un être exploité, un être soumis, un être en esclavage. CS :
Mais il y a quelque chose que je ne comprends pas très bien. MOM :
Qu’est-ce que vous ne comprenez pas ? CS :
Avant vous avez dit « si elles sont une majorité de femmes, ça
se transforme en autre chose ». MOM :
Je vais vous faire une lecture. Lorsque dans le Grupo Cero il n’y avait
que des hommes, tout le monde savait qu’ils allaient être sept et que
le reste était ou mouvement ou clientèle ou je ne sais quoi. Au fur et
à mesure les femmes s’introduisent dans le Grupo Cero, à tel point que
dans le Grupo Cero Madrid , au moment de sa fondation, il n’y a pas
d’hommes ; ensuite viennent les hommes, et là la structure du
Grupo Cero change de sorte qu’actuellement on peut dire qu’il y a
mille, deux mille personnes. De plus, lorsqu’il y avait cent pour cent
d’hommes, on discutait pour décider si on faisait deux mille, mille
exemplaires ou dix exemplaires de la publication ; c’était la
discussion que Menassa avait avec l’un des membres, qui disait qu’il
fallait publier dix revues, quinze pour les amis, pour ceux qui soient
capables de la lire et Menassa disait mille, deux mille, trois mille, huit
mille. Il disait tellement d’exemplaires qu’avec le temps, il a réussi
à publier 125.000 exemplaires d’une revue mensuelle de psychanalyse et
125.001 exemplaires d’une revue mensuelle de poésie. Ce qui se passe
c’est qu’en fait la discussion portait sur un être féminin, que j’étais
moi, poète, avec les puissants. Et ensuite, la rupture du Grupo Cero se
produit quand ils demandent l’inclusion des femmes. Oui, c’est la
dictature , mais il est vrai qu’ils rejettent l’entrée des femmes.
Parce que cela modifie. La femme il faut la supporter. Par exemple, moi je
veux travailler avec vous, mais je dois vous supporter. Vous avez une
certaine manière d’être, chaque fois que je vous dis comment doivent
être les choses, vous , vous sentez que c’est incorrect. CS :
Et ça, c’est une caractéristique féminine?
Au masculin cela arrive moins ou n’arrive pas ? MOM :
Je suis en train de vous dire que c’est une caractéristique de
l’esclavage, que c’est une caractéristique de la domination, non de
la femme. Le féminisme, croyant que c’est la condition féminine, en
arrive à demander l’égalité. C’est le problème de la femme, elle réagit
comme une soumise, comme un
peuple enchaîné. Elle ne peut pas demander l’égalité, ils vont
l’enchaîner de nouveau. Je vous donne l’égalité
et moi, ça fait 4.000 ans que je suis à cette place et je vous
donne l’égalité, à vous et je vous soumets de nouveau. Ou vous
demandez une différence radicale et vous faites les choses comme vous
croyez que vous devez les faire ou il n’y
a pas de progrès. Moi, je ne peux pas comparer, comme le dit Freud
dans L’interprétation des rêves.
Ça c’est nouveau et ça ne peut être comparé avec rien d’ancien.
Pourquoi ? Parce que si je le compare avec quelque chose de vieux, en
essayant de le clarifier, je le perds. C’est-à-dire que si maintenant
je prends les choses que fait la femme et je les compare avec les choses
que l’homme a faites, je la perds, je la perds comme femme, je la
transforme en instrument de domination. Ce qui est intéressant dans tout
cela c’est que l’homosexualité masculine est une chose créée par le
pouvoir des hommes sur les femmes, tout au moins dans les cultures que
nous connaissons. Dans la culture grecque, les homosexuels étaient ceux
qui avaient le pouvoir , les esclaves étaient ceux qui avaient les
relations hétérosexuelles et la femme jouait de la flûte. Mais les
homosexuels écrivaient, parlaient, pouvaient participer aux
conversations. L’homosexualité féminine est une chose créée par les
hommes, non par le pouvoir. C’est contre la femme ! Que la femme
ait des relations homosexuelles, c’est une chose et qu’elle brandisse
l’homosexualité comme un drapeau, c’est autre chose, une chose
qu’il faut étudier. Les relations que l’on entretient avec le monde
sont intimes, et en plus elles sont toutes homosexuelles, ou toutes hétérosexuelles.
