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       Revue hebdomadaire sur Internet Fusionne, dirige, écrit et correspond : Menassa 2002 NOUS
NE SAVONS PAS PARLER NOUS LE FAISONS EN PLUSIEURS LANGUES: INDIO
GRIS, EST LE PRODUIT D´UNE FUSION INDIO GRIS Nº 91 ÉDITORIAL ENTRETIEN
      AVEC LE POÈTE MIGUEL OSCAR MENASSA
      Dimanche,
      17 février 2002 Carmen
      Salamanca : Dans
      ton premier livre « Petite histoire », dans presque tous les
      poèmes apparaissent le mot « rue » et le mot « jeune
      fille ». Tu nous avais déjà parlé de l’influence du quartier à
      cette époque, mais qu’est-ce que tu nous racontes d’autre?  MOM :
      Vu votre manière de poser des questions sur ces choses on dirait que vous
      voulez connaître des anecdotes sexuelles de mon adolescence. CS :
      Bon,
      aussi. MOM :
      Comment ça « aussi » ? Vous êtes en train de me
      questionner sur ces choses, et maintenant c’est moi que vous accusez de
      vouloir parler de sexe, justement avec vous, alors que j’ai besoin que
      vous soyez là en train de travailler. CS :
      C’est aux lecteurs de Indio Gris à qui vous devez raconter ça. MOM :
      Quelle était votre question? CS :
      Quelque anecdote sexuelle de cette époque de votre jeunesse :  1961
      « Petite histoire » MOM : 
      En 1961…du sexuel de 1961…Il n’y avait pas de sexualité à
      cette époque là…ou oui ? De quel siècle nous parlons ?
      Quand j’ai publié « Petite histoire » j’avais 21 ans, je
      « suivais » (comme on disait dans mon quartier) le service
      militaire et comme à cette époque j’avais un peu de malchance, j’ai
      dû faire mon service dans la marine 
      et normalement ça durait deux ans. Pour passer le temps , je me
      promenais en uniforme  de
      marin, j’allais à la faculté, au bar des étudiants, 
      rue Cordoba. J’avais un succès fou avec les femmes, avec
      l’uniforme de marin. Vous avez vu à quel point les filles ont de
      l’imagination ? Elle s’imaginaient en train de voyager avec moi
      dans une croisière et moi je leur mentais un peu, chaque fois que je les
      voyais je disais : « demain je pars » pour qu’elle
      y mette un  peu
      d’enthousiasme. Un succès fou, je n’avais rien à faire, regardez ce
      que vous me faites vous-mêmes pour… CS :
      À cette époque avec l’uniforme c’était suffisant. MOM :
      Oui…Mon allure et l’uniforme  de
      marin. CS :
      Je vous sens un peu lent  aujourd’hui. MOM :C’est  que j’ai senti que vous croyez que les lecteurs de
      l’Indio Gris sont des lecteurs qui ont besoin d’une certaine dose de
      sensations. Peut-être que vous avez raison, moi je ne connais pas
      beaucoup ces gens-là. Comme je passe mes journées à écrire…. Ces
      filles-là étaient géniales parce qu’elles m’aimaient même ne
      sachant pas que moi j’étais écrivain. Maintenant, quand une femme me
      regarde dans les yeux, je sens qu’elle est en train de lire quelques
      pages d’un de mes livres, jamais qu’elle est en train de me regarder
      dans les yeux, de telle sorte que l’amour devient beaucoup plus compliqué.
      Elle hésite à croire  que
      l’unique chose que je veux c’est qu’elle me console et moi je doute
      qu’elle comprenne qui elle est en train de consoler, alors comme ça,
      nous perdons beaucoup de temps. Ce
      dont je me souviens de cette époque c’est que j’avais des amies
      femmes, oui je m’en souviens, c’est-à-dire que j’étais capable de
      soutenir une relation avec  une
      femme sans avoir besoin de coucher avec elle, mais il est certain que je
      le compensais en couchant avec d’autres femmes, si on peu dire. Mais je
      pouvais, je pouvais être l’ami d’une femme 
      sans que n’intervienne rien de plus entre nous. Bon…ça c’était
      la relation sexuelle. N’exagérons pas non plus. Et moi, depuis ma plus
      tendre enfance je les entretenais toujours. Comme je me sentais coupable
      envers les filles parce que je n’avais pas voulu être dans leur école…Je
      m’étais enfui de l’école des filles et depuis lors j’en étais
      resté à moitié cinglé. Je
      suis peut-être avare de mots mais vous, aujourd’hui , vous êtes
      endormie, vous ne réagissez pas, dans les entretiens antérieurs vous réagissiez. CS :
      Oui, mais vous savez déjà  qu’il
      n’y a pas deux sans trois  et
      qu’ « à la troisième arrive la vaincue » [ proverbe
      espagnol] et alors tout est plus difficile. J’étais en train de penser
      à ce que vous avez dit: « je pouvais être l’ami des femmes »
      c’est comme si vous disiez que c’est quelque chose qui est difficile 
      normalement pour les hommes. MOM :
      En général l’amitié entre un homme et une femme est très difficile. CS:
      Pourquoi? MOM :
      Parce que les hommes comme les femmes sont jaloux, même de leurs amis.
