Revue hebdomadaire sur Internet Indio Gris
Nº 89 An 2001 , JEUDI 7 FÉVRIER

 

Fusionne, dirige, écrit et correspond : Menassa 2002

NOUS NE SAVONS PAS PARLER NOUS LE FAISONS EN PLUSIEURS LANGUES:
ESPAGNOL, FRANÇAIS, ANGLAIS, ALLEMAND 
ARABE, PORTUGAIS, ITALIEN, CATALAN

La danza Interminable

INDIO GRIS, EST LE PRODUIT D´UNE FUSION
L´ÉCLAT DU GRIS 
ET 
EL INDIO DEL JARAMA
LA FUSION AYANT LE PLUS DE FUTUR DU 
XXIe SIÈCLE

Indio Gris


INDIO GRIS Nº 89

ANII

El Indio répond

Dimanche, 3 février 2002

Carmen Salamanca : Raconte-nous un peu ton histoire ? Que faisait ton  était la  ton père quand tu es né ? De quoi te souviens-tu ? À quel âge es-tu allé à l’école ?

Miguel Oscar Menassa : Tu veux que je te raconte le véritable drame de ma vie ?

CS : Oui.

MOM : Quand j’ai eu l’âge d’aller à l’école, à cette époque c’était à l’âge de cinq ans, on m’a amené à l’école José María Gutiérrez, qui était une école de filles. Ils m’ont amené le matin et je me suis échappé.

CS : Où ?

MOM : Je me suis échappé, je suis parti de l’école parce que je ne voulais pas être dans une école de filles.

CS : Mais il n’y avait pas d’école de garçons ?

MOM : Oui, mais cette école-ci était deux cent mètres plus près de chez nous que l’école « Almafuerte » - « Alamfuerte » ! [Âmeforte], par-dessus le marché- qui était l’école de garçons. J’ai fui les femmes. Ensuite, j’ai dû les supporter toute ma vie et j’ai dû les entretenir toute ma vie, pour avoir fui. Les lâchetés se paient toujours cher.

CS : Quel âge avais-tu à cette époque ?

MOM : Cinq ans.

CS : Et ensuite je suppose qu’ils t’ont envoyé à une autre école, non ?

MOM : Le jour suivant ils m’ont envoyé à l’école « Almafuerte ». Si je n’étais pas allé à « Almafuerte » jamais je n’aurais connu la « zaraparilla » [salsepareille] ; c’était une plante à la tige creuse. On pouvait l’allumer et aspirer.

CS : Fumer?

MOM : Oui.

CS : La « zarzaparrilla »?

MOM : Oui, c’était très facile, parce que nous passions chez la voisine qui vivait à côté de l’école et nous arrachions un morceau de plante et puis nous utilisons cette plante  pour fumer.

CS : L’école « Almafuerte » à cinq ans…

MOM : Maintenant, quand je pense que j’ai failli mourir à cause d’un problème aux poumons, je me dit qu’il aurait mieux valu que j’aille à l’école des filles, parce que je n’aurais pas connu la « zarzaparrilla ».

CS : Quand as-tu commencé à vendre des colifichets ? Parce que tu as commencé à travailler très jeune, n’est-ce pas ?

MOM : Je suis allé pour la première fois en prison à l’âge de huit ans, parce que je vendais dans la rue, je vendais des lames de rasoir.

CS : À l’âge de huit ans ? Et que s’est-il passé ?

MOM : La police est arrivée et ils ont commencé à donner des coups de pieds dans mon étalage, je m’imagine que c’était parce que je ne leur  avais pas donné d’argent. Je leur ai sûrement dit : « Allez vous faire foutre », parce que je parlais très mal quand j’étais petit. Et le policier m’a attrapé , il a détruit mon étalage et il m’a emmené au poste. Ils ont appelé mon père, qui était un homme qui croyait au travail, c’était un travailleur et c’est pour cela qu’il ne comprenait pas comment on pouvait arrêter son fils parce qu’il travaillait. Au commissariat  il a fait un tel scandale que le commissaire m’a dit : « Écoutez, vous qui êtes raisonnable, dites à votre père qu’il arrête, parce que sinon nous allons vous garder tous les deux ici ». Parce que le Turc ne pouvait pas le comprendre : «  Le gamin était en train de travailler. Alors qu’il y a tant de délinquants….pourquoi justement le gamin ? Vous êtes tous corrompus… » Il en a tant dit que le commissaire a fini par s’exclamer : « Toi, c’était pas très grave, mais emmène ton père parce que sinon… ». Trop drôle !

