INDIO GRISRevue hebdomadaire sur Internet Fusionne, dirige, écrit et correspond : Menassa 2001 NOUS
NE SAVONS PAS PARLER NOUS LE FAISONS EN PLUSIEURS LANGUES: INDIO
GRIS, EST LE PRODUIT D´UNE FUSION INDIO GRIS Nº 59 AN
II EDITORIAL Amener le citoyen actuel, bourgeois,
petit bourgeois intellectuel , à la limite de ses contradictions c’est lui
faire le seul bien possible. Aujourd’hui je l’ai vue pleurer
une fois de plus Elle aimait pleurer Elle pleurait Quand elle cessait de pleurer Et avant de se submerger dans l’amour elle me disait :
RETOURNER
RETOURNER RETOURNER Retourner
retourner retourner Lointaine
solitude Rien ne m'attend en cette solennelle après-midi de fin d'été. Personne n'accueille dans son lit celui qui sait que nous sommes condamnés à vivre. J'aspire la fumée d'un cancer mortel et je vois, c'est un dire poétique, notre sang fortifiant de petites paroles produites par le hasard des combinaisons. Je reconnais : je ne veux pas mourir même s'il s'agit de la combinaison parfaite. Je reconnais : je veux mieux vivre, dans ce monde promis de frères où mes bras et mes paroles appartiennent au même corps. Je reconnais la douleur, je reconnais les sursauts. Je reconnais l'impiété de la justice. Je sais que l'un d'entre nous est en train de mourir chaque jour. Je reconnais vivre dans un monde où il y aura de la merde pour tous. Je reconnais ne pas savoir clairement qui sont mes frères. Le néant traverse mon cœur. Je reconnais que ma paix est éphémère, je suis violenté en permanence par un vice impardonnable : je veux être écrivain. Une combinaison de commérages et de désenchantements, mais s'il vous plaît ne me tuez pas, essayons de vérifier si je sers à quelque chose. J'écrirai tout parce que j'ai tout vu. Je reconnais que j'ai un espoir de pardon. Pitié pour qui sans défense face à la catastrophe, a seulement réussi à ne pas fermer les yeux. Je reconnais que j'ai un espoir de gloire. Gloire à celui qui, obnubilé par les odeurs du champignon atomique, a survécu au massacre. Je reconnais avoir submergé mon âme dans certaines drogues de l'oubli. Je reconnais n'avoir jamais été altéré. Ma répression est sublime. Je suis un professionnel de l'âme. Intact et froid je promène mon regard sur l'horreur. Je suis le détritus d'une société en croissance. Sage du néant. Je reconnais ne rien savoir sur ce que j'écris. La violence à laquelle je suis soumis doit être étudiée. Je dois étudier de quelle maudite perversion de l'homme on veut me rendre responsable.
Aujourd’hui, parmi les ombres, j’ai été un esclave de mes propres fantasmes. Doucement et d’une voix tranquille, parce que nous commencions à peine, je lui fis remarquer qu’elle avait dit un esclave, ce à quoi elle a répondu rapidement (ce qui n’est pas son habitude) : Oui, dans mon fantasme je me transformais en une surfemme avec des caractéristiques notables volées à plusieurs de messieurs mes patients . J’imaginais que j’avais la fortune incontestable et le bon sens de Romualdo. La fermeté pour défendre mes pensées et mes émotions, le fanatisme d’Ernesto. J’étais capable de jouer ma vie sur une seule carte comme votre patient le joueur dont je ne sais pas encore le nom et en plus, j’étais cruel avec les femmes, en imitant votre propre style avec moi, docteur. Ensuite je marchais sereine dans toute la pièce, habillée en homme, les vêtements étaient tous à vous. Ça oui, je fais toujours attention à votre manière de vous habiller, quand j’entre et que nous nous donnons la main je vous photographie et, ensuite, je l’étudie à la maison. Parfois j’ apparaissait vêtue de votre veste blanche et en petite culotte, d‘autres en pantalon mais avec la braguette ouverte. Dans l’une des figures j’étais toujours habillée en blanc, votre chemise blanche, vos pantalons blancs, vos chaussures blanches, avec le costume qui un jour m’avait provoqué des maux de tête parce que j’avais imaginé que vous l’aviez acheté dans la Voie Venetto accompagné de deux prostituées au moins. Une fois j’apparaissais les pieds nus et avec la cravate de fil que vous a offerte cette patiente qui vit amoureuse de vos vers. Quand je lui ai dit : - Comme vous . il n’y avait aucune assurance dans ma voix. Elle, elle a continué fermement son discours : -Ce que je viens de vous raconter n’est pas la partie la plus importante, ce qui se passait ensuite ça oui c’est extraordinaire. Moi, je sentais, avec tout le poids, avec tout le poids que signifie avoir des connaissances théoriques sur ce que l’on fait, je voulais m’arrêter dans la phrase antérieure qu’elle avait superbement refusée , mais elle, elle voulait continuer et elle m’a vaincu de nouveau. J’ai écouté attentivement ce qu’elle me disait : -Le plus incroyable c’est que soudain, alors que je marchais dans ma chambre sont apparues l’une après l’autre, toutes les femmes de