      L’ami homme laisse la femme avoir des amis et des amants en plus de
      lui-même mais uniquement s’ils lui plaisent. Vous comprenez ce que je
      vous dis. Et pour  les filles,
      la même chose. Si tu as une amie et que cette amie que tu as choisie ne
      lui plaît pas, tu es foutu, elle ne te laisse pas avoir cette relation,
      elle l’abîme d’une  manière
      ou d’une autre. C’est-à-dire que nous sommes très primitifs,
      quelqu’un nous donne un baiser et au lieu de lui en être reconnaissant
      nous sentons qu’il nous appartient. Cette femme nous donne un baiser et
      une demi-heure après elle embrasse un autre et je lui casse la figure.
      Nous sommes très primitifs. Quand en réalité moi je devrais être
      reconnaissant à cette demoiselle et cette demoiselle devrait m’être
      reconnaissante que, profitant du fait que nous sommes tous les deux seuls
      ou avec des gens mais seuls…  Nous
      avons des critères bizarres. Il y a des femmes mariées qui font des scènes
      de jalousie en permanence, tous les jours, une ou deux, à leurs amants .
      C’est comme si ce qui était permis pour elle n’était permis que pour
      elle, une question avec la loi, comme s’il pouvait y avoir une loi pour
      elle seule. Beaucoup de femmes  veulent -je ne dis pas que toutes, et quelques hommes aussi-
      qu’il y ait une loi seulement pour eux. Bien sûr, c’est très
      complexe.  CS :
      Ça avec les femmes. Et avec les hommes, pendant le service militaire,
      avec les supérieurs ? Vous ne nous avez raconté aucune anecdote du
      service militaire. Vous vous êtes rendu compte de quelle manière subtile
      vous avez interrompu la réflexion ?  MOM :
      Oui, sur la femme. Vous n’avez pas voulu, vous n’avez pas voulu
      continuer. Moi j’ai été un indépendentiste, si l’on peut dire,
      comme si la femme était un territoire, moi j’ai toujours voulu libérer
      ce territoire. J’ai non pas une anecdote mais un fait historique, mais
      je ne sais pas si le raconter parce ça me fait un peu honte.  Par
      exemple, on dit que je me suis exilé à cause de la dictature militaire
      en Argentine, on dit ça, n’est-ce pas? Bon, en réalité je me suis
      exilé à cause de la psychanalyse. C’était la psychanalyse qui avait
      besoin qu’il y ait des psychanalystes , pas moi ou les Espagnols ;
      vu leur manière de résister, ça ne les intéressait pas. Mais toutes
      ces choses importent bien peu à la psychanalyse, dans son développement
      elle avait besoin d’analystes. Mimi Langer est allée au Nicaragua, au
      Mexique il n’y avait pas de psychanalyse, et en Espagne c’était
      fondamental qu’il y ait la psychanalyse parce que c’était une 
      langue que gagnait la psychanalyse, 350 millions d’habitants.
      Alors je me suis exilé pour ça, mais je me suis aussi exilé parce que
      lorsque j’ai voulu que des femmes entrent dans le Grupo Cero et les
      autres membres du Grupo Cero s’y sont opposés d’une manière catégorique,
      le mouvement était déjà très grand, il y avait déjà , en réalité,
      plus de femmes que d’hommes. Je dis cela parce qu’à la première réunion
      du Groupe qui s’est faite à Madrid, il y avait uniquement moi et des
      femmes. Et je crois que cette proportion continue d’exister
      actuellement.  CS :
      Et pourquoi c’est comme ça à ton avis?  MOM :
      Bon…Pas seulement dans le Groupe, dans cette discipline et en poésie
      aussi. La véritable soumission de la femme c’est là que je la vois ;
      parce que, quand il y avait plus d’hommes, sa position dans la culture
      était correcte, mais actuellement ce n’est pas comme ça. En
      psychanalyse clairement et en poésie aussi. Je m’explique?  De
      plus, en poésie, la femme a clairement une autre intention parce
      qu’elle veut faire sa révolution, l’homme on suppose qu’il l’a
      faite . L’homme a fait deux révolutions et il a échoué dans les
      deux cas. La révolution chrétienne a échoué, l’idée capitaliste du
      confort, où  les pays
      scandinaves, la Suède, la Hollande étaient tête de lance, a échoué.