CS : Et comment cela t’a-t-il marqué en ce qui concerne le travail ?

MOM : J’ai appris que , même si la police ne te laisse pas, tu dois travailler de toute façon, sinon , comment vas-tu manger ? Que même si ta femme n’aime pas que tu triomphes, tu dois triompher parce que sinon, après tu n’as rien à manger. Que même si tes amis t’envient parce que tu gagnes de l’argent, tu dois gagner de l’argent parce que sinon, c’est mal de ne pas en gagner. Qu’il faut supporter les sentiments contraires des gens, sinon, comment fais-tu pour vivre ?

CS : Et tu as continué à vendre des choses ?

MOM : Moi, j’ai vendu toute ma vie. Tu ne vois pas que maintenant je vends des tableaux ?

CS : Des babioles.

MOM : Quand on m’a arrêté à l’âge de huit ans, je ne vendais que des lames de rasoir, ensuite je me suis consacré à vendre des colifichets parce que je me suis rendu compte que les femmes avaient quelque chose de spécial, elles étaient capables de dépenser de l’argent en choses inutiles. Il fallait profiter commercialement de ça. Je me suis consacré à vendre des objets fantaisie aux femmes , parce qu’elles achetaient n’importe quelle objet que tu leur vendais : « Oh ! que c’est joli, que c’est joli !», et elle l’emportait. À cette époque je gagnais environ dix fois plus que ma mère, qui travaillait comme infirmière à l’hôpital Pena.

Moi j’étais très religieux, j’étais enfant de chœur, je servais la messe, j’étais si parfait que je me masturbais tous les jours pour avoir quelque chose à raconter au curé, parce que je me disais « si tu ne racontes rien, comment va-t-il travailler ?. Alors je me branlais tous les jours pour le lui dire. Un des curés a commencé à me taper sur la tête avec un éventail tout en me demandant :

-Où vont  ceux qui se masturbent tous les jours ?

Et il me tapait sur la tête et moi je lui disais

-Au patio de don José, et lui il répétait mais non…Où vont ceux qui se masturbent tous les jours ?

 -Bon, parfois je me masturbe aux toilettes, répondais-je. Et il me tapait sur la tête, et il me tapait sur la tête parce qu’il voulait que je lui réponde « à l’enfer » et moi, et moi, ça ne me passait même pas par la tête ?

 CS : Tu étais collé à la réalité. Je vais où on ne me voit pas.

 MOM : Je lui ai dit d’abord, au patio de D. José, en me rendant compte que je venais de dénoncer D. José, mais bon…

 En un dire, comme le font les personnes âgées comme moi, qui disent un tas de bêtises, moi je pourrais dire que je dois tout à l’église. Bien sûr, parce que c’est là que j’ai fait mes premières choses : j’ai connu les premières filles, ensuite j’ai connu un ingénieur qui m’a dit : « ce monde est une connerie » et il m’a donna l’explication rationnelle de la création du monde. Moi, je devais apprendre avec  lui, c’était mon maître, et il m’a tout expliqué. Et alors, bien sûr après ça va croire en dieu…J’avais treize ans quand on m’a donné l’explication et là tout s’est terminé. Je croyais avoir compris quelque chose et rien du tout,  ça s’est terminé.

CS : Et ça s’est terminé, qu’est-ce que ça veut dire ?