mes désirs, je veux dire, toutes les femmes de tous mes hommes et elles s’inclinaient devant moi, et embrassaient une partie de mon corps et ensuite elles disparaissaient pour laisser passer de nouvelles femmes. - Vous avez imaginé que vous deviez vous transformer en un grand homme pour que votre mère cesse de vous mépriser et vous aime. - Non, docteur, le plus important, le plus incroyable de ce que j’imaginais c’est que toutes les femmes, s’il est vrai qu’elles avaient des corps différents, avaient dans tous les cas la même tête. - La tête de votre mère, lui dis-je, sentant que cette fois-ci elle m’avait laissé mettre le pied sur le bâton, le singe était tombé dans le piège. - Pire, docteur, bien pire, la tête qu’avaient toutes les femmes de mon fantasme étaient la vôtre, docteur, et maintenant, s’il vous plaît, laissez-moi partir. Je préfèrerais arrêter pour aujourd’hui et continuer dans la prochaine séance. Vous me faites pitié, et moi, aujourd’hui je ne me fais pas pitié, c’est terrible , durant tout ce temps vous avez été ma mère, tout ce que nous avons vécu, c’était le voyage du transfert, pauvre petit docteur, pauvre petit… - Je l’ai interrompue pour lui dire qu’elle ne se préoccupe pas tant de moi, que j’avais déjà pensé augmenter mes honoraires. - À combien, docteur –dit-elle désespérée-, ne me jetez pas maintenant juste quand je commençais à vous aimer. Toujours l’argent, toujours l’argent, les hommes sont comme ça, quand on cède un peu, ils vous demandent toujours la même chose, ou la chatte ou le fric, et maintenant qu’est-ce que vous allez vouloir, parce que j’ai reconnu que vous m’aviez bien psychanalysée, vous voulez déjà me faire payer ce que vous faites payer à ces patients à vous qui sont pleins aux as, des fils à maman. Moi je suis poète, artiste, j’ai dans la bouche le feu sacré d’occident, je suis la violence d’une chanson infantile défendant ses droits. Ne me tuez pas, docteur, je vous en supplie. Dites-moi combien ? - J’avais pensé à une augmentation d’un sept pour cent, le même pourcentage que les inscriptions en fac. Qu’en pensez-vous ? - Ce que j’en pense ? Que c’est une cruauté, cent quarante pésètes de plus, chaque fois que je viens vous voir, atroce, ça me semble un abus de pouvoir. - Nous continuons la prochaine fois. Elle, se levant précipitamment du divan, et le problème de l’augmentation. -Nous pouvons laissez tout ça pour la prochaine fois. En s’approchant luxurieusement de moi, elle m’a susurré : -Quelle patience vous avez avec moi, rester en silence, parfois, avec les insanités que je vous dit. -Ne croyez pas –lui dis-je, tandis que je faisait une véronique à son corps et en même temps j’ouvrais la porte du bureau-, parfois je reste en silence non pas parce que j’ai de la patience, mais parce que vous, parfois, vous me faites peur. -Comme vous êtes marrant docteur ! Comme vous êtes marrant ! Et c’est ainsi que nous avons pris congé jusqu’à la prochaine.
Je me suis touché un peu la bite et je me suis souvenu de Clotilde. Elle, elle aimait surtout faire l’amour dans la salle de bains. Elle se déshabillait en silence, tandis que je terminais de me laver les fesses ou de me coiffer ou de me laver les dents. Elle me surprenait toujours en train de faire quelque chose dans la salle de bains. Parfois elle m’apportait un café et nous restions là à converser pendant des heures. Ensuite elle s’accrochait des deux mains au lavabo et elle commençait à murmurer entre ses dents, sans doute pour me rendre fou : -Aujourd’hui par où veux-tu, mon amour. Par où veux-tu ? Et moi je m’approchais comme un nuage, j’entrouvrais avec mes mains ses fesses et un chant parfumé de calandres nous envahissait, et alors, et alors, je faisais comme si je l’enculais et je lui baisais la chatte et ensuite, encore, je faisais comme si je lui baisais la chatte et je l’enculais. Je la trompais toujours. -Nous sommes comme trois mille, mon amour, nous sommes comme trois mille. Et elle avait des orgasmes comme des délires, comme une multitude d’hommes et de femmes dans son corps, en train de faire l’amour. Et elle terminait par s’accrocher à ses propres seins et à embrasser son propre visage dans le miroir. -Tu m’as tué mon amour, tu as mis ma chatte en pièces. Et elle s’asseyait sur le trône pour se reposer. Et soupirant encore : -Tu es un poète génial ! Tu es un poète génial ! Je t’offrirai une machine à écrire –et son visage s’obscurcissait. Évidemment, tu dois déjà avoir une machine à écrire, une autre que moi te l’a sans doute déjà offerte. Et tout en parlant elle mettait sa main entre ses jambes et elle laissait mon sperme tomber dessus et ensuite, elle passait sa main sur tout son visage et elle riait. -Ton sperme fait du bien, il rajeunit. Quand elle était comme ça, moi je lui disais la vérité : -La machine à écrire c’est