      Le marxisme a échoué comme l’ont bien démontré la Russie et Cuba
      aussi. Et l’idée de confort capitaliste a échoué. Il n’y a plus de
      confort, même pour ceux qui ont trop d’argent. Et après le
      bombardement « innocent » des Tours Jumelles aux États Unis,
      évidemment personne ne vit confortablement dans le monde qu’ils ont
      fait, personne ne vit confortablement. Que faire ! C’est
      pour ça que l’idée de groupe devient si forte le siècle dernier, mais
      elle devient forte  à la fin du siècle parce que c’est possible de penser, il
      est plus facile de révolutionner un groupe. Ce n’est pas que ce soit
      plus facile, l’unique manière de révolutionner quelque chose est de révolutionner
      un groupe, il n’existe pas d’autre manière, c’est-à-dire, un
      groupe, quelques sujets. L’unique manière d’apporter une solution aux
      problèmes de distribution est de forme groupale. CS :
      De distribution ? C’est le problème du capitalisme. MOM :
      C’est le problème du capitalisme actuel, s’il pouvait résoudre ça
      nous aurions le capitalisme pendant 80.000 ans. Entre ce qui 
      pourrit et ce que n’ont pas ceux qui n’ont pas, il y aurait un
      équilibre parfait que le capitalisme ne peut pas tolérer, puisqu’il ne
      le fait pas. Parce que, à de hauts niveaux, même si vous croyez que
      c’est une question d’argent, ce n’est jamais une question
      d’argent, pas même la crise argentine est une question d’argent. Vous
      avez vu qu’il manque de l’argent ? mais c’est une crise
      politique. C’est très difficile à notre époque qu’un pays
      industrialisé soit en crise économique. Ce n’est pas que la
      marchandise manque mais qu’on échoue dans la distribution et l’échec
      dans la distribution est politique, toujours, dans tous les cas. Parce que
      ce n’est pas que les uns aient plus et les autres moins, c’est que
      pour que quelques –uns aient plus, la moitié de la planète reste sans
      rien. Je sais bien…Si je travaille avec elle et que j’ai plus de
      forces qu’elle, que je soulève plus de briques qu’elle –nous n’y
      pouvons rien- on va me payer plus qu’elle. Bien que je vous aie déjà
      expliqué l’autre jour l’idée du Che Guevara quand, étant ministre
      de l’industrie, il a dû accepter les normes du travail motivé parce
      que la Russie était entrée dans le travail motivé. La Russie , à cette
      époque, était déjà capitaliste, et c’est ce que disait le Che
      Guevara, que c’était une mesure très capitaliste qui ne pouvait pas se
      proposer à Cuba. Comme Fidel Castro était alors 
      comme cul et chemise avec la Russie, parce que les Russes lui
      envoyaient de la nourriture et de l’argent, il n’a pas dit que non, il
      n’a pas pu dire que non. Le Che Guevara s’est creusé la tête et il a
      dit :  « D’accord pour le travail motivé, mais on le
      payera avec des choses inutiles ». Celui qui vit dans la montagne,
      une voiture qu’il ne puisse pas l’utiliser, il la garde dans son
      jardin, des cadeaux inutiles, des cadeaux qui ne puissent pas 
      se compter comme de l’argent. C’était , c’était pour bien
      montrer que vous aviez travaillé plus et alors il y en avait une preuve
      dans le jardin de votre maison.   CS :
      Comme si cela changeait la valeur  d’usage. MOM :
      C’est faussement plus révolutionnaire. D’un côté c’était révolutionnaire
      parce que ça disait à Fidel Castro que sans l’industrialisation de
      Cuba il n’y avait pas de révolution et Castro pensait que le travail de
      l’industrialisation allait empêcher les processus révolutionnaires ,
      que c’était plus facile de se nourrir avec la Russie, qui à ce
      moment-là était puissante et à cette époque alimentait, alimentait réellement.
      C’est à l’époque de cette discussion que le Che Guevara s’en va en
      Angola, sort du Ministère de l’Industrie. C’est un échec total ,
      parce qu’ils ne l’ont pas laissé faire ce qu’il voulait faire, qui
      consistait à industrialiser tout le 
      pays. les Cubains cessent d’être paysans 
      et ils se transformer en prolétariat. Et là…allez savoir si Mao 
      n’avait pas raison quand il disait qu’après la contradiction
      bourgeoisie-prolétariat , s’engendrait une nouvelle contradiction qui
      était prolétariat rural-prolétariat urbain. Allez savoir si tout ça
      n’a pas pesé dans l’échec cubain.  Public :
      Mais, peut-il y avoir un capitalisme sans déséquilibre ? Peut-il y
      avoir distribution totale ? Il n’est pas nécessaire qu’il y ait
      ce déséquilibre ? MOM :
      Vous, vous êtes capitaliste comme moi, c’est pour ça que vous
      commencez la phrase en disant : Peut-il y avoir un capitalisme sans
      inégalité ? Moi je n’ai pas dit ça, j’ai dit qu’il pouvait y
      avoir capitalisme sans que ne meurt de faim la moitié du monde, moi je
      n’ai pas dit sans inégalité, celui qui a compris 
      sans inégalité c’est vous. Si vous êtes le chef de l’usine,
      le chef de l’entreprise, le chef du monde, vous sentez que je veux vous