MOM : Que la religion s’est terminée. J’en suis arrivé à penser des choses incroyables. Maintenant non, maintenant je pense qu’elle est bonne. Si le communisme produit du rachitisme et le capitalisme produit le SIDA, des infections généralisées et je ne sais pas quoi d’autre, la vérité c’est que l’Église n’est pas si mal, elle ne produit que des troubles de l’identité sexuelle. Comparé avec le SIDA, le cancer et que je te tue, je te tue, je te tue, l’Église, chapeau. Maintenant je serais capable de faire une campagne en faveur de l’Église. Et de la famille aussi, la famille me semble quelque chose d’important. C’est que le monde fonctionne mal, vous vous ne vous en rendez pas compte mais le monde fonctionne foutrement mal.

CS : Quand as-tu écrit le premier poème?

MOM : À l’âge de neuf ans. C’était après m’être masturbé ; j’ai dit « Ah ! comme je suis vide ».

CS : Tu dis toujours que très jeune tu avais déjà lu Marx et Freud…

MOM : Tout sexuel, parce qu’il y avait les amies de ma sœur qui étaient plus grandes que moi. Et elles étaient belles, elles avaient de ces seins…Moi j’étais petit mais je comprenais ces choses-là. Et comme elles lisaient beaucoup, elles étaient très intellectuelles, elles lisaient Faulkner, elles lisaient Sartre, elles lisaient Marx, moi j’ai attrapé et j’ai commencé à lire, pour avoir des sujets de conversation.

CS : Pour draguer.

MOM : Dit ainsi comme vous le dites…C’était important, c’étaient des filles très cultivées. Parce que parler avec une personne cultivée c’est comme draguer une vedette.

CS : Il y a des photos où on te voit avec quelques garçons. Tu te souviens de quelque ami « bizarre » de cette époque ?

MOM : C’était très difficile de tomber amoureux des femmes de mon quartier parce que, immédiatement les garçons cassaient les pieds à celui qui sortait avec une fille, c’était très difficile, ils étaient très machistes. Quelle était votre question ?

CS : C’était sur les amis de cette époque.

MOM : Le quartier est un grand apprentissage. Vous savez  pourquoi ? Parce que personne n’est ami de personne à moins de servir  à quelque chose, alors que dans les classes un peu plus élevées  c’est différent, on peut arriver à avoir des amis qui ne servent à rien. Dans un quartier pauvre ça, ça n’existe pas, il faut que tu serves à quelque chose. Et n’allez pas croire qu’ils étaient tous stupides. Il y a celui qui valait pour converser, celui qui servait pour conseiller quand les choses n’étaient pas clair, celui qui s’y connaissait en ce qui concerne les femmes, celui qui s’y connaissait en ce qui concerne le travail, celui qui savait jouer au football, celui qui savait jouer aux dés…il y avait des gens très divers. Il y avait des gens qui ne servait à rien, ces gens qui ne servaient à rien on les faisait servir aussi parce que toutes les blagues retombaient sur eux. C’était une manière de les faire servir à quelque chose parce que, ou il fallait les jeter du quartier, chose qui n’était pas possible non plus parce qu’on n’avait pas autant de pouvoir, ou on les faisait servir. Alors la manière de les faire servir c’était que les blagues de tout le monde retombaient sur eux.

CS : Et toi, à quoi tu servais ?

MOM : Moi j’étais la demoiselle, j’aimais beaucoup insulter les gens. alors, pour ne pas me tuer, il me l’on adjugé comme une chose personnelle, comme si c’était ma personnalité. Ils disaient : « Fais gaffe avec la demoiselle », et moi j’arrivais et je disais : « mais qu’est-ce que tu fous donc, la p… de ta mère … » Et j’étais le seul qui pouvait dire ça dans le bar, n’importe quel autre aurait attrapé un coup de couteau. Comme j’étais la demoiselle, une fille, je pouvais faire ce que je voulais. C’est ce que ça voulait dire : moi il me permettait ce que je voulais. Ils savaient déjà que j’allais être poète. Moi j’écrivais à l’âge de treize ans, plus ou moins quand je suis entré pour la première fois au bar, ça doit être à la même époque.

CS : À treize ans ?

MOM : À treize ans. De huit ans à treize ans j’ai regardé, derrière la vitre, les gens  jouer au billard  et à treize ans, quand je suis entré au billard, j’en ai battu plusieurs. Il y en avait un qui me battait toujours, c’était le Rafa. Je ne l’ai battu qu’une fois. Le billard est un jeu très psychique.