mon père qui me l’a offerte. -Je ne te crois pas, je ne te crois pas. Et elle s’habillait en toute hâte et à moitié habillée, elle sortait de la salle de bains en criant : -Les hommes sont des fils de putes et moi, je les aime. Je suis Clotilde, celle qui ne cessera jamais de faire l’amour. Des livres, des poèmes, des écrits, des phrases célèbres, je ne sais pas où nous arriverons avec toutes ces saloperies. Clotilde, quand elle terminait de faire l’amour, se sentait libre. -Je veux embrasser une femme sur les lèvres. Berta, Berta, ma chérie, ici, le sperme de mon bien-aimé sur mes lèvres. Embrasse-moi. Et elle montait et descendait les escaliers, en criant : -Jacinto, je veux que tu baises mon amie Berta, je veux que ton ami Alberto brisent mes entrailles. Et elle montait et descendait les escaliers, jusqu’à ce que moi, je me souvienne de l’attitude de mon père envers ma mère dans des situations similaires et je lui donnais deux baffes et elle pleurait un peu et elle partait à la cuisine pour faire un café. En montant les escaliers je lui criais que la vie du couple monogamique est belle et qu’en plus du café elle me fasse un jus d’orange, pour l’occuper un moment de plus dans la cuisine et donner le temps à Berta de me sucer la bite et de se recoiffer, parce que moi, j’aimais lui tirer les cheveux quand elle me suçait. Berta était angélique. Clotilde divine. Entre les deux, pensais-je, parfois, sans rien dire, elles feront de moi un homme ou elles me rendront fou. Et je rêvais à mon oncle Léon et en rêve je me demandait comment c’était possible de satisfaire six femmes à la fois, lorsque, même si avec une je pouvais je me rendais compte que ce n’était pas facile de pouvoir. Clotilde et Berta étaient deux, mais elles étaient une aussi. Elles ne se dérangeaient jamais. toutes les deux avaient décidé de penser que l’autre était un caprice à moi et elles étaient disposées à le supporter. Et pour que je puisse laisser galoper le désir qu’elles m’attribuaient d’avoir une relation différente avec chacune. L’une travaillait les lundis et l’autre les mardis, l’une aimait la nuit et l’autre le jour. L’une écrivait et l’autre peignait. Elles avaient leurs règles à des époques différentes du mois et élevaient leurs enfants à différents moments du jour, et tout cela pour que, quand je rencontrais l’une des deux, je n’ai pas (suivant elles) l’ennui de rencontrer l’autre. Il y avait des jours où le mécanisme fonctionnait d’une manière si parfaite que moi, je prenais deux petits-déjeuners, je déjeunais deux fois à midi, je faisais deux fois la sieste, je faisais l’amour deux fois, et il y eut des après-midi splendides où j’en suis arrivé à faire l’amour deux fois avec chacune, et ensuite deux autres cafés. Et les jours passaient ainsi et j’étais de plus en plus loin de transformer ces deux femmes en deux femmes, pour qu’un jour elles soient entre les six femmes de mon désir. Et elles, elles étaient chaque fois plus près, pour accomplir, malgré la vie qu’elles avaient, le désir d’un homme pour chacune, de me transformer à moi en deux hommes. Parfois la lutte était brutale. À base de raclées, d’insultes, de coups j’arrivais à les enfermer toutes les deux avec moi dans une des chambres. Il y en avait toujours une des deux qui avait ses règles et pas n’importe quelles règles. Des torrents de sang dans toutes les directions. Moi j’allais toujours au front, comme on dit, et il y eut des jours où tous les trois nous finissions par baigner dans le sang. L’autre, ces jours-là, était en deuil, à cause de la mort d’un parent proche. Si personne n’était mort ces jours-là, elle se souvenait de quelque mort de son enfance ou bien de son adolescence. Entre la violence du sang et les sons toujours éternels de la mort, moi je faisais ce que je pouvais. Comme lorsque j’essayais de soulever les valises que soulevait mon père et je pouvais à peine en traîner une avec les deux mains, et de quelques centimètres à peine. Une fois j’ai réussi à ce qu’elles s’embrassent sur la bouche. Je m’en souviens comme si c’était aujourd’hui. Premièrement je me suis assuré que chacune ait dix orgasmes. Les yeux mi-clos, chacune appuya sa tête sur celle de mes épaules qui lui correspondait. Et j’ai mis quinze minutes, à cause de la lenteur de mes mouvements, à caresser leurs têtes et à rapprocher la bouche de l’une de la bouche de l’autre. Et il y eut un instant où ces lèvres se fondaient à cause de la jouissance tant de fois ajournée, et ainsi, au bord de l’extase par le seul fait de s’embrasser, Berta m’a introduit un doigt dans le trou du cul et Clotilde m’a serré les couilles à en hurler. J’ai été heureux, et sentant que j’avais fait le bien je me suis endormi.
ÇA C ‘EST DE LA PUBLICITÉ LES
ÉDITIONS GRUPO CERO L’Ineptie
des vampires » et « Dialogue entre le Fou et le Poète » |