      mettre à égalité avec le mendiant auquel vous donner quelques centimes
      le matin, moi je n’ai pas voulu faire ça. Moi ,ce que j’ai dit
      c’est qu’il peut y avoir un capitalisme qui ne laisse pas mourir de
      faim la moitié de l’humanité, de faim et de maladies, voilà ce que je
      dis. Vous,
      en me demandant, vous me faites répondre, vous me faites rétracter tout
      ce que j’ai dit quand en réalité je n’avais pas dit ça. Public :
      C’est peut-être l’illusion du capitalisme qui en voulant égaliser
      oublie que son problème est la distribution, non pas distribuer également
      pour tous, que ça arrive à tous, non également dans le sens qu’est
      singulière la manière de le prendre. MOM :
      Je t’explique un cas à l’ordre du jour ? Les entreprises américaines
       Les
      politiques sociales de certains pays n’atteignent pas toute la
      population, mais, évidemment, si auparavant 
      mourait  50% de la
      population, maintenant il en  meurt
      . Il y a une politique  de la
      santé et une politique de l’éducation sans rien toucher du
      capitalisme. Utiliser la psychanalyse pour que les professeurs ne soient
      pas des fils de pute et soient plus professeurs ce n’est pas attenter
      contre la capitalisme, tout au contraire, c’est une science qui a surgi
      dans le capitalisme en tant que science presque médicale, parce que le
      psychanalyste , pour séparer la psychanalyse de la médecine, doit faire
      un effort. Et
      cependant, cela augmenterait la production et l’ouvrier travaillerait
      mieux. Ça vaut la peine de lutter. Qu’il y ait du capitalisme pour
      mille ans ne veut pas dire qu’on ne puisse pas lutter pour une vie
      meilleure. Tout au contraire, la manière de lutter a changé la manière
      de penser la lutte parce que le communisme, appliqué comme il a été
      appliqué comme capitalisme d’état, n’a pas fonctionné. Le marxisme,
      comme le présente Marx, nous ne le connaissons pas, nous connaissons le
      marxisme pris par les partis communistes qui, en l’installant,
      l’installe comme capitalisme d’état. Tous
      les médecins vivent comme ils vivent et tous les médecins vivent
      difficilement parce qu’on les paie peu, mais quand on va à l’hôpital
      (moi je suis allé une ou deux fois à l’hôpital) on se rend compte que
      tous les médecins sont dans la même situation, on paie tous les médecins
      de la même façon, on les exploitent tous comme ça, mais il y a des médecins
      –et tu t’en rends compte- qui se doivent à la médecine, non au
      salaire. Il y a des médecins qui se doivent au salaire. Mieux vaut pour
      toi ne pas tomber entre les mains d’un de cela parce qu’il te tue, il
      te tue pour n’importe quoi. Ce n’est pas qu’il ne connaisse pas les
      médicaments, avec les médicaments on peut se tromper même au niveau
      bureaucratique, bien diagnostiquer la maladie et quand tu fais
      l’ordonnance, tu te trompes et tu écris un autre médicament. Il
      est facile de se rendre compte qu’il y a des problèmes dans la
      distribution, parce qu’il y a de la nourriture qui pourrit, il y a des
      installations qui tombent en ruine, qui ne s’utilisent pas, parce
      qu’il y a quelques pays qui n’ont pas de machines et d’autres pays
      qui ne peuvent pas les utiliser. Et ensuite, la production. L’Espagne
      produit cent kilos de pommes de terre, selon l’accord qu’elle a avec
      l’Union Européenne, mais ce ne sont pas cent kilos, sinon quatre vingt
      mille, un million de kilos,  CS :
      J’ai été surprise d’apprendre que cette année il y a eu une récolte
       MOM :
      Bon, mais ça c’est une manœuvre…Chaque fois qu’ils ont dû 
      jeter l’huile,.pourquoi ne l’ont-ils pas plutôt distribuer.
      Ils n’ont pas voulu le distribuer. CS :
      J’étais en train de penser à la relation qui existe entre ce thème de
      la production et l’écriture. Les lois de production capitaliste ont
      quelque chose à voir avec l’écriture, comme produit, comme objet
      commercial ? MOM :
      Bon…Marx aussi s’est posé cette question. ce n’est pas une question
      stupide, parce que vous étiez sur le point de dire que c’était une
      question stupide. L’écriture…
      La question que vous vous posé est très intéressante…L’écriture
      est
      au-delà des modes de production. Marx se pose la question et il doit se répondre,
      il doit répondre dans un pied de page du  Capital,
      où il dit, très clairement, que la théorie de la valeur ne sert ni pour
      l’art ni pour l’amour. C’est pour ça que je dis toujours que Freud
      a très bien résolu les choses de l’amour et que le Grupo Cero va
      devoir résoudre les choses de l’art et je ne sais pas s’il est en
      train de très bien faire les choses. C’étaient des chercheurs très sérieux,
      parce que ça, ça montre le sérieux d’un chercheur : je découvre
      une chose, je me rends compte de ce que c’est et en plus je limite le
      champ. Comment va servir le mode de production pour pouvoir penser une