CS : Que signifie que le billard est un jeu très psychique ?

MOM : Oui. Rafa, je ne pouvais pas le battre, et je ne pouvais pas le battre, et je ne pouvais pas le battre. Ce gars avait des problèmes avec les filles. Alors, un jour où nous jouions, je me suis décidé : j’ai commencé à lui parler des filles et il s’est énervé et je l’ai battu. C’est la seule fois où je l’ai battu. Ensuite, quand il jouait avec moi il me disait : « si tu parles je te tue ». Par la suite nous avons continué à jouer parce qu’il jouait très bien. Moi j’aimais jouer  avec lui parce qu’avec les gens qui jouent bien tu apprends. Et lui, après la partie où j’ai gagné il me disait : « D’accord, je joue, mais si tu dis un seul mot , je te tue.» Des gens bien.

CS : Tu avais alors13 ans.

MOM : Oui, quand j’ai mis des pantalons longs. Oui, à cette époque.

CS : Et là tu allais toujours au lycée.

MOM : Oui, comme n’importe qui.

CS : Et quels professeurs vous aviez?

MOM : Bon…Il y avait Don Segundo. Don Segundo était un homme qui avait plus ou moins, à cette époque, autour de 95 ans. Moi, au moins, je l’écoutais très attentivement. C’est lui qui a inventé (du moins la première fois que j’ai entendu ça c’était de sa bouche à lui), quand nous allions lui demander des conseils au sujet des filles, il nous disait : « Un poil de con est plus fort que cent attelages de bœufs ». Ça c’était Don Segundo.

 CS : Et quand as-tu commencé à lire Freud et Marx ?

 MOM : William Faulkner à douze ans.

 CS : Le gambit du cavalier ?

 MOM : Non, des livres plus forts, Sartorius, Absalon, Absalon, Tandis que j’agonise, Les palmiers sauvages, Moustiques, qui est déjà une œuvre plus facile pour laquelle on lui a donné le prix Nobel. On lisait beaucoup Sartre à cette époque, celui qui ne connaissait par Sartre était un imbécile. Ce n’était pas nécessaire d’être d’accord avec lui, moi je n’était pas d’accord avec Sartre, il m’a toujours semblé très français.

CS : Il avait ce petit défaut. Il y a une petite histoire que tu racontes, plus tard, quand tu es allé à l’Université.

MOM :  Là j’étais déjà grand, en Faculté de Médecine , c’est ça, quand j’étais en train de faire la queue devant le secrétariat pour m’inscrire. J’avais un livre de Dylan Thomas, un poète, vous savez ?… Alors quelqu’un m’a demandé de qui était ce livre. « C’est un  polar », ai-je répondu et il m’a dit : « Ce n’est pas possible. Moi, les polars je les lis tous et celui-là je ne l’ai jamais vu, ce n’est pas possible ». Je lui ai dit : « Où tu habites? », « Dans le centre » m’a-t-il dit. « C’est pour ça » lui dis-je. C’est marrant ! Ça a été mon premier jour à la faculté de Médecine.

  CS : Tu aimais plaisanter.

  MOM : Bon, plus ou moins, j’étais aussi révolutionnaire. Ça c’était la première fois, la deuxième fois où j’ai été en Médecine ça a été des mois après m’être inscrit en première année.. Je n’avais passé que l’examen d’entrée et il a commencé à avoir des problèmes entre l’enseignement laïc et l’enseignement libre, parce que l’État voulait ouvrir l’Université libre, qui était l’Université privée. L’Argentine a une tradition universitaire très importante, l’Université étant une université dépendant de l’État. Plusieurs prix Nobel ont été professeurs de la faculté de Médecine. Donc, la deuxième fois que je suis allé à la Faculté de Médecine, je suis resté suspendu à un balcon, une grève de vingt jours, nous luttions tous pour que l’enseignement continue à être laïc, parce que les seuls qui étaient en conditions de s’occuper de l’éducation libre, c’est-à-dire privée, c’était l’Église, c’est pour ça qu’on disait « en défense de l’enseignement laïc ». Un bêtise parce que moi, en plus, comme je l’ai raconté avant, j’étais très religieux, je devais à l’Église mes premières branlettes, ma première connaissance du monde…Parce que ce n’est pas mal non plus qu’il y ait un créateur, si après ça je peux évoluer un peu.