Il n’y a pas homme ou femme psychiquement, il y a homme ou femme pour la
reproduction de l’espèce, ensuite psychiquement c’est trente-cinq
pour cent, vingt-deux pour cent, une nuit oui, une autre nuit non, le
matin suivant non, si tu me sers le café de cette façon tu es ma maman,
si tu me le sers de cette façon tu es mon papa, ou le serveur, ou
l’oncle…Le psychisme est très labile, il ne peut pas affirmer son
identité sexuelle très rapidement. Si nous sommes
dans l’intimité, si les couples veulent essayer autre chose, ils
se font autre chose. Je suis un homme, je suis homosexuel, je suis hétérosexuel…ça,
ça ne peut se dire qu’en public ; dans l’intimité ça
n’existe pas. Si une fille lèche le cul à un homme, est-ce que là
l’homme est homosexuel ? Ou l’homme, le jour où il n’utilise
pas sa bite…Dans ce cas, est-ce que lui et elle sont deux femmes ? CS :
Et vous, quelle modalité sexuelle auriez-vous ? MOM :
Moi je serais trisexuel : homosexuel, hétérosexuel et esclave. CS :
« Esclave », c’est de quel sexe ? MOM :
Jouir, parce que celui qui travaille toute la journée en pensant au temps
de l’esclave c’est le maître. CS :
Oui, les apparences ne nous amènent nulle part, ne nous amènent à
aucune vérité. MOM :
Avant qu’Aznar ne gouverne, les apparences étaient déjà trompeuses ;
cela ne veut pas dire qu’Aznar soit l’inventeur du fait que les
apparences soient trompeuses. CS :
Bien…Les apparences ne nous amènent nulle part. La différence se voit
dans les actes ? MOM :
Quand je me suis référé à Aznar j’ai dit qu’ils veulent que les
apparences soient la vérité, le gouvernement actuel veut que les
apparences soient la vérité. C’est-à-dire qu’ils ont un problème
très important avec l’argent noir, l’argent, ce problème important
qu’ils ne savent pas comment résoudre : grandes quantités d’héroïne,
de cocaïne, de pastilles cérébrales, de je ne sais quoi, et eux ils le
résolvent en faisant la campagne contre les jeunes qui prennent de la bière
dans la rue jusqu’à en arriver à la prohibition, à la loi sèche. Et
à qui convient la loi sèche ? Aux contrebandiers d’opium, d’héroïne,
etc. CS :
Les synthétiques vont augmenter, tu vas voir, le mois prochain. MOM :
De plus les morts augmentent parce que tout le monde est fâché. Le
contrebandier avant t’apportait l’ «ecstasy», des pastilles
contenant un 40% de drogue
alors les jeunes en prenaient 2 ou 3 et maintenant ils se sont fâchés et
ils l’apportent à 100%. L’autre jour deux jeunes sont morts à Séville
ou à Malaga. À cause de la pureté de la drogue. La drogue venait avant
à 40-50%, ils l’ont mise
à 70-80% et ils ont tué 3 jeunes. Mais ça, c’est parce que le
gouvernement est en train de regarder d’un autre côté : « Comme
ça ne se voit pas, ce n’est pas vrai ».Comme ont ne voit pas que
dans les tribunaux on te demande de l’argent pour passer tes papiers de
tout en bas à tout en haut, parce qu’il y a beaucoup de procès, alors,
ce n’est pas vrai. Ce n’est pas vrai même quand des gens téléphonent
[aux media] pour dire qu’ils ont dû payer. Plusieurs personnes ont
appelé au programme de Mª Teresa Campos et la troisième ils ne l’ont
pas laissé parler parce que « comme nous ne savons pas si c’est
vrai ça… ». Vous voyez qu’ils se laissent guider par les
apparences. C’est vrai que les jeunes boivent de l’alcool, mais que
les jeunes boivent de l’alcool ça ne doit pas être si grave ,
puisqu’ils le font dans la rue. Vous comprenez ? Par contre, nous
ne savons rien de ce qui se fait dans des chambres blindées parce que ,
dites-moi, où vont-ils garder 1.000 kg d’héroïne ? Où vont-ils
garder 2.000 kg de cocaïne, 800 tonnes de haschich ? C’est bien
parce que ça c’est ce que découvre la police mais parfois elle ne le découvre
pas. Où garde-t-on tout ça ? Il doit y avoir de grandes maisons, de
grands locaux, c’est-à-dire de vastes dépôts que la police pourrait détecter
si réellement la police étaient en train de lutter contre ça. C’est
comme le patinage, la patinage artistique qui est entouré de corruption
dont vous ne vous rendez même pas compte : « Je n’aime pas
ce gars alors je laisse passer l’autre qui me plaît » et personne
n’est content. Comment vais-je résoudre l’affaire de corruption
qu’ils ont ? Très facile : ils ne laissent plus les filles
montrer leurs fesses, les hommes ne peuvent pas porter des pantalons ajustés
pour ne pas montrer le paquet, etc. Il ne vont pas apporter des solutions
à la corruption de cette manière, ce sont des manœuvres de distraction
de l’État et l’État ne s’en rend même pas compte. Ils ont
transformé les problèmes que nous avons avec le Maroc, qui est sur le
point de nous déclarer la guerre, en discussion pour savoir si Felipe
Gonzalez va ou ne va pas au Maroc. Vous voyez que c’est un gouvernement
qui veut faire croire au peuple que les apparences sont la vérité ?