      statue qu’on a fabriqué en l’an 1.500 avant Jésus-Christ et qui me
      plaît encore ? tu vois que je ne peux pas ? Marx répond aussi
      facilement que ça. Que parfois, vu ce qu’ils disent des auteurs, il
      semble que les auteurs n’ont rien lu, comme si ça, moi je le disais à
      partir de mon ventre ou de mon cœur, quand en réalité ce sont des
      livres, c’est dans les livres. Le
      sexe aussi est au-delà des modes de production, c’est pour ça que
      Menassa, dans le travail sur la vie quotidienne et la psychanalyse, se
      demande si la psychanalyse est une nouvelle science du sujet ou une
      coupure saisissante dans une théorie du sujet qui, si elle naît, elle naît
      avec le marxisme, puisque Marx introduit le sujet social, mais Freud va démontrer
      dans Psychologie des masses et analyse du moi qu’il n’y a pas
      de différence entre le social et le psychique, que le sujet psychique est
      un sujet social et que sinon, il n’est pas psychique. Moi
      j’ai connu de tout, j’ai connu des révolutionnaires hypocondriaques,
      alors qu’il  est absolument
      impossible d’être révolutionnaire si tu es hypocondriaque, parce que
      le malade psychosomatique ne peut pas penser le futur. Comment vais-je
      faire la révolution si je ne peux pas même penser la semaine suivante,
      alors que je dois penser les vingt ou trente années ? Il n’y a pas
      eu de révolution ce siècle-ci, et de même qu’il n’y a pas eu de révolution
      ce siècle-ci, pour maintenir la maladie, le professeur d’université
      continue à interdire la psychanalyse, pour ne pas perdre sa place, le
      journaliste  pour continuer à
      conserver sa place retire sa fiancée de l’analyse. La question que vous
      devriez me faire maintenant, serait : Alors
      la psychanalyse fait changer  les
      gens de place ? Je dois vous répondre que oui, c’est pour cela
      qu’on a besoin du désir affirmatif du patient, sinon, on ne peut pas
      faire de la psychanalyse. Quand on attrapait une tuberculose et qu’on ne
      voulait pas prendre les médicaments (à Londres ils l’ont fait), la
      police allait chercher le tuberculeux chez lui et lui faisait prendre les
      médicaments et les patients guérissaient bien qu’ils aient pris 
      le médicament par la force. Par contre la psychanalyse, on ne peut
      pas te la donner par la force , c’est plutôt toi 
      par force qui dois me faire travailler. Pourquoi je dis ça ?
      Parce que  si tu ne me paies
      pas, je ne peux pas travailler comme psychanalyste. En me payant tu me
      fait taire, tu fais taire mon sujet psychique pour que je puisse être
      psychanalyste. Si tu ne paies pas c’est mon sujet psychique qui parle,
      c’est mon histoire qui parle, ce sont mes préjugés qui parlent, ce
      sont mes courants d’opinion qui parlent. Quand tu me paies tu me
      soumets, tu m’obliges à travailler comme psychanalyste, ce qu’on ne
      peut pas c’est obliger le patient à être patient. Le
      capitalisme te permet d’être aussi indépendant que tu veux si tu es
      capable de te subventionner. Moi, parfois, je dis qu’ils sont aussi
      religieux que les musulmans. Les musulmans te permettent d’avoir
      plusieurs femmes si tu peux les entretenir. Le capitalisme, c’est
      pareil. Il te permet d’avoir tous les vices que tu veux si tu peux les
      payer, c’est quand tu ne peux pas te payer un seul vice, qu’ils
      commencent à réviser tes impôts, ils révisent ta vie privée, tu
      termines en prison. C’est un système si renfermé sur lui-même que la
      vie du sujet ne peut pas se faire à l’intérieur du système, la vie du
      sujet n’est pas préparée pour le capitalisme. Le capitalisme ne pense
      pas les loisirs des hommes, il pense les loisirs du prolétariat. CS :
      Du travailleur, bien sûr. MOM :
      Ils pensent  les loisirs 
      qui doivent avoir une limite pour que le travailleur puisse
      retourner travailler le lundi. Ce ne sont pas des loisirs où tu puisses
      ne pas  travailler 10 jours et
      ensuite travailler intensément 25 jours. Ce n’est pas comme ça. Ce
      sont des loisirs tels qu’ils doivent avoir une durée. Ce sont des
      loisirs très réduits, c’est pour retourner travailler, ivres de fin de
      semaine, drogués de fin de semaine, danseuses de fin de semaine,
      navigateurs de fin de semaine, chasseurs de fin de semaine…  CS :
      Ils te le permettent si tu retournes travailler, sinon, ils te demandent
      qu’est-ce que tu fais les week-end. J’étais en train de penser à
      l’écriture et au marxisme. Pour écrire il faut se considérer matière
      première. Et si « la matière première est la propre vie du sujet »,
      si la feuille blanche est la propre vie du sujet, c’est mieux, mais matière
      première dans le sens qu’elle doit être transformée pour se produire. MOM :
      Mais c’est plus que ça , dans le sens qu’on dit cela pour que le poète
      n’est pas l’idée d’écrire sur sa vie. Ou quand il écrit sur sa
      vie il croit qu’il écrit sur sa vie ? Voilà où se situe la chose :
      sa vie est matière première. Dans quel sens ? Quand vous amenez
      votre vie à l’écriture, le récit de votre vie 
      est déjà le récit ; ce n’est pas votre vie, c’est le récit,
      ce n’est pas le rêve…La vie amenée au papier doit pâtir des effets
      que l’écriture produit sur le récit, alors là ce n’est plus ta vie,
      là c’est l’écriture.  Public :
      Il faut étudier à quoi correspond ce moi, ne pas penser que c’est le
      moi de l’écrivain. CS :
      Hier nous parlions du conte et du roman. Là Goethe dit : Conte :
      ce qui nous présente des événements impossibles comme possibles
      sous des conditions possibles ou impossibles. Roman : ce qui
      nous présente des événements possibles comme réels sous des conditions
      impossibles ou presque impossibles. C’est comme si Goethe amenait, dans
      les aphorismes, certaines idées à la limite.  MOM :
      Il y a du vrai dans ce que tu dis, dans le sens qu’avant la science, la
      poésie était celle qui nommait les choses que la science allait démontrer
      ensuite. Ce n’est pas précisément le poète en lui-même, sinon le poète
      livré à la poésie. La poésie est accoutumée à nommer pour l’homme
      ce que l’homme n’a pas encore découvert, n’a pas encore inventé. Public :
      Cela entre dans la théorie. Goethe appuie la pensée que le Grupo Cero a
      sur la production et la création. CS :
      Bon…Nous avions commencé par le service militaire, ensuite nous sommes
      montés jusqu’au marxisme, et nous sommes à mi-chemin de l’écriture… MOM :
      Tu sais pourquoi il y a eu une brisure dans le récit et je ne pouvais pas
      continuer ? Parce que là,  à
      cet âge-là je me marie et je m’en vais en Italie, j’abandonne tout
      et je pars faire une vie en Italie. CS :
      Le récit s’est interrompu parce que ce fut aussi une interruption ? MOM :
      On peut le voir comme ça. CS :
      Pourquoi le voyage en Italie est une coupure?. MOM :
      Parce que je n’y suis pas resté. Si je ne vous raconte pas exactement
      l’histoire n’importe qui dirait : « Regarde Menassa…Comme
      il aimait voyager quand il était jeune. L’écriture l’amenait d’un
      côté à l’autre ». Mais moi, je m’étais exilé à cette époque.
      C’est pour ça que ça ne m’a pas surpris de devoir m’exiler plus
      tard.  CS :
      Tu t’étais exilé ? MOM :Oui,
      parce que je pensais à l’Italie comme un pays pour y vivre. Ce qui se
      passe c’est que ça n’a pas marché.  CS :
      Pourquoi l’Italie ? MOM :
      Parce que, à cette époque, les poètes italiens me plaisaient plus
      qu’un autre type de poète. J’étais très amoureux de Cesare Pavese,
      ça me passionné de savoir pourquoi il s’était suicidé. Avant
      de se suicider il écrit les choses qui l’ont amner à se suicider. Mais
      moi j’avais confiance en ma psychanalyse et en vous.  CS :
      Comment ? MOM :
      Vous avez réagi. L’homme est ainsi, il ne réagit que lorsque la mère
      l’appelle. Le reste du temps… CS :
      Goethe dit : « L’homme n’écoute que ce qu’il comprend ».
      Et que comprend l’homme ? MOM :
      Ce qu’il comprend c’est le baiser que lui donne la mère. Maman m’a
      embrassé et là on comprend quelque chose. CS :
      Bon…Alors vous pensiez à moi et vous n’êtes pas resté en Italie
      pour ça. MOM :
      Oui, parce qu’il aurait été difficile de vous rencontrer. CS :
      Oui, bon, on ne sait pas…Je crois qu’en Italie vous avez été au
      parti communiste ?  MOM :
      J’allais déjeuner à la maison de l’étudiant de Milan, parce que
      c’était bon marché. Ce fut une époque glorieuse parce que j’ai démontré
      qu’on peut vivre sans argent, mais peu de temps. Ce n’est pas vrai que
      j’étais sans argent parce que je travaillais. Les Italiens, en partie,
      jouent plus que les Espagnols. Alors, imaginez-vous, tout au moins à
      cette époque, au siècle dernier, alors moi je vivais…Vous savez que
      ces choses me font un peu honte. Je n’ai pas encore terminé ma
      psychanalyse…Génial ! Alors je peux continuer. J’imagine que les
      écoles de psychanalyses finissent quand le directeur de ces écoles dit :
      « Moi je me suis déjà analysé ». Quand le type cesse de
      croire à l’inconscient il veut cesser de payer parce qu’il est le
      directeur et il dit :  « Si je suis le directeur, pourquoi
      vais-je payer ? ». Et c’est là que se brise l’école ,
      parce qu’ils restent sans psychanalyse, sans psychanalyste. Moi
      je vivais, je dois le dire comme ça parce que c’était comme ça… CS :
      Ce que vous venez de dire ne s’est pas enregistré. Vous voulez le répéter
      ou nous laissons tomber… MOM :
      Je ne sais pas si nous laissons tomber. Tu ne vas pas me faire raconter 40
      fois les choses et en plus je t’ai déjà dit l’autre jour dans
      l’entretien que tu étais voyeuriste mais pas complètement. Tu dois être
      entièrment voyeuriste, tu dois aimer faire des recherches sur tout, et
      n’importe quoi. CS :
      Bien…Moi aussi je suis en train d’analyser mon voyeurisme partiel.