  CS : Reprenons. Treize ans. Et tu nous a raconté que tu avais lu Faulkner. Et ensuite?

  MOM : Plus ou moins à cette époque j’ai connu Freud, à quatorze ans. Et tu sais dans quel livre je l’ai connu ? Je viens juste de m’en rendre compte en vous le racontant. Ça a peut-être influencé ma manière de penser Freud, Psychologie des masses et analyses du moi, une édition très petite où il n’y avait que ce texte.

CS : Qu’as-tu pensé ? Qu’est-ce qui t’a le plus frappé?

MOM : Qu’il parle si clairement en 1921 de ce qui se passait dans mon quartier. C’est ça qui m’a frappé. Ensuite, l’année suivante il m’est arrivé la même chose avec Marx, « Regarde un peu celui-là…Il explique il y a un éternité ce qui se passe dans le marché ».

CS : Et qu’est-ce qui ce passait ?

MOM : Que les relations étaient asymétriques. Qu’il y avait toujours quelqu’un qui vivait sur le dos de l’autre. Que l’amour n’avait rien à voir avec le travail. Ou tu apprenais ces choses avant d’avoir quinze ans ou tu terminais en prison ou quelque chose du genre.

CS : Ce que tu as appris alors coïncide-t-il plus ou moins avec ce que tu penses maintenant?

MOM: Ça c’est penser qu’on sort tout fait du ventre de sa mère. Au bout de 60 ans comment vais-je penser que je pense comme avant ?

  CS : Que reste-t-il de tout ceci ?

  MOM : Tu veux savoir ce qu’il reste vraiment du quartier ? Qu’au femmes on ne doit jamais leur dire que non.

  CS : Pourquoi ?

  MOM :  Parce qu’une fois que tu leur as dit que non, plus jamais elles ne t’utilisent pour quoi que ce soit.

  CS : Qu’est-ce qui c’est envolé en fumée pour toujours ?

  MOM : Mon enfance.

  CS : Ce fut une enfance heureuse ?

  MOM : Quand j’étais enfant ? Oui, nous étions les seuls privilégiés, c’est pour ça que je suis péroniste. Parce que -je ne sais pas si Péron a bien fait les choses- mais comme j’étais un enfant et que c’était un gouvernement où les seuls privilégiés étaient les enfants…Nous recevions des cadeaux, on nous traitait bien à l’école, si ton papa te frappait tu le dénonçais et il allait en prison. je ne sais pas si on peut vivre une enfance plus heureuse que celle qu’ont vécu les Argentins quand Péron gouvernait.

  CS : Un souvenir de ta mère ?

  MOM : Je ne me souviens pas de ma mère en train de pleurer : Je me souviens d’elle en train de danser, en train de chanter.

  CS : Et ton père ? Quand est-il arrivé en Argentine ?

  MOM : Ils sont arrivés en Argentine en provenance du Liban quand mon père était très jeune, le frère aîné avait quelques années de plus que lui et il avait 18 ans. Donc lui avait peut-être10 ans. Alors mon grand-père, qui, semble-t-il, était une personne cultivée, a dû aller au centre de  Buenos Aires pour je ne sais quel motif et il s’est perdu, et alors il a commencé à demander en français, en arabe, en anglais, en russe et personne ne l’a compris. Un homme a terminé par lui donner une pièce en pensant que le Turc demandait l’aumône et le Turc s’est senti tellement offensé qu’il a pris toute sa famille et il est reparti et le frère aîné de mon père a dit : Non, moi je ne pars pas, moi je reste. Mon père a dû repartir avec son père mais à l’âge de 13 ans il a falsifié ses documents et il est reparti en Argentine avec son frère.