Pardonnez-moi pour cette incursion dans la politique alors que c’est
vous qui en savez le plus sur ce sujet. Le
tableau, je l’ai déjà terminé. Il s’appelle « La prison de la
femme travailleuse ». Qu’est-ce que ça veut dire ? Que si
elle ne s’emprisonne pas comme femme travailleuse, elle ne pourra pas
faire la révolution. Comme le disait Freud, si je crois que ce que les
gens me donnent c’est pour mes beaux yeux et je n’ai pas de beaux
yeux, ils ne vont rien me donner. Vous
avez sûrement revu un tas de phrases cette semaine, en essayant de faire
votre conférence de ce soir, mais il est vrai qu’il y a des cas où la
femme préfère n’importe quoi plutôt que de travailler, donc ça
devrait être la même chose dans l’autre sens. Avant de commencer à
travailler il faudrait se
demander : Je veux travailler ? Je veux devenir indépendante ?.
Mais, bien sûr, je ressens une tristesse en tant que femme, quand je
travaille ; je dois être laide, je dois être peut attirante, je ne
dois pas éveiller beaucoup de désirs puisque aucun homme n’est disposé
à m’entretenir. La
femme va au travail accompagnée d’une tristesse, d’une déception. CS :
Oui, mais une fois qu’elle se rend compte que c’est comme ça, elle
peut retourner la situation et utiliser cela pour son propre bénéfice. Voilà
une des phrases que j’ai lu cette semaine :« Les hommes,
quand un homme va parler, écoutent d’abord et ensuite ils regardent ;
quand une femme va parler ils regardent d’abord et, si ce qu’ils
voient leur plaît, ils écoutent. » MOM :
Oui, c’est vrai. C’est pour ça que quand j’étais jeune je parlais
tant de ma bite. On ne saura jamais si elle grande ou pas ; mais
quand j’étais jeune, je savais que si je disais que j’avais une
grande bite, les gens allaient m’écouter avec plus de respect. Moi, je
n’ai jamais montré ma bite à personne mais j’ai toujours écrit
qu’elle était grande. CS :
Vous avez engendré un courant d’opinion. MOM :
J’ai engendré un courant d’opinion tel que les gens me respectent. CS :
Il y a une phrase dans Les 2001 Nuits qui dit : « Le
flux d’argent s’est paralysé et elle, elle a paralysé la vie, la
jouissance ». Comment peut-elle prétendre avoir de l’argent si
elle ne travaille pas ? MOM :
Bon…Pour ce que dit la phrase. On lui avait promis que si elle donnait
de l’amour, de la jouissance et je ne sais quoi, on lui donnerait de
l’argent. Je ne sais pas comment c’est. Je ne sais pas pour quel motif
intime une femme finit par faire tout ce qu’elle fait. Allez savoir ! CS :
Pourquoi elle fait les choses ? Qu’est-ce qui pousse une femme à
travailler, à avoir une vie ? MOM :
On dit que la femme fait tout par amour. Qu’est-ce que je sais moi de
tout ça ! La vérité…
je ne sais pas. CS :
Il faudra qu’elle parle, il faudra qu’elle fasse des recherches sur la
question. MOM :
Ce que je sais c’est qu’il y a beaucoup de chercheurs qui ont voulu
faire parler la femme de ses problèmes, qui lui ont demandé comment elle
vit sa vie. Et elle, elle ne veut pas, parce qu’elle dit que ça ne lui
convient pas. Public :
Il y a des gens qui préfèrent être malades, il leur convient d’être
malade. MOM :
Par exemple, quand les esclaves ont commencé à se libérer, il y avait
des esclaves qui défendaient l’esclavage, il y avait des esclaves que
l’on devait convaincre de la liberté, avant de courir le risque ils préféraient
continuer à être esclaves. Les gens sont comme ça. CS :
Vous avez dit plusieurs fois que les révolutions masculines ont échoué
et que doit venir une révolution féminine, ou une révolution de la
femme -je ne sais pas exactement- des femmes. MOM :
Nous pouvons l’appeler féminine pour pouvoir donner à ceux qui
s’appellent hommes une possibilité de participer à cette révolution,
dans ce sens. Mais, quelle était votre question ? CS :
La révolution de ce siècle, si c’est une révolution féminine,