      Bon. Tu peux poursuivre là où tu veux. Voyons ce que tu veux. je peux
      tout voir. MOM :
      Très bien. C’était des époques très spéciales. C’est là que
      j’ai connu Musati qui était le Président de La Société
      Psychanalytique italienne. Incroyable ! à cette époque, en 1961, il
      était tout juste en train de traduire Freud, alors que la première édition
      en espagnol est de 1948. Et les groupes…Musati disait qu’il avait peur
      de faire des groupes parce que les gens devenaient fous. Ensuite il est
      devenu célèbre, il a écrit des livres. Devenir célèbre c’est
      facile. CS :
      Musati…Tu vivais grâce au billard… MOM :
      Et ensuite j’ai connu le groupe 64, qui était Umberto Eco, Ferrara,
      Sanguinetti. Sanguinetti est un type intéressant qu’ils ont fait
      disparaître. Eco était le plus faible au niveau de la pensée, le
      capitalisme fait ce genre de choses. Sanguinetti était fort et vous ne
      connaissez pas Sanguinetti, et Eco oui. C’est comme ça. Avec Neruda ils
      ont fait la même chose, Neruda tout le monde le connaît mais Germán
      Pardo García personne ne le connaît et il est quatre ou cinq fois supérieure
      et pas seulement une fois. C’est pour ça que le Grupo Cero a crée ses
      propres moyens de diffusion et distribue tous les mois 250.000 revues.
      Vous, ce qui se passe , c’est que vous faites la critique du système 
      et vous ne vous rendez pas compte que la critique implique l’
      envie que vous ressentez  parce
      que vous ne pouvez pas utiliser cet instrument. Samedi
      dernier nous avons eu une forte discussion à propos de ça. Nous avons décerné
      trois prix, les deux premiers à un tas de gens qui n’avait rien à voir
      avec nous. En ce qui concerne le troisième prix, nous avons laissé les
      gens du groupe se présenter ; donc, l’année prochaine il y a deux
      personnes qui sont autorisées par ordre ministériel à se présenter :
      Carmen Salamanca et Alejandra Menassa. Évidemment, parce qu’elles
      gagneraient le concours ; elles font partie des écrivains qui écrivent
      le mieux dans le monde, pas à Madrid. Avant, ça leur était interdit
      parce qu’elles lisaient et m’aidaient à lire les livres présentés.
      Maintenant elles ne lisent plus les livres et elles peuvent se présenter.
      Le samedi nous avons eu une discussion parce que nous donnons toujours le
      prix à des gens du groupe. Les autres peuvent penser que nous faisons le
      prix pour les gens du groupe. Et pourquoi ce n’est pas bien ?
      N’est-ce pas ce que fait le capitalisme pour nous gouverner. CS :
      C’est ce que fait Prisa. MOM :
      L’autre jour j’ai failli envoyer une lettre de félicitations à
      Polanco. Vous vous souvenez que je lui avais envoyé une lettre dans
      laquelle je l’insultais ? Mais l’autre jour il m’a plu parce
      qu’il a dit : « Le gouvernement se rend compte que le groupe
      Prisa est très important pour la culture et pour le peuple espagnol ».
      À tel point qu’on aurait dit qu’il se présentait comme candidat. CS :
      Prisa, le groupe du País, Tele 5, Canal Satélite Digital et plusieurs
      radios. MOM :
      C’est un groupe très fort. CS :
      Et c’est groupe du monde de l’édition. Maintenant ils sont sur
      Internet  avec l’Université
      et ils ont fait un contrat. MOM :
      Ils ont une école de journalisme. Et ils ont beaucoup de respect pour le
      Grupo Cero. Par exemple, quand il s’agit de la poésie ils doutent
      beaucoup parce qu’ils ont beaucoup de poètes dans des sarcophages et
      ils veulent les sortir au plein jour. En plus, ils sont prétentieux parce
      qu’ils ne le font pas avec tous. Il
      faut être indépendant, je le comprends. les choses sont comme ça :
      ou je dépend de Prisa ou je dépends du Grupo Cero. Bon…moi j’aime dépendre
      du Grupo Cero. C’est pour ça que le groupe Prisa, je l’emmerde…Je
      leur ai dit que j’étais un chanteur sans maître quand ils étaient
      disposés à m’acheter. N’allez pas croire que je leur ai dit que j’étais
      un chanteur sans maître et qu’ils ne voulaient pas m’acheter. Bien sûr,
      parce que vous vous êtes capables de ne pas avoir de maître  et ensuite il s’avère que personne ne veut vous acheter. Et
      ensuite, par exemple, le discours du Grupo Cero est un discours intéressant,
      un discours qui présentent des alternatives, aucun discours ne présentent
      des alternatives. Regarde la globalisation. Ceux qui sont contre lui
      opposent la globalisation honnête, ou quelque chose du genre. Il n’y a
      pas de pensée. Le Grupo Cero a des pensées, il risque des idéologies de
      vie, il te recommande une sexualité plus aimable, c’est-à-dire qu’il
      te donne  une sexualité plus
      étendue, il te la sort du corps, il la met dans le monde et dans le monde
      se trouve ton corps. Mais si au contraire tu es toute la journée dans ton