  Le premier travail qu’il a eu il l’a tout de suite laissé. Son frère lui avait trouvé un travail dans un fabrique de parapluie, et la première chose qu’il a dû faire c’était d’apporter deux parapluies chez je ne sais qui. Mais il a commencé à pleuvoir très fort  et le Turc ne pouvait pas comprendre ce type de cruautés, lui, il venait d’une famille riche, alors il ne comprenait pas pourquoi, ayant deux parapluies dans le paquet, lui il allait se mouiller alors qu’il était le fils de sa maman et de son papa. Il a donc pris un des parapluies, il l’a utilisé et il a renoncé à ce travail. C’est pour ça qu’ensuite il est devenu un travailleur autonome.

ADOLESCENT PÊCHEUR DE VIEILLES AMOUREUSES

Adolescent pêcheur de vieilles amoureuses
grand pêcheur de truffes
de jeunes filles gaies comme le soleil
l’une fixe pour jouer mon âme.
Moi, grand chasseur
grand manieur de filets solitaires
de filets pour la solitude
de filets spéciaux
pour chasser
de timides cœurs.
Fatigué de voir mourir
chaud
tant de gens
un après-midi d’été
dans les jardins publics
dans les rues publiques
dans les bains publics
j’ai placés mes silencieux filets.
Ensuite je me suis dit
le temps est nécessaire
je me suis conseillé
de prendre du café sans lait
tous les matins.
Je me suis conseillé de m’asseoir
j’ai dit à une femme qu’elle s’asseye près de moi.
Tes fesses fraîches
lui dis-je
sur la terre fraîche.
Nous nous sommes donnés un grand baiser d’amour.
Elle m’a raconté ses manières de distraire la solitude.
Montrer ses jambes ou les bouger
suivant le froid ou nos coutumes,
nous asseoir près d’un homme
et nous laisser toucher
jusqu’à sentir le besoin d’être mères.
Parfois, ça se comprend
nous vendons des perles aux hommes
affolés, perdus dans le soleil.
Des perles orientales
de blanches perles d’amour
des petits morceaux de perles, disposées
généralement sur notre ventre
des perles, enfin, en forme de colliers à deux rangs
pour mieux étrangler
oui
me dit-elle
des perles violentes.

MA CHÉRIE:

En vérité aujourd’hui je confesserai tout pour la première fois.
Je suis né dans un quartier.
                                           « J’ai grandi sur ses trottoirs,
un jour j’ai pris mon envol en rêvant de triompher ».
Aujourd’hui je ne peux retourner , ni pauvre, ni vaincu.

J’ai sur mon bureau quelques photographies,
des papiers et des poèmes. Le sort est jeté. 

Je jouais plus ou moins bien aux billes,
je gagnais avec certains, je perdais avec certains.
 

Je ne suis jamais monté aux arbres.
Le hamac et le toboggan me donnait le vertige.
Je jouais bien au « monte »* et à la « troya »**
et je jouais à la marelle avec la Negra et la Lita.
Elles me touchaient et moi, parfois, je les touchais. 

Chaque fois que j’ouvrais les yeux
je me rendais compte que pour moi, il n’y avait pas d’avenir.
J’étais trop maigre,
je regardais toujours dans les yeux et je souriais.
Ensuite est venu le billard .
J’appuyais fermement ma main sur le tapis,
comme avec les femmes, sans contemplations.
Je laissais la cigarette me brûler les lèvres,
je faisais le distrait et je regardais mes rivaux.
Ma manière de marcher était sublime. Je gagnais presque toujours.
Quand je jouais au billard j’étais irrésistible. 
Je fumais des Fontanares
et je rêvais toute la journée à une riche vieille;
je voulais connaître la mer,
j’aurais donné ma vie pour une journée à la mer. 

Je me souviens de tout à plein soleil,
le soleil dans les oreilles, dans la chemise,
sous les bras, entre les jambes, les pieds pleins de soleil. 
Une femme m’a dit petit vieux et m’a mouché. 