qu’est-ce que ça supposerait ? MOM :
Si je savais ce que supposait la révolution féminine, il n’y aurait
pas de révolution, parce que je pourrais ne pas la faire venir. Par
exemple, les hommes croient que si la femme prend le pouvoir il va y avoir
plus de liberté sexuelle, moi je crois que si la femme prend le pouvoir
la liberté sexuelle est terminée. Et pour quoi la femme veut-elle la
liberté sexuelle ? Peut-être que vous qui êtes intelligente vous
pouvez trouver une explication. C’est très difficile. Public :
Elle l’a déjà. MOM :
Il me semble que oui. Qu’elle a déjà la liberté sexuelle, c’est
pour ça que, pour quoi va-t-elle vouloir la liberté sexuelle ? On
veut donner à la femme quelque chose que la femme a, et qu’en plus elle
utilise : Tu ne te rends pas compte à quel point le cinéma est
plein de cette utilisation de sa liberté sexuelle. CS :
C’est le plus ancien. MOM :
Dans le livre d’Armand Salacrou, Une femme libre, que parfois je
vous recommande, elle, elle comptait jour après jour les jours où son
amant était avec elle et elle le notait sur le mur, elle faisait une
marque sur le mur chaque jour où l’homme était avec elle et elle était
heureuse qu’un jour de plus soit passé, et qu’ils vivent ensemble.
Quand il lui parle de se marier avec lui, elle disparaît. CS :
Parce que là, l’émotion est terminée. MOM :
Je ne sais pas si l’émotion ou la liberté, ma chérie. Le mariage est
une institution, ce qu’on doit faire est déjà programmé. Qu’est-ce
qu’il faut faire ? Qu’est-ce qu’il faut respecter ? .
Durant des années et encore actuellement, me semble-t-il, c’est une
circonstance atténuante que
l’homme tue la femme par jalousie, je ne sais pas si c’est encore une
circonstance atténuante mais en tout cas ça l’était il y a très peu
de temps. Voilà comment est constituée l’institution familiale,
l’institution du mariage, parce que sinon, il serait impossible de
penser que si l’institution ne dit pas une telle chose , la loi la dise
ensuite. CS :
Bien sûr, le fait que les femmes travaillent et aient une indépendance
économique porte un peu atteinte à l’institution du mariage. MOM :
Moi je crois que si la femme travaille et gagne beaucoup d’argent et
qu’elle est bien professionnellement,
le mariage ne peut l’intéresser sous aucun aspect. Pour quoi ? CS :
Il y a une blague qui dit : « Moi, pourquoi vais-je me marier
si j’ai trois animaux domestiques qui font les mêmes fonctions qu’un
mari: un chien qui aboie contre moi le matin, un perroquet qui dit des
jurons toutes la journée et
un chat qui arrive très tard le soir ». C’est un contrat le
mariage, l’institution. On me disait il y a un moment que dans le livre :
Actualité de Sigmund Freud. Le transfert, Menassa (bon…
vous dites , puisque vous êtes vous-même Menassa) qu’à partir de
la première interprétation qu’on vous a faite : « affaire
d’hommes ? » il vous a fallu 12 ans
pourque vous pouvoir
inclure une femme dans votre regard. MOM :
Qu’est-ce que vous me demandez ? Si j’ai mis beaucoup de temps
parce que je suis taré ? CS :
Que veut dire une femme dans votre regard ? MOM :
Inclure une femme dans le regard veut dire que quand moi je pense, je
pense un homme masculin et une femme ou un être féminin. Que je
ne confonds jamais, dans le sens que lorsque c’est une femme qui fait je
ne lui demande pas des choses que je demande aux hommes. Et la culture montre les choses féminines comme si elles étaient
plus petites et ce n’est pas comme ça, ni plus petites, ni plus
grandes. On comprend ce que je veux dire. Ce sont des choses radicalement
différentes. Parfois
quelqu’un dit (avec les animaux c’est la même chose), l’oiseau
jaune-bleu vole très bien et alors quelqu’un arrive et dit : oui,
mais il ne chante pas. Mais je ne suis pas en train de dire qu’il
chante, je suis en train de dire qu’il vole. Les gens sont comme ça.
Quelqu’un dit : « La femme ne peut pas soulever une pierre de
quatre cent kilos. On pourrait lui répondre : « Oui, parce
qu’elle n’est pas basque. Si elle était basque elle l’a soulèverait. ». CS :
On voit de tout… MOM :
De plus, quand la femme gouvernera l’homme ne va pas disparaître,
l’homme continuera à faire les travaux
de force ; ce qui se passe c’est qu’au lieu de les faire
pour lui-même,il les fera pour la femme. CS :
Il y a une phrase
d’autrefois qui dit : « Tandis que Adam creusait Ève
filait. Lequel des deux était le grand seigneur ? ». MOM :
Ève. CS :
Justement. MOM :
Moi je vous dis comment sont les choses, et non comment je voudrais
qu’elles soient. Parce que je ne suis pas sûre que la femme soit
capable de s’octroyer la liberté. CS :
De se donner la liberté ? MOM :
Oui, de la prendre. Elle, elles est en train d’attendre quelqu’un qui
l’a lui donne et la liberté il faut la prendre. Qui va te donner la
liberté ? de plus, quand je demande ma liberté à quelqu’un, ça
veut dire que l’autre est en train de m’utiliser ? Je le dis dans
ce sens parce que sinon, pourquoi vais-je lui demander ma liberté ? Public :
Comme si j’avais ma liberté. MOM :
S’il est en train de m’utiliser et que je vais lui demander ma liberté,
il va me l’a donner ? Pas question. CS :
Parfois on ne songe même pas à demander sa liberté. On songe à
demander la permission de demander sa liberté. MOM :
Mais ça c’est la mère et ça
arrive aux femmes aux hommes.
C’est-à-dire que toute femme, tout homme qui demande la permission à
son amant pour telle ou telle chose, ne vit pas avec un amant, mais vit
avec sa maman. Public :
Et en plus il ne le veut pas, parce que s’il le demande c’est pour
qu’on ne le lui donne pas, et à plus forte raison s’il le demande
à un maître. MOM :Tu
demandes la permission à ta maman et si en plus tu dois demander la
permission à la personne avec laquelle tu vis pour vivre, alors là tu
t’es foutu dedans, c’est-à-dire que tu t’es trompé. Parce que le
problème de la jalousie fait partie de la constitution psychique. Ça
c’est une chose. Mais c’est autre chose quand je la tue par jalousie.
Quand je punis la femme –l’homme punit la femme par jalousie-
c’est comme si l’homme s’en était approprié, comme si la femme était
véritablement un objet et lui s’en est approprié et alors comme
c’est à lui… CS :
Je l’ai tuée parce qu’elle était à moi. Public :
Seulement pour ça. Il n’est même pas jaloux par amour. MOM :
Vous êtes en train de vendre ou c’est une manifestation ? C’est
une manifestation contre les peintres. CS :
Les peintres, le dimanche, nous voulons du soleil, nous voulons du soleil.
Public :
Ils demandent la liberté. MOM :
Qu’est-ce que vous dites ? CS :
Ils demandent la liberté, même dans la rue ils demandent la liberté.
Moi je n’ai plus de questions à vous faire pour aujourd’hui. MOM :
Vous ne voulez pas que je vous donne un conseil maintenant qu’on va vous
nommer Femme Travailleuse ? CS :
Oui, s’il vous plaît, un peu de soutien. MOM :
Ça, vous pouvez en acheter au Corte Inglés. [ N.T : 1.« soutien »
en espagnol signifie aussi « soutien gorge ». 2. Le « Corte
Inglés » est un grand magasin]. Moi,
ce que je peux, c’est vous donner une
phrase. Vous dire par exemple : si vous ne le croyiez pas quand vous
travailliez toute la journée et que personne ne vous félicitait,
pourquoi allez-vous le croire maintenant que vous continuez à travailler
toute la journée et qu’on vous félicite. CS :
Non, je ne le crois pas. MOM :
Vous m’avez répondu très rapidement. CS :
Si avant quand je travaillais toute la journée et personne ne me félicitait,
je ne croyais pas qu’on ne me félicitait pas pour ne pas travailler,
alors maintenant qu’on me félicite je ne vais pas croire non plus
qu’on me félicite pour travailler. MOM :
Exactement. CS :
Ce sont des apparences, n’est-ce pas ? Ce sont des apparences mais
ce sont aussi des phrases qui, suivant comment on les administre, feront
de votre vie une chose ou l’autre. MALÉDICTION Il te faudra vivre loin du soleil. Tu
habiteras le sud Tu
seras beau Miguel MA CHÉRIE : À mesure que je comprends ce qui nous est arrivé, ce que j’ai fait en sorte qu’il arrive à ma vie ces dix dernières années, je veux mourir, chaque fois plus et, cependant, je sais que je ne le ferai pas et avec le temps je finirai par me souvenir avec tendresse et bienveillance de mes tortionnaires. Un poème rendra aussi hommage au mal. Tu verras, quand j’aurai terminé de me déshabiller, ils sortiront aussi en courant, mais cette fois-ci impactés par ma pureté. Je n’ai jamais été touché que par moi-même. Quand elle m’embrassait, en réalité elle embrassait l’image que moi je projetais, en m’aimant, sur elle. J’ai toujours menti, ma chérie, j’ai toujours trompé, je n’ai jamais dit, exactement, la vérité à personne. Ni à ma mère, ni à Dieu. Et si maintenant tu veux que je te dise la vérité je te la dis : J’ai toujours menti. Et je ne peux plus que mentir. Ne pas dire tout à fait. Le dire à moitié. Le dire mais métaphoriquement. Dire en disant autre chose. Emmêler, embrouiller, déréaliser est une partie fondamentale de mon style. La parole m’avait mangé le cœur. J’en suis arrivé à être une plaine infinie de non sens. Les normes qui maintenaient unies certaines paroles à d’autres avaient disparu. La précision dépendait d’impondérables. La beauté du hasard. Ensuite, j’ai rencontré un tas de crocodiles et je leur ai dit comment faire les vers et les crocodiles m’ont dit que oui et ils ont mangé tous les fruits que j’avais réussi à réunir autour de moi. Ensuite, ils ont prétendu écrire et ils se sont enfoncés, sans plus, dans leurs remords de crocodiles. Je suis vivant ! Je suis vivant ! Et ça c’est ce que je chanterai.
- Vous avez vu, docteur, je continue à grandir, je peux arriver à être célèbre et fertile. Et quand je serai le plus grand parmi les grands ils devront me lécher les couilles. Moi j’ai attendu quelques minutes et je lui ai dit : - Un père impossible n’est pas un père non plus. Nous continuons la prochaine fois.
Elle m’a dit qu’elle était peut-être enceinte. Moi je lui ai dit que si c’était une fille nous pourrions l’appeler Joséphine. Elle m’a dit qu’elle ne supportait pas cette idée. Moi je lui ai dit que c’est elle qui m’avait donné l’idée que maintenant elle ne supportait pas. Elle m’a répondu que j’étais un fils de pute qui voulait la faire vivre pour élever des enfants. Sans savoir que lui répondre je lui ai dit : je ne suis pas enceinte. Et alors, elle m’a dit : Ah ! Heureusement.
1 Il n’est pas bon d’attendre que les choses viennent du ciel, il n’est pas bon qu’un autre fasse pour moi ce que je ne suis même pas capable de faire. 2 La vérité de la chair, la plus grande vérité de la chair a été ce qui a été le plus caché du XXe siècle. 3 Parfois la folie est simplement, l’exagération d’un mécanisme psychique normal. 4 Laissons
l’horreur nous ronger et ensuite, avec le temps, les conversations
commenceront.
5 Toute relation avec le monstre se fait impossible. Une fois sa voracité rassasiée, le monstre devient encore plus vorace. C’est à ce carrefour que nous devrons tuer le monstre.
Comme ils sont subtils les liens de la mort ! Presque tissée dans l’amour, ainsi, presque tissée dans l’illusion d’être. L’événement de la culture en nous doit être toléré comme les risques d’un baptême de sang. La bataille commence par être la propre vie et on lutte contre la somme de propriétés qui, articulées, te tuent. Enveloppé dans les sphères lumineuses de l’aube je me rappelle mon enfance et je pense, simplement, que tous mes rêves se sont accomplis. Cette fois –ci je ne veux avoir aucune complication, ni avec le sexe, ni avec l’argent. Sexe, uniquement là où il n’y a pas d’argent. Argent, uniquement où il y a du travail. Si je peux cette petite formule de terreur, je pourrai, aussi, un jour, écrire une histoire. El Indio Gris ÇA C ‘EST DE LA PUBLICITÉ PLEURS
DE L’EXIL Auteur :
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