      corps, tu perds le monde comme cela se passe avec la famille. Pour
      t’occuper de ta famille tu dois te livrer au monde et dans le monde se
      trouve ta famille. Mais si au contraire tu te livres à ta famille, tu
      restes sans monde, parce que dans la famille ne se trouve pas le monde. Le
      Grupo Cero pense des choses très intéressantes mais bien sûr, pour le
      moment il les pense seulement et certaines personnes qui n’hésitent pas
      à prendre des risques essaient d’appliquer quelques-unes de ses
      connaissances à la vie. Par
      exemple, pour ce qui est du travail, tout le monde travaille. L’unique
      différence du Grupo Cero c’est qu’il te dit qu’en travaillant tu
      peux acquérir, en te joignant à  d’autres,
      le pouvoir des puissants. Si tu vas à l’École d’ingénieurs ou à
      l’école de Porto Alegre tu vas devoir travailler aussi, et même plus
      parce qu’ils ne te permettent pas ce que te permet le Grupo Cero, parce
      qu’il aime la psychanalyse. Sinon, comment se l’expliquer ? Avec
      la théorie qui dit que si tu écris des choses bizarres tu es bizarre,
      nous irions tous en prison. Nous n’allons pas en prison parce que nous
      n’avons pas cette théorie. Prisonniers de nous-mêmes, voilà ce que ça
      signifie. Qui va nous mettre en  CS :
      Quelqu’un veut ajouter quelque chose de plus ou nous terminons pour
      aujourd’hui ?  MOM :
      Si vous voulez me demander quelque chose de spécial…  CS :
      Je vous ai déjà demandé si  vous vouliez ajouter quelque chose de plus.  MOM :
      Ne faites pas l’idiote, ça ce n’est pas une question.  CS :
      Comment…Vous m’avez même répondu !  MOM :
      Il faudra que vous prépariez plus vos interviews et si vous ne pouvez
      pas, parlez avec vos amis. Ils vous recommanderont sans doute quelque
      chose. Vous devez apportez les questions écrites.  CS :
      Oui. J’ai des théories et des projets sur ce sujet.  MON :
      Et qu’est-ce qui vous est arrivé ? Vous ne voulez pas dénoncer
      vos projets ?  CS :
      La prochaine fois. I L’art
      de vivre, Une
      cause, un idéal, sont encore possibles, Et
      la solitude a-t-elle à voir, MA
      CHÉRIE  J’attends, tranquillement, qu’avec les années l’accumulation de tensions réprimées me tue. Avant cela, j’essaierai encore d’éparpiller ces tensions de tous côtés. J’ai appris plusieurs manières de distribuer mon énergie à travers le monde. Avec le temps quelqu’un le dira clairement et même les imbéciles se rendront compte de quoi il s’agit : Quand je te vois passer indifférente d’amour ça, aussi, ça me plaît. Rien n’est étranger à ma pensée, ma colombe. Je suis la pensée du langage, tout tient en moi, bien que personne ne puisse le vérifier si ce n’est dans la folie. J’aime la vie qui arrive. Et je te le dis pour que tu le saches, j’arriverai à ce qui s’appellera ma vieillesse, jeune et avec de l’argent. Ça, ça va. J’espère maintenant écrire quelque vers. 
 
 - Docteur, aujourd’hui je me suis rendue compte toute seule qu’au lieu d’être contente et reconnaissante pour un cadeau qu’on m’a fait, je me suis plains toute la journée comme une vieille stupide, exactement comme ma mère. - Nous continuons la prochaine fois. 
 
 J’ai
      noté dans sa manière de pleurer qu’elle ne demandait rien. J’ai pensé
      que ses pleurs n’exprimaient que son envie de pleurer. -Tu
      es un sadique –m’a-t-elle dit après avoir pleuré. Tu aimes me voir
      pleurer. Aujourd’hui 
      elle a essayé de me sucer jusqu’à la fin. Je ne l’ai pas
      laissé ; je l’ai retourné avec une violence mesurée et nous
      avons baisé à la picholine. Quand nous avons terminé elle m’a dit :
      amour, amour. Moi, j’avais les jambes qui tremblaient, mais j’ai
      qu’en même réussi à la regarder lascivement et je l’ai embrassé
      sur les lèvres.  
 
 
 
 1 Gouverner ne devrait se baser sur aucune autre chose que la construction d’une connaissance. 2 Un changement de politique ne veut pas dire, exactement, un changement d’idéologie. 
 Tous sont en train de crier sauf moi. Je suis un peu bizarre, aucun doute. Avec le temps, si je persiste, je serai le roi de quelque chose. Personne n’oublie facilement un homme qui a vécu sa vie pour les autres. Arrivé à un certain niveau de connaissance, l’interlocution ne sert à rien. Ce qu’il nous reste à connaître sera notre unique interlocution. Ensuite viendront, de nouveau, les temps des conversations avec ceux qui ont été capables d’arriver jusque là. Une page blanche et un désir peuvent, parfois, faire plus que mille personnes réunies. En m’enfonçant sur le chemin de ma propre mort j’arriverai à rajeunir. Celui qui ne comprends pas, mourra comme un chien ou comme un porc, selon sa propre morale animale. El Indio Gris ÇA C ‘EST DE LA PUBLICITÉ   PLEURS
      DE L’EXIL Auteur : Con
        motivo del Premio Pablo Menassa de Lucia A cargo de poetas del GRUPO CERO Jueves, 21 de febrero de 2002 a las 19.00 horas   
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