Ensuite ils ne m’ont pas cru, ils voulaient voir les preuves.
J’ai sur mon bureau quelques photographies
une machine, la lampe votive,
des papiers et des poèmes. Le sort est jeté.
Le tango je le dansais plus ou moins bien,
avec quelques femmes je pouvais,
avec quelques femmes je ne pouvais pas.
Mais j’avais un regard,
une tristesse dans le regard et j’écrivais des poèmes. 

· la troya : jeu auquel joue les enfants. Il se joue avec un cercle
et deux bâtons de longueurs différentes.

·el monte : c’est un jeu de cartes auquel on joue normalement
avec de l’argent.

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 10 juin 1977

Quand il fut nécessaire de grandir et de se discipliner
j’ai grandi et j’ai mis la nostalgie dans mon regard.
La discipline vient toute seule.

J’ai appris à regarder du coin de l’oeil
à provoquer des catastrophes et à rajeunir.
Ils m’ont donné un diplôme.

Quelques personnes viennent me questionner sur la croissance
et la discipline.
Je leur dis que le diplôme je l’ai gardé
dans le tiroir du secrétaire où je garde,
la photographie des morts.

J’ai alors décidé d’être courageux,
de pratiquer un sport violent.
Retourner aux gants. Être un triomphateur.

J’ai écrit quelques poèmes sur ça.

Du passé est resté oublié dans le visage
mon regard d’idiot.
du passé,
                il m’est resté la cadence.

Ensuite
j’ai enlevé de ma tête le soleil, les bêtes illusions.

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ÉROTISME OU PORNOGRAPHIE ?

13 juin 1977

Donne-moi ton pain et ma joie était d’être ton pain.
Donne-moi ton lait et ma joie était de te donner mon lait.
Donne-moi ton sang et nous avons eu des enfants.
Donne-moi ta pensée et je te pensais.
Donne-moi ton âme et moi je te racontais  mes rêves.
Donne-moi ton pain, ta liberté, ta pensée
et je te dédiais des poèmes.

Donne-moi ton lait amour, donne-moi ton lait
et ma joie était de te donner ma chair et mon sang
et je te racontais mes rêves.
Donne-moi ton plaisir et moi je te demandais ta liberté.
Donne-moi ma liberté et moi je te questionnais sur le plaisir.
Donne-moi ton être, ton propre être, le véritable
et moi je me suis mis à quatre pattes.

Donne-moi ton moi, celui qui ne te sert à rien.
Alors moi je t’ai dit, mon amour, rends-moi tout
moi je ne peux pas.

Qu’en pensez-vous ?

Pornographie ou  Érotisme

Jusqu’à aujourd’hui les votes ont été les suivants :  

Pornographie : 95.000   Érotisme : 155.0000

      

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TRAITEMENT DE COUPLES

ATELIER DE LITTÉRATURE ÉROTIQUE

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Coordinateur:
 Miguel Oscar Menassa

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 UN PEU DE POLITIQUE AU RAMASSAGE D´ORDURES 

 

11 juin 1977

 L’ennemi est dangereux.
Il a une machine à créer des illusions.

L’ennemi est dangereux

il a une machine à reproduire des illusions.

L’ennemi
a des lois que réglementent
l’accumulation d’illusions.

La poésie,
                 utilisez-la
                                  Bonne arme contre l’ennemi !

12 juin 1977

Il est nécessaire de rompre l’équilibre
il faut rappeler à l’ordre les forces de l’ordre.
Il faut craindre les innocents,

les innocents ont l’ordre de tirer pour tuer.

LETTRES DU DIRECTEUR 

 9 juin 1977

MES CHÉRIS :

J’attendrai inquiet
croyant que tout arrivera.
Je serai courageux
je penserai que la mort est inévitable.

Grandiront
avec une violence inusitée
quelques fleurs.

Des mots nouveaux nous annonceront
l’avènement d’autres odeurs
De nouveaux hommes.
                                     Des fêtes du cœur.

El Indio Gris


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Inauguration: vendredi 8 mars à 19 heures

Clôture: dimanche 17 mars à 14 heures

Sala Manolo Revilla
Mutual complutense                                  
C/Nueva nº10 . Alcalá de Henares  

      Horaires: 
de lundi à  samedi de 19 à 21 heures 
dimanche de 12 à 14